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Devika Bhonoo, celle qui transforme le patole en petites bestioles
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Devika Bhonoo, celle qui transforme le patole en petites bestioles
Au Morne. L’ambiance est loin d’être triste en ce jeudi soir. Surtout du côté de la case en tôle de Devika Bhonoo. Les chiens – et ils sont plusieurs dans la pénombre – sont aux abois. Mais ils ne sont pas les seuls à tenir compagnie à cette petite dame de 58 ans. La basse-cour comprend des canards, des lapins, mais aussi des animaux en… Patole.
Des objets artisanaux, Devika en fabrique depuis qu’elle est enfant. «Papa kinn donn mwa sa bann lespri-la.» L’imagination et l’envie d’indépendance ont fait le reste. «Bizin travay pou gagn ti lavi-la. Mari inn kité dépi lontan. Ti sey refer ménaz mé pann marsé. Mo bien ek mo tifi ek mo ti zanfan, nou pa bizin personn…»
Le réveil de Devika sonne à 5 heures chaque matin. Après avoir nourri ses animaux – en chair et en os ceux-là –, elle s’occupe de ses légumes, cueille ses patoles. À 9 heures, elle se met à créer. «Bizin les patolla sek pandan enn mwa. Lerla tir so lagrin, lerla kapav travay li.» Sous les mains expertes de Devika, naissent des paons, des cochons, des mangoustes, des singes. La colle, le fil, l’aiguille et la dextérité font le reste. Une couche de vernis vient parfaire chaque pièce.
Ses animaux «en patole», la géniale quinquagénaire les vend, aux touristes et aux Mauriciens, à Rs 200 pour les plus petits, à Rs 500 pour ceux qui ont nécessité plus d’heures de travail. Le chiffre d’affaires est-il dans les choux ? Parvient-elle à mettre du beurre dans les épinards à la fin du mois ? «Mo pa konté par mwa. Éna zour kapav gagn Rs 2 000 éna zour pa gagn narnié.»
Pour s’en sortir, Devika pratique aussi une autre activité. «Mo frot lédo, dres lérin, kan gagn douler tousala.» Pour un massage à l’ancienne, il faut débourser entre Rs 200 et Rs 500 pour «dres lékor net».
Pour se détendre à son tour, elle va «chaké» avec ses copines du club de troisième âge. Même si, du temps libre, elle n’en a pas beaucoup. Parce que, quand elle ne travaille pas, Devika travaille encore. «Mo ousi fer bann zafer an rotin.»
Son but désormais : faire en sorte que son petit business prenne véritablement son envol, attirer plus de clients. Histoire d’accomplir son rêve de toujours, qui est de construire une petite maison en dur. «Mo pou rési», affirme-t-elle avec conviction. Pour cela, elle pourra compter sur sa volonté de fer. Et son moral d’acier.
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