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Coin Idéal: le musée des moeurs…

7 août 2016, 22:12

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Coin Idéal: le musée des moeurs…

Il s’est retrouvé sous le feu des projecteurs cette semaine. Au Parlement, plus précisément. Le Coin Idéal a été évoqué par le leader de l’opposition. Lors de sa Private Notice Question, Paul Bérenger a demandé des précisions au Premier ministre sur l’agression du fils de Tengavel Seerungen, l’adjoint au commissaire de police, actuellement «on leave». Saven Seerungen était, au moment de l’incident, au volant d’une BMW appartenant à l’État, près du «mythique» restaurant, à Rose-Hill. Une bonne occasion de nous y rendre.

Personne ne prononce le nom de cet endroit sans penser à «la vie nocturne», dirons-nous. Au-delà des clichés, le Coin Idéal fait partie de l’histoire de la ville.

Vendredi, 18 heures. La façade du restaurant est illuminée, les portes sont ouvertes. Difficile de ne pas s’y intéresser lorsque la nuit a englouti tous les autres bâtiments autour. Une fois le seuil franchi, on y aperçoit quelques clients attablés autour d’un verre – ou plusieurs – discutant de l’actualité, racontant leur vie.

C’est un repère non pas de bandits, mais «d’habitués», où tout le monde se connaît visiblement, puisque les conversations dépassent les frontières des tables. De temps en temps, un éclat de voix interpelle un «voisin». Les commandes se font de la même manière, à voix haute. Ambiance conviviale jusqu’à l’arrivée de la patronne…

«Nous n’avons rien à dire. Nous n’avons rien à faire avec toute cette histoire», lâche-t-elle, debout derrière son comptoir, en compagnie de son fils. Des bouteilles d’alcool d’ici et d’ailleurs sont rangées à peu près correctement sur des étagères. Dans la dernière rangée, on retrouve celles qui ont pris… de la bouteille. Classées «vintage». Et puis, sous l’épaisse couche de poussière, un champagne de qualité se distingue de ses pairs…

 

 

Une séance de mise en confiance plus tard, la langue de la patronne se délie. Cela fait 40 ans, dit-elle, qu’elle s’occupe du restaurant. Et cela fait plus de 75 ans que le Coin Idéal fait partie du patrimoine familial. Le «menu» proposé aux clients ne date pas d’hier non plus.

Traversant l’espace qui sépare la caisse de la table, ses savates claquant sur le carrelage qui en a vu d’autres, Madame s’installe. Et d’évoquer la «réputation» du restaurant. «Ena tou kalité dimounn vinn kot nou. Ena bann dimounn dé la ot sosiété, ek bann ki bien anba.» Un coup d’oeil à la ronde. Les clients sirotent tranquillement leurs boissons «fortes», s’intéressent au programme des courses, tout en écoutant du Sia sur leur téléphone. Le noeud de cravate se détend…

«Bann lézot, bann séki déklaré-la, ceux qui nous regardent de haut, zot mem ki plis al ar sa bann fam-la!» s’emporte tout à coup la patronne. Justement, ces «fam-la» font-elles partie de sa clientèle? On ne va pas cracher dans la soupe non plus. «Si elles viennent consommer, il n’y a aucun problème. Mé mo pa less zot rantré ek zot zom, zot pa gagn drwa vinn rakolé kot mwa!» D’ailleurs, Madame la patronne interdit aux prostituées de se «pavaner» devant son restaurant.

«La lumière attire les papillons de nuit…»

Pourquoi s’agglutinent-elles à côté de la devanture alors? «La lumière attire les papillons de nuit…» Le soir, le Coin Idéal est le seul restaurant qui reste ouvert jusqu’à tard, dans ce centre-ville endormi. De plus, il y a deux casinos à proximité. «Ces femmes-là savent où se trouve l’argent. Elles lorgnent le porte-monnaie des clients qui ont été chanceux au jeu. Ou ceux qui ont pris un verre de trop…»

D’autre part, poursuit la patronne, l’enceinte de l’église Notre-Dame-de-Lourdes, qui se trouve à quelques mètres, a dû être clôturée car le sacristain devait, tous les matins, débarrasser la cour de préservatifs. «Samem mo pa lé zot trenn-trenn kot mwa. Mé mo pa ena nanien kont zot…» Et qu’en est-il de «l’incident» impliquant le fils de l’adjoint au commissaire de police? En a-t-elle eu vent? Les clients en parlent-ils? «Sa problem kinn arivé là inn passé 2 zer di matin. Kouma ou lé mo konn kitsoz? Mo pa koné kouma nom mo restoran inn associé a sa!»

C’est que la patronne a d’autres chats à fouetter. Surtout que la gestion entourant le Coin Idéal n’a pas été de tout repos. «Ah sa, enn liv kapav ekrir lor la!» Entre les propriétaires qui souhaitaient démolir tout le pâté de maison, les racheteurs qui voulaient les évincer, d’autres propriétaires peu commodes et une interdiction d’exercer ayant duré six mois, la famille est finalement parvenue à sauver «son» coin. «Il y a eu des heures interminables de négociations et une énorme somme à payer, mais nous en sommes finalement devenus propriétaires.»

En guise de conclusion, elle nous montre une aquarelle dépeignant le Coin Idéal tel qu’il était il y a quelques décennies. Elle précise qu’elle a des plans futurs pour l’établissement. Mais il faudra attendre, peut-être autour d’un verre, pour en savoir davantage…

Qu’en pensent les prostituées ?

<div><img alt="" height="250" src="/sites/lexpress/files/images/article/2016/2016-08/2016-08-07/pute-floute-visage-svp-done.jpg" width="200" /></div>

<p>Elle a 46 ans. Et, Marianne fait le trottoir depuis qu&rsquo;elle a 14 ans&hellip; Son point de repère: le Coin Idéal. <em>&laquo;Ena problem isi, sirtou avek bann zenn&hellip;&raquo;</em> Des jeunes prostituées, qui auraient un penchant pour la drogue et qui, de ce fait, <em>&laquo;pa donn bann klian seki zot bizin&raquo;.</em></p>

<p>Celles-ci se baladeraient avec leurs proxénètes, qui s&rsquo;occupent, eux, de détrousser les clients&hellip; <em>&laquo;Mo oussi mo drogué mé mo pa pran bel dose. Nou ti trankil isi, aster zot finn vinn atir latension lapolis lor nou&hellip;&raquo;</em> Quid de l&rsquo;incident impliquant le fils de l&rsquo;adjoint au commissaire de police? <em>&laquo;Mo pa anvi koz lorla.&raquo;</em></p>