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Trilochun risque une arrestation à sa descente d’avion

22 août 2016, 22:20

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Trilochun risque une arrestation à sa descente d’avion

L’avocat Kailash Trilochun sera-t-il arrêté à son retour à Maurice ? Les enquêteurs du Central Criminal Investigation Department (CCID) l’interrogeront à sa descente d’avion, prévue le samedi 27 août. Ils auraient déjà émis un notice of arrest upon arrival contre lui.

L’homme de loi se trouve à Cape Town, en Afrique du Sud, où il s’est rendu, jeudi, à 9 h 40, à bord du vol MK 843 d’Air Mauritius. Le CCID s’intéresse de près à l'homme de loi dans le cadre de l’agression de Bhanoodutt Beeharee, le président du conseil d’administration de l’Information and Communication Technologies Authority (ICTA).

Me Kailash Trilochun a été incriminé comme étant le commanditaire présumé de l’agression. Son nom a été balancé à la police par Désiré Candahoo, 42 ans, un habitant de cité La-Cure. Selon la déclaration de ce suspect, il aurait reçu Rs 10 000 de Me Trilochun pour commettre cette agression, somme qu’un récidiviste de Moka lui aurait remise. Une accusation provisoire d’assault with premeditation est retenue contre le quadragénaire.

Trois mois d’enquête

C’est après presque trois mois d’enquête sur le terrain que les hommes du CCID, sous la supervision de leur nouveau chef, l’assistant commissaire de police Devanand Reekoye, ont appréhendé Désiré Candahoo mercredi. Ce suspect, soumis à un interrogatoire serré, a avoué sa participation à l’agression du président du conseil d’administration de l’ICTA.

Avec moult détails, il a relaté comment il aurait été sollicité par Me Trilochun, en ces termes : «Éna enn travay, to bizin fer sa travay-la». Selon Désiré Candahoo, l’agression serait due à un retard de paiement d’honoraires. Nous avons appelé Me Trilochun dimanche mais il est resté injoignable.

Coups de cutter au visage

Dans sa déposition, Désiré Candahoo explique qu’il aurait pris Bhanoodutt Beeharee en filature pendant quatre jours avant de passer à l’acte le jeudi 26 mai. Ce jