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Bhadain : «Si je vous parle des motivations de Sanspeur, vous serez effrayé»
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Bhadain : «Si je vous parle des motivations de Sanspeur, vous serez effrayé»
« Je suis triste que je n’ai pas pu ‘deliver’», explique le ministre de la Bonne gouvernance, Roshi Bhadain. Heritage City, son dada, une cité qu’il voulait faire ériger en trois ans seulement ne verra pas le jour. Pourtant il dit avoir lui-même demandé au Premier ministre, lors du Conseil d’hier, d’abandonner l’idée. La raison : Gérard Sanspeur, le Senior Adviser de Pravind Jugnauth, a semé trop de doutes, et Heritage City est «complètement décrédibilisé». «Comment voulez-vous trouver des acheteurs ou encore des clients qui viendront se divertir dans la cité quand on a parlé d’un barrage qui puisse céder et tout inonder ?» lance-t-il. «Je ne peux pas moi assumer cette responsabilité. Voilà pourquoi j’ai demandé au Premier ministre d’abandonner le projet», ajoute-t-il.
Mais l’ironie se voit dans ses yeux, et se confirme dans la série d’interrogations dans laquelle il se lance. «Pourquoi construit-on un barrage au coût de 6 milliards de roupies s’il cèdera ? Pourquoi dans le monde entier, les villes sont-elles construites autour des barrages ? Pourquoi n’évacue-t-on pas les Pays-Bas, qui sont en dessous du niveau de la mer ? Pourquoi construit-on des hôtels en bord de mer s’il y a des risques de tsunami ? Pourquoi croit-on que les 15 millions de mètres cubes d’eau qui dévaleraient toucheraient uniquement Heritage City, en épargnant Ebène, Hermès, le campus universitaire en construction, ou encore la Smart City Hermès ?» Le moteur est lancé. L’homme se met à attaquer le rapport qui a fait la Une cette semaine ; rapport qui a été présenté comme celui de Luxconsult, le consultant qui travaille sur ces terres depuis le projet Highlands de Sithanen. Roshi Bhadain fouille dans ses dossiers et sort un email (voir document ci-dessous). «Voici ce que dit Luxconsult. ‘Nous n’avons jamais vu ce rapport’, écrit Neermal Gowreesunker, le directeur de Luxconsult.»
Pour Roshi Bhadain, tout est évident : c’est Gérard Sanspeur qui a fait circuler ce document et qui l’a présenté comme celui de Luxconsult! Pourquoi Sanspeur voudrait-il faire capoter Heritage City? «J’ai ma petite idée, mais je ne vous le dirai pas», répond sèchement Roshi Bhadain. Mais pour lui, l’attitude de Sanspeur est « inacceptable ».
Ce que Bhadain reproche à Sanspeur
Selon Roshi Bhadain, dès le 22 juillet, soit une semaine avant le Budget, avant même que Gérard Sanspeur ne soit nommé comme directeur sur le board de Heritage City Ltd, celui-ci a écrit au ministère de la Bonne gouvernance pour dire qu’il n’est pas satisfait des avancées et qu’il faut arrêter les paiements à Stree Consult. «De quel droit, alors qu’il n’est qu’un adviser, remet-il en question le choix du Premier ministre ? Ce n’est pas moi qui ai choisi Stree Consulting. Ce n’est pas à moi que l’émir de Dubayy a proposé les services de Stree Consulting. C’est un deal entre SAJ et l’émir de Dubayy.»
Ensuite, selon Roshi Bhadain, Gérard Sanspeur a humilié Saeed Ahmed Saeed, le consultant en chef de Stree lors du conseil d’administration le mardi 2 août, en le questionnant sur l’absence de résultats à une recherche Google sur lui. Pour Roshi Bhadain, c’est encore plus inconcevable «quand on considère que lundi, Saeed Ahmed Saeed a présenté le projet à Pravind Jugnauth, au ministère des Finances, et mardi, SAJ a convoqué tous les ministres pour qu’ils voient le plan de la ville.»
Roshi Bhadain accuse aussi Gérard Sanspeur de mentir, non seulement dans la forme en faisant fuiter un document qu’il présente comme celui de Luxconsult (alors que ce n’est pas le cas), mais aussi dans le fond. Car le document qui a fuité stipule qu’il n’y a pas eu de «due diligence», exercice censé certifier l’expertise de Stree Consulting. Or, assure Roshi Bhadain (voir document ci-dessous), il y en a bien eu.
Le comble selon Roshi Bhadain, c’est que le High- Powered Committee où siègent entre autres Dev Manraj, le secrétaire financier, un représentant du bureau de l’Attorney General, et l’ingénieur et le quantity surveyor du gouvernement a, jeudi 4 août, passé en revue le domaine d’expertise de Stree Consulting et décidé de lui confier les phases 3 et 4 du projet Heritage City !
Enfin au sujet du statut Facebook de Gérard Sanspeur vendredi soir, Roshi Bhadain a été ironique : «Ah bon, il vient me donner des leçons de droit et de Mahabarat ? Il est spirituel en plus !»
Séance questions-réponses
La séance questions-réponses avec les journalistes lors de cette conférence de presse était dominée par cette question : pourquoi Sanspeur s’opposerait-il à Heritage City ? Qu’a-t-il à y gagner ? Roshi Badhain n’a pu, ou plutôt n’a pas voulu, répondre à ces questions. Voici quelques morceaux choisis de cette séance questions-réponses.
Q : Gérard Sanspeur est le Senior Adviser de Pravind Jugnauth, votre leader. Pensez-vous que Sanspeur agisse sous ses directives ?
R : Pravind n’a rien à voir là-dedans. Le secrétaire financier vous dis-je a hier, (NdlR, jeudi 4 août), fait avancer le dossier. On s’est vus lundi au bureau de Pravind avec le consultant. Pravind était là quand le consultant a rencontré tous les ministres. Pravind a budgété Rs 2.7 milliards pour le projet Heritage City ! Que voulez-vous qu’il fasse d’autre ?
Q : Le projet Heritage City nuit-il aux intérêts économiques de quelconques propriétaires terriens, ou promoteurs immobiliers ?
Bien-sûr ! Je ne vous dirais pas qui, mais je le sais. Evidemment que tous ne seront pas contents que l’État ne soit plus locataire pour 1,1 milliard de roupies par an. Evidemment certains voient en Heritage City un concurrent qui vendrait des biens immobiliers à bas prix à la classe moyenne !
Q : Le bureau du KGB va-t-il se mettre en marche pour surveiller Sanspeur qui n’a qu’à bien se tenir désormais ?
Non. Ce ne sont pas dans mes habitudes. Mais je suis triste pour mon pays.
<p><strong>Où en est-on dans les faits ?</strong></p>
<p>- Roshi Bhadain affirme que c’est lui qui a demandé au Premier ministre d’abandonner le projet</p>
<p>- Le communiqué du conseil des ministres ne fait aucunement mention de l’abandon du projet</p>
<p>- Le High- Powered Committee où siège Dev Manraj a décidé, jeudi, de confier les phases 3 et 4 à Stree Consulting après un due diligence</p>
<p>- Roshi Bhadain laisse une fenêtre entrouverte pour la suite du projet : «Nous verrons ce que disent les analyses sur la solidité du Bagatelle Dam et peut-être que j’y réfléchirai»</p>
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