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Dr Kailesh Jagutpal: «Des étudiants de certains pays sont recalés dès l’internat»
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Dr Kailesh Jagutpal: «Des étudiants de certains pays sont recalés dès l’internat»
L’annonce a créé un choc dans le milieu médical. À partir de janvier 2017, les étudiants devront étudier dans des institutions listées par le Medical Council. Une liste qui fait polémique et sur laquelle s’explique le Dr Jagutpal.
Le Medical Council (MC) est sous les feux des projecteurs depuis la publication de la liste des universités qui pourront dispenser des cours de médecine. Comment justifiez-vous cette décision?
Il faut avant tout comprendre pourquoi nous en sommes arrivés là. Un aspirant médecin part étudier dans un pays étranger. Une fois rentré, il s’enregistre auprès du MC. Quand il s’inscrit, il y a deux possibilités: il a déjà fait l’internat ou pas encore. Si son université est enregistrée auprès du MC et qu’il a déjà fait l’internat, on lui donne sa licence. Si ce n’est pas le cas, il devra faire un internat de 18 mois.
Il y a 20 ans, il n’existait aucun moyen de s’assurer qu’un aspirant médecin détienne les compétences requises. Certains n’avaient pas le niveau. C’est à partir de là que le système d’examens a été appliqué. Il y a eu des évaluations, mais jugeant que ce n’était pas suffisant, le MC a introduit un examen. Des médecins n’arrivent pas à réussir les examens. Il y a donc un problème à la source. Voyez à l’étranger, l’Angleterre et le Canada n’acceptent pas le diplôme mauricien. Ils ont leur propre système d’examen. À Maurice, nous n’en avons pas. Qu’est-ce qu’on peut faire ? On peut guider les aspirants médecins vers des universités recommandées.
Que se passe-t-il pour ces Mauriciens qui vont étudier dans des universités non listées ?
Plus de 3 000 institutions supérieures dans le monde dispensent des cours en médecine. À peu près 480 sont enregistrées au MC. Un Mauricien peut choisir d’étudier dans une université non listée. Nous ne pouvons donner de licence dans ce cas. Quand il rentre au pays, le MC enclenche des procédures pour que l’université soit accréditée, qui peuvent prendre plus d’un an. Pendant ce temps, l’étudiant ne peut travailler. Nous demandons des documents. Si nous ne sommes pas satisfaits ou s’il manque des informations, nous ne donnons pas l’accréditation. Cela veut dire que l’étudiant a fait un diplôme qui ne sert à rien.
Sont-ils nombreux ?
Quatre ou cinq. C’est une détresse pour les étudiants. D’où la volonté du MC de les guider avant d’entreprendre leurs études.
La liste a été basée sur le Quacquarelli Symonds (QS) Ranking. Pourquoi avoir choisi ce système ?
La liste a été travaillée par un comité. Elle a été consultée mais les médecins se sont aussi basés sur d’autres références. La réalité à Maurice a été prise en considération. La formation doit être continue. Après les études, un aspirant médecin rentre, fait son internat et cela s’arrête là. Nous n’avons pas de teaching hospitals. Dans certains pays, après l’obtention du diplôme, le médecin continue sa formation dans un département, ce qui l’amène vers la spécialisation. Chez nous, c’est différent. C’est pourquoi il faut s’assurer que la personne a toutes les compétences de médecin généraliste.
La liste ne contient pas d’universités reconnues telles que l’Université d’Oxford. Expliquez-nous.
Des universités sont affiliées à d’autres institutions. Par exemple, l’Université de Maurice (UoM) est autorisée à donner des cours de médecine. Plusieurs autres établissements sont affiliés à l’UoM : le SSR Medical College et la Faculté de médecine de Bordeaux. Le fait que l’UoM soit sur la liste veut dire que les institutions affiliées le sont aussi.
Aucune université ukrainienne ou russe ne figure, alors que ces deux pays ont, pendant longtemps, accueilli des Mauriciens. Pourquoi avoir exclu ces pays ?
Le comité qui a rédigé la liste s’est basé sur des critères spécifiques: la qualité, la réputation et la formation. À aucun moment, nous nous attendions à ces réactions.
Cela veut-il dire que les universités russes et ukrainiennes n’ont pas un bon niveau?
Il est difficile de commenter la qualité d’une université. Nous n’avons pas adopté d’approche d’exclusion. Nous avons plutôt recommandé certaines universités. Nous avons des examens. À quoi cela sert-il d’aller étudier dans une université et rentrer pour échouer aux examens du MC ? Nous ne pouvons encourager ces pratiques. Nous voulons recommander des universités où les médecins sont sûrs d’avoir un bon niveau.
