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Protection des mineurs : après l’agression de son bébé, il perd la garde de ses enfants

21 août 2016, 09:23

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Protection des mineurs : après l’agression de son bébé, il perd la garde de ses enfants

 

Pour Vishal Jededdu (photo), la semaine qui se termine a  été un calvaire. Le  15 août, jour férié, son bébé de 10 mois a été agressé au couteau par son épouse Varsha qui, ellemême, s’est retrouvée à l’hôpital Brown-Séquard pour ces faits. Et vendredi, ses deux autres enfants lui ont été retirés et ont été envoyés séparément en foyer. Si du côté des autorités on explique que c’est la sécurité des enfants qui prime, Vishal Jededdu, que nous avons rencontré, se dit prêt à se battre pour les récupérer.

«Ma femme n’est pas un bourreau. Elle n’est ni méchante, ni dangereuse», ne cesse de répéter ce père de famille de MontagneLongue. Le 15 août, son bébé a été admis à l’hôpital du Nord. Il avait des blessures superficielles que sa mère lui avait infligées avec un couteau. Tout le monde s’est demandé ce qui avait bien pu pousser une maman à agir de la sorte. Mais pas Vishal. Il sait, lui, qu’elle souffre de troubles psychiatriques et peut perdre le contrôle de ses actes. «Ma femme avait été violée lorsqu’elle avait neuf ans. Akoz samem li koumsa. Sa lepok-la, pa ti ena sikolog tousala.»

C’est l’argument qu’il met inlassablement en avant pour faire comprendre qu’elle ne savait pas ce qu’elle faisait lorsqu’elle s’en est prise au nourrisson. Et d’ajouter qu’en tant que maman, elle s’est toujours démenée pour ses enfants, malgré ses problèmes. «Mo ban zanfan pa mank manzé. Zot ena plas pou zoué, zot pa  gagn baté.»

En ce lundi fatidique, c’est un appel de la Child Development Unit (CDU) qui a déclenché la crise. «Souvan mo belser telefonn banla pou narien. Mo madam inn ankoler kan CDU inn telefonn li», dit Vishal. Nous apprenons ainsi que dans le passé, l’aînée a été placée en foyer pendant plus d’un an. «Mo madam ti kit li lor bistop. Sak fwa li koumsa ; li pa kone ki li fer. CDU ti pran mo tifi byen, zot inn retourn mwa li pagli», lâche notre interlocuteur, en larmes. À son retour du foyer, allèguet-il, l’enfant avait «perdi latet». Depuis, il craint cette unité du ministère de l’Égalité du genre et du développement de l’enfant comme de la peste.

Mais la CDU, elle, veille au grain. Elle a pris en charge le nourrisson, dès sa sortie de l’hôpital, le plaçant dans un centre d’accueil spécialisé. Et après une enquête, les officiers ont aussi emmené les deux autres enfants de Vishal, âgés de six et huit ans respectivement. Un ordre de la cour a été émis en ce sens.

«Mo ti kasiet zot kot mo belmer pou banla pa vinn pran zot, mé finalman, monn oblizé separ mwa dé zot.» S’il a un droit de visite tous les 15 jours, il regrette que les enfants ne soient plus ensemble. «Zame zot inn séparé.» La mère de Vishal, qui habite avec lui, s’était même proposée de prendre les enfants sous son aile mais la CDU n’a rien  voulu entendre.

Une source à la CDU qui s’est occupée de ce dossier affirme que tout a été fait dans l’intérêt des enfants. «On ne sépare jamais les enfants de leurs parents de gaieté de cœur. Déjà, la maison où ils habitaient était insalubre. Il faut que la famille se reprenne en main avant de pouvoir récupérer les enfants.»

Comment fonctionne la CDU ?

<p>La CDU a une hotline et dépêche des officiers sur place dès qu&rsquo;elle reçoit un appel. La police est sollicitée si le cas le requiert. Mais le retrait d&rsquo;un enfant de son environnement familial n&rsquo;est pas la solution première. &laquo;Dans la mesure du possible, nous essayons de voir si l&rsquo;enfant peut être placé chez un membre de la famille&raquo;, explique un officier de la CDU. Mais la mère de Vishal s&rsquo;est bien proposé de prendre les enfants ? Dans ce cas précis, souligne le fonctionnaire, une enquête a déterminé qu&rsquo;elle n&rsquo;était pas apte à le faire.</p>

<p>La CDU, précise-t-il, fait de son mieux pour placer frères et sœurs au même endroit, mais malheureusement, cela dépend de la disponibilité des places. Ainsi, les trois enfants de Vishal Jededdu sont séparés. Et seront-ils bientôt réunis ? Rien n&rsquo;est moins sûr, car si un ordre de la cour est nécessaire pour retirer les enfants de la garde de leurs parents, il en est de même pour les faire transférer d&rsquo;un foyer à un autre.</p>

<p>Les foyers ne sont pas l&rsquo;unique solution. Le ministère de tutelle et la CDU travaillent actuellement en vue de faciliter les démarches pour les familles d&rsquo;accueil. &laquo;Toutes les démarches administratives seront dépoussiérées et une campagne de sensibilisation sera organisée&raquo;, fait savoir le ministère. La durée de l&rsquo;accueil varie entre trois mois et deux ans, mais dans la plupart des cas, les familles d&rsquo;accueil adoptent l&rsquo;enfant.</p>

<p>Vishal et Varsha peuvent-ils espérer vivre à nouveau avec leurs enfants ? Oui, mais à certaines conditions. Les parents seront suivis par des psychologues jusqu&rsquo;à ce qu&rsquo;ils soient jugés aptes à récupérer leurs enfants. Vishal devra aussi être en mesure d&rsquo;offrir un environnement salubre à sa famille et devra, pour cela, rénover sa maison.</p>