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Rapport de l’observatoire national de la drogue : des travailleurs sociaux «alarmés» et «remontés»
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Rapport de l’observatoire national de la drogue : des travailleurs sociaux «alarmés» et «remontés»
Des quatre décès survenus de janvier à mai 2016 et liés à la consommation de la drogue, aucun n’est directement lié aux drogues de synthèse. C’est ce que révèle le premier rapport de l’Observatoire national de la drogue, déposé à l’Assemblée nationale par le ministère de la Santé hier.
Cet observatoire mis sur pied en novembre dernier vient soutenir ce qu’a toujours clamé haut et fort le ministre Anil Gayan. Ce, alors que les organisations non gouvernementales ne cessent de tirer la sonnette d’alarme sur la situation des drogues de synthèse dans le pays.
D’ailleurs, hier, après avoir pris connaissance du rapport, Kunal Naik, du Collectif Urgence Toxida, dit alarmé par ce constat : «Le fait de dire qu’il n’y a eu aucun mort lié à la drogue synthétique m’a fait tomber des nues. Je ne suis peut-être pas expert médical mais il suffit de lire les journaux pour connaître le nombre de jeunes qui meurent tous les jours. D’où mon étonnement face à ce qui a été dit dans ce rapport.»
Ally Lazer, travailleur social, va plus loin : «Je suis animé d’un sentiment de révolte. En tant que travailleur social qui a côtoyé tant de personnes qui ont souffert à cause de ce fléau, je reste pessimiste pour l’avenir du pays, des générations futures. Je ne sais pas comment on va faire pour combattre ce fléau.»
Les informations du rapport ont été évoquées par le Premier ministre durant la tranche de questions qui lui est consacrée et par Anil Gayan pendant les questions parlementaires. Le rapport de 61 pages note également que 17 personnes ont laissé la vie après avoir consommé de la drogue en 2015. Sans préciser de quelles drogues elles sont mortes.
L’observatoire qui consacre tout un chapitre aux drogues de synthèse constate que celles-ci ont fait surface à Maurice en 2013. Il cite le cannabis synthétique, qui se décline sous différentes appellations. Soit le Black Mamba, C’est pas bien, Wasabi, Strawberry ou encore Bat dan latet, entre autres.
Par contre, la recrudescence de cette drogue se confirme dans le rapport de l’observatoire. Celui-ci se fonde sur les résultats des analyses des échantillons envoyés au Forensic Science Laboratory par la police et la Mauritius Revenue Authority (MRA). De quatre tests concluants en 2013, ce chiffre est passé à 29 en 2014, 101 en 2015 pour atteindre 109 pour les six premiers mois de l’année.
Le nombre d’admissions dans les centres de santé va aussi dans le même sens. Des 515 admissions dans des institutions de santé publique relatives à des problèmes de drogue l’année dernière, 131 cas, soit 25 %, sont liés à des cas suspects de drogue de synthèse alors que ceux liés au cannabis s’élevaient à 54. Des 435 admissions enregistrées de janvier à juin 2016, 189 cas, soit 43 %, sont suspectés d’être liés à la consommation de drogues synthétiques, alors que 63 cas font suite à la consommation des opiacés et 31 cas au cannabis.
Pour ce qui est de l’âge de ces patients, 2 % ont moins de 15 ans, 76 % ont entre 15 et 29 ans, et 22 % sont âgés de 40 ans à monter. Comment reconnaît-on un patient qui a consommé de la drogue de synthèse ? L’observatoire révèle que les médecins dans les hôpitaux se basent «généralement» sur les antécédents des patients plutôt que sur le prélèvement urinaire ou sanguin.
DES ÉCOLES TOUCHÉES
Toujours à ce chapitre, le rapport précise que la drogue a bel et bien infiltré le milieu scolaire. En 2015, 56 % des cas rapportés sont liés au cannabis alors que 39 des 45 cas rapportés durant les six premiers mois de cette année impliquent des élèves soupçonnés d’avoir consommé de la drogue synthétique. Parmi ces 39 élèves, 32 sont issus du même établissement scolaire.
D’où proviennent ces drogues de synthèse ? La réponse, selon l’observatoire, est la poste. C’est bien au Parcel Post Office sis à la poste centrale à Port-Louis que la MRA a saisi 66,4 grammes de drogue synthétique durant le premier semestre de l’année contre 292,5 grammes en 2015.
De son côté, l’Anti-Drug and Smuggling Unit a arrêté 26 personnes pour trafic et 56 autres pour possession de drogue de synthèse de janvier à la mi-juin. Les chiffres étaient de 28 pour trafic et 75 pour possession de ces substances en 2015.
EN CHIFFRES
<p>Selon le rapport, de la drogue d’une valeur marchande de Rs 271,6 millions a été saisie par la MRA du 1er janvier 2015 au 30 juin 2016. Le pourcentage d’hommes détenus et condamnés pour des délits de drogue a reculé en 15 ans. Il a chuté de 29 % en 2001 à 9 % à juin 2016. Quinze collèges d’État et trois autres du privé ont été impliqués, soupçonnés d’être liés à des cas de consommation de drogue dans l’enceinte des établissements. Au 30 juin, 109 personnes, dont sept femmes, se sont inscrites pour le traitement au Suboxone ; 93 % ont complété le traitement, 67 % se sont abstenues des opiacés et 74 % ont été employées. Au total, 225 nouveaux patients ont reçu des soins à l’hôpital Brown-Séquard pendant les six premiers mois de l’année. Durant toute l’année de 2015, ce chiffre était à 292.</p>
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