Des lacunes ont-elles été notées en ce qui concerne ces universités ?
Prenons les évaluations durant l’internat. Nous avons noté que des étudiants ont des difficultés et sont recalés. Je ne citerai pas de noms, mais c’est sûr qu’ils ont étudié dans certains pays…
Des incidents diplomatiques ont été évoqués dans cette affaire…
À aucun moment nous n’avons subi de lobbies. Regardez Singapour et l’Inde, seulement quelques universités sont listées. Il n’y a jamais eu d’incidents diplomatiques.
Concrètement, à partir de 2017, les Mauriciens devront faire leur formation médicale dans les universités qui figurent sur la liste…
Quelles sont les implications ? S’ils veulent pratiquer la médecine à Maurice, oui. Les 480 universités déjà enregistrées n’ont pas été «deregistered». Il y aura des procédures à suivre.
Parlez-nous du Continuous Development Program (CPD) pour les médecins, qui entre en vigueur ce mois-ci. Comment fonctionne-t-il ?
La profession médicale fait face à des défis. La technologie, de nouvelles maladies, etc. Il faut un engagement sérieux pour connaître les changements. Récemment, il y a eu deux cas d’empoisonnement au monoxyde de carbone. Déjà, les médecins ont pu suivre une formation sur ce sujet.
Nous avons mis sur pied un CPD committee. Une vingtaine de CPD providers, des institutions qui proposent des formations aux médecins, sont venus vers nous. Afin que leur licence soit renouvelée chaque année, les médecins devront accumuler 12 points en faisant des formations continues. Pour cette année-ci uniquement, ils devront accumuler cinq points.
S’ils n’arrivent pas à obtenir 12 points en un an ?
Ils devront faire une demande pour renouveler la licence. Si un médecin n’obtient que huit points, le board devra décider s’il peut lui donner une période additionnelle de trois mois pour accumuler les points manquants.
Quel accueil le CPD a-t-il eu?
Très positif ! Les médecins sont très enthousiastes de même que les Service Providers.
Vous semblez vraiment décidé à faire évoluer la profession médicale…
Oui nous tenons à cœur la santé de la population. Nous voulons laisser un héritage aux médecins, préparer les futurs médecins et nous retrouver sur le plan international. Je voudrais aussi faire un appel à la presse, de ne pas traiter des cas de négligence médicale alléguée comme un fait établi. Cela décourage les médecins et influence l’opinion publique. Il faut attendre les conclusions d’une enquête.
La TEC sollicitée
<p>La liste des institutions vers lesquelles les Mauriciens doivent se tourner afin d’étudier la médecine continuent à faire des mécontents. Plusieurs parents d’étudiants qui projettent d’entreprendre des études dans des institutions ne figurant pas dans la liste compilée par le Medical Council ont fait part de leur désapprobation à la <em>Tertiary Education Commission</em> (TEC). C’est ce qu’avance une source officielle siégeant au board de la commission. Selon notre source, les parents souhaitent que les membres du conseil d’administration de la TEC interviennent afin que des institutions d’autres pays, tels que la Russie et l’Ukraine, soient incluses dans la liste. L’exclusion des universités de ces «pays amis» avait déjà soulevé un tollé au sein du board de la TEC et même du côté de la Medical Health Officers Association. Toutefois, du côté de la TEC, on laisse entendre que la décision d’alterner la liste revient uniquement au Medical Council. «<em>On est d’avis que le Medical Council a précipité les choses», confie notre source. «La liste a été finalisée sans une quelconque consultation. Mais on ne peut qu’attirer son attention à ce sujet. La décision finale lui revient</em>.» De ce fait, la commission n’adressera aucune lettre officielle au Medical Council pour faire part de la désapprobation des parents.</p>
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Khooshund Ramlugun, professeur en vertébrologie: «Les universités russes ne sont pas inférieures»
<p>Il n’a voulu suivre les autres médecins aspirants qui optent pour les grandes universités de médecine en Europe. Kushal Ramlogun, a, lui, préféré mettre le cap sur la Russie. C’est en 2002 qu’il rejoint le People’s Friendship University of Russia (NdlR : 4 QS stars et 601-650 QS World University Rankings, selon le site web de l’université) pour des études de médecine générale. Ils sont 210 à s’y être inscrits. Selon ce professeur en vertébrologie, c’est la première université autonome en Russie, avec 19 facultés dont une dédiée à la médecine. «L’université est en compétition avec d’autres universités européennes pour se classer au top du classement», confie-t-il.</p>
