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Sylvan Oxenham: «À l’échelle du monde, nos entreprises sont toutes des PME»

4 août 2016, 10:15

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Sylvan Oxenham: «À l’échelle du monde, nos entreprises sont toutes des PME»

 

Pour Sylvan Oxenham, président de l'Association of Mauritian Manufacturers, les mesures annoncées dans le Budget vont dans la bonne direction pour atteindre l’objectif de la vision 2030 d’augmenter la part du secteur manufacturier à 25 % du PIB. Mais il reste un long chemin à parcourir.

 

Il semblerait que le Budget ait fait la part belle au secteur manufacturier, notamment avec des mesures pour promouvoir la diversification du secteur. Quelle lecture faites-vous de toutes ces mesures ?

Ce que nous retenons surtout au niveau de l’Association of Mauritian Manufacturers (AMM), c’est la réintroduction du Leasing Equipment Modernisation Scheme et l’assouplissement du Tax Credit, qui s’applique désormais à tous les nouveaux équipements et usines sans effet de seuil minimum. Ces mesures vont définitivement dans la bonne direction et vont aussi favoriser la transition vers le numérique. Nous saluons également toutes les mesures incitatives annoncées pour soutenir les petites et moyennes entreprises (PME) de production et celles qui visent à favoriser l’innovation. Il y a encore des niches importantes sur le marché de l’import substitution pour nos PME mauriciennes. Toutefois, n’oublions pas qu’à l’échelle du monde nos industries sont toutes des PME. Voilà pourquoi il est important qu’elles soient également soutenues, car cela a un impact direct sur notre croissance ainsi que sur la création d’emplois. Il s’agit aussi de réduire notre dépendance des produits importés et d’avoir un impact positif sur notre balance commerciale.

Au sujet de l’instauration du Tax Credit, l’achat d’équipements ne représente qu’une partie du coût de l’effort de la modernisation. Il y a aussi l’installation et la maintenance de ces équipements, les nouveaux logiciels afférents, etc. Parfois, nous devons même faire appel à des experts étrangers. Cette partie est tout aussi importante que l’achat lui-même. Nous espérons donc que le gouvernement tiendra compte de la totalité du coût de l’installation dans le Finance Bill.

Êtes-vous satisfait de la part accordée au «Made in Moris» dans le Budget ?

Nous sommes très honorés que le Made in Moris ait été cité lors du discours du Budget par l’État, car c’est une reconnaissance dont on avait besoin pour mieux faire entendre notre cause qui va bien au-delà de l’industrie locale. Nous espérions aussi un support financier du gouvernement afin de poursuivre le travail de développement que nous initions concernant les produits artisanaux et agricoles. Nous allons certainement capitaliser sur le Preference Bill, qui donne l’avantage aux produits mauriciens dans le public procurement. Au niveau de l’AMM, nous comptons créer des ateliers de travail pour voir comment on peut davantage mettre en avant les produits mauriciens dans l’achat public local. Le critère de prix n’est pas suffisant. Il est impératif d’inclure des critères de qualité de nos produits. Par exemple, fraîcheur, traçabilité, goût, mais aussi respect des standards, service après-vente qui peut être assuré à Maurice par les producteurs locaux. Il nous faut aussi travailler avec le secteur public pour une meilleure adaptation de l’offre locale à ses besoins en anticipant sur les grands chantiers d’infrastructures, notamment.

Ces mesures suffiront-elles à booster le secteur conformément à la vision 2030 ?

Il y a définitivement un feel good factor, qui est important pour tout investisseur. Le Budget va dans la bonne direction, mais ce n’est qu’un début. Nous avons encore trois années de ce gouvernement pour améliorer les outils de la politique industrielle. Et aussi pour renouer avec une croissance plus forte du secteur manufacturier afin de tendre vers l’objectif de la vision 2030 (NdlR : augmenter la part du secteur manufacturier à 25 % du PIB). Nous comptons tout mettre en œuvre pour atteindre ces objectifs.

Comment voyez-vous l’avenir du secteur manufacturier local, notamment dans le contexte du Brexit et des nombreuses incertitudes au niveau de l’économie mondiale ?

Nos membres exportent peu vers le Royaume-Uni. Mais il se pourrait que certaines matières premières que nous importons du Royaume-Uni coûtent moins cher en raison de la baisse de la livre sterling. L’impact devrait plutôt être ressenti au niveau touristique.

Au-delà du Brexit, notre plus grande menace reste les produits importés. En dix ans, le rapport de forces s’est inversé sur le marché entre les produits importés et ceux fabriqués localement. Je pense que le précédent de la taxation du sucre à 15 % est très intéressant à ce sujet. Nous voyons bien que quand nos intérêts vitaux sont en jeu, l’État sait prendre les mesures qu’il faut.

En outre, il faut rappeler qu’il est important d’avoir une économie diversifiée afin d’être plus résilient. Et l’industrie locale participe pleinement à cette résilience. Voilà pourquoi on a tout intérêt à la faire grandir.