Sans-gêne. Ce qualificatif provient du président du conseil d’administration du National Heritage Fund (NHF), Yannick Cornet, concernant l’acte de vol et de vandalisme commis sur le vieux pont de Bain-des-Négresses, à Souillac. «Les voleurs de pierres taillées n’ont pas de pudeur», s’insurge-t-il, commentant ce nouveau vol de pierres ouvragées.

Le pont de Bain-des- Négresses est classé patrimoine national. Des pierres de taille, faisant partie de sa structure, ont été emportées sur plusieurs mètres, à ses deux extrémités. «Nous avons été alertés, jeudi,et le lendemain, vendredi 12 août, une plainte a été déposée à la Criminal Investigation Division de Souillac.»

C’est Owen Griffiths, directeur de La Vanille Nature Reserve, qui a constaté ce vol, jeudi. Il a tout de suite alerté les autorités, dont le conseil de district de Savanne. «Je suis aussi entré en contact avec Union Sugar Estate car une des routes qui permettent d’avoir accès à ce pont passe sur les terres de cette propriété sucrière. Les dirigeants se sont montrés très coopératifs, indique-t-il. Une autre route, qui y mène, est bloquée par de grosses pierres. À mon avis, les voleurs ont eu accès au pont grâce à un camion, en passant de l’autre côté, sur les terres de l’Union Sugar Estate. Il faudrait aussi contrôler cet accès.» Selon Owen Griffiths, les pierres du pont ont été emportées sur dix mètres d’un côté et sur cinq mètres de l’autre. «À ce rythme, en une semaine, c’est tout le pont qui risque de disparaître.»

Second cas de vol

Que peut le NHF contre ce type de vol ? Yannick Cornet soupire, résigné : «À part aller à la police et sensibiliser la population… pas grand-chose. Il faut réfléchir à de nouvelles lois pour restreindre ces voleurs. Malheureusement, toute la population n’a pas encore compris la valeur du patrimoine.» Il tempête : «Éna dimounn pé anvi fer grandioz kot zot, zis pou lizié lézot dimounn.» Il condamne ainsi la demande qui existe sur le marché pour des pierres taillées. Ce qui encouragerait les voleurs.

Le pont de Bain-des-Négresses, situé à proximité de champs de canne, ne serait pas très fréquenté. Il se trouve sur des terres privées et enjambe la rivière éponyme. Pour Owen Griffiths, défenseur de la nature et du patrimoine, il est important de réagir sur ces déprédations. «Ce qui s’est passé au Batelage récemment m’a touché», dit-il.

En effet, les ruines d’un bâtiment en pierre ont été démolies et des banians coupés en juin dans cette région de Souillac. Yannick Cornet déplore, lui, le second cas de vol concernant le patrimoine, cette année, après celui commis au Moulin à Poudre, à Pamplemousses, où des pierres taillées avaient été emportées sur une distance de 120 mètres.