<p>En 2009, le professeur retourne à Maurice et fait son internat aux hôpitaux Victoria et Dr A. G. Jeetoo pendant deux ans. Et en 2011, il reçoit une bourse de trois ans pour une spécialisation en Orthopaedics and Traumatology. Puis, de 2013 à 2016, Kushal Ramlogun entame son doctorat en chirurgie du rachis. Durant ses années d’études de la colonne vertébrale, il se familiarise avec quatre branches, dont la malformation, le dégénératif, le traumatisme et l’oncologie. «<em>Je viens de terminer mes études en vertébrologie. Je suis le seul à Maurice à l’avoir fait. Je suis à présent un complete surgeon</em>», affirme-t-il.</p>
<p>Son choix d’études en Russie, le professeur Ramlogun ne le regrette pas. D’ailleurs, pour lui, «<em>la Russie est le meilleur pays pour les études de chirurgie. C’est une nouvelle filière. La Russie est très avant-gardiste dans ce domaine</em>.». Il explique que le système d’éducation est différent et qu’il a eu l’opportunité de participer à des opérations quotidiennement dans divers hôpitaux. «<em>Il y a beaucoup de travaux pratiques en Russie.On pratique sur des cadavres.Nous en revenons en tant que chirurgiens qualifiés</em>.»</p>
<p>Du coup, il ne comprend pas la décision du Medical Council d’enlever les universités de Russie de la liste de 2017. «<em>C’est décevant. Le niveau d’éducation en général est élevé en Russie. J’ai fait des stages dans plusieurs institutions médicales en France, et j’ai constaté que les universités russes ne sont pas inférieure</em>s», lance-t-il.</p>
<p>Kushal Ramlogun compte retourner au pays à la fin de l’année, diplôme en poche, afin de mettre ses compétences acquises au service des patients mauriciens qui, selon lui, sont nombreux à souffrir de la colonne vertébrale. Or, il craint de ne pouvoir exercer. «<em>Ce département n’existe pas», concède-t-il. Pourquoi alors avoir choisi cette filière ? «J’ai poursuivi mon rêve. Je m’at- tendais à ce que Maurice se développe dans ce domaine. Mais il est toujours à la traîne. Les opérations de la colonne vertébrale se font à l’étranger et sont coûteuses</em>», déplore-t-il.</p>
Arvin Mahadoo, spécialiste en chirurgie pédiatrique: «60 % des médecins à Maurice ont étudié en Russie»
<p>C’est en 1999 qu’Arvin Mahadoo décide de poursuivre des études en médecine. Ses cours, d’une durée de sept ans, incluent une année d’apprentissage de la langue russe. Une fois les études terminées, il fait un internat de deux ans à l’hôpital Dr A. G. Jeetoo. Après des examens en 2009, il s’enregistre en tant que Medical Health Officer. Il rejoint, par la suite, l’hôpital Victoria. Quatre ans plus tard, il obtient une bourse pour poursuivre des études en chirurgie pédiatrique. Et c’est en septembre qu’il terminera ses études.</p>
<p>«D<em>ans notre système de santé, 60 % des médecins ont étudié en Russie», </em>lâche Arvin Mahadoo. D’ailleurs, il précise que 70 autres Mauriciens ont également complété leurs études de médecine en même temps que lui, en 2006. Et quand il a intégré le monde du travail, plus de 300 médecins étaient employés dans le secteur public.<em> «La plupart de nos médecins ont étudié en Russie. Il n’y a aucun problème dans le fonctionnement de notre système de santé</em>», fait-il comprendre.</p>
<p>Le spécialiste en chirurgie pédiatrique trouve aberrant que les universités en Russie et en Ukraine ne soient pas reconnues par le Medical Council. «<em>Ces universités suivent les normes européennes. Il y a constamment des échanges entre les universités européennes et celles de Russie</em>», fait-il ressortir. Selon Arvin Mahadoo, dans cette liste, de nombreuses universités dans d’autres pays ne sont pas reconnues par le Quacquarelli Symonds, le classement des universités. «<em>Est-ce que le</em> Medical Council <em>va enlever toutes ces universités de sa liste ?</em>», s’interroge-t-il.</p>
<p>Le Dr Mahadoo souligne que la Russie offre beaucoup de travaux pratiques aux étudiants. «<em>Partout dans le monde, les étudiants en médecine pratiquent sur des mannequins. En Russie, les aspirants médecins utilisent des cadavres. Sans cela, on ne réussit pas l’examen pratique</em>.» Pour lui, il n’y a aucun doute, les universités en Russie ont un bon niveau d’éducation et de nombreux consultants et grands spécialistes connus à Maurice ont poursuivi leurs études en Russie.</p>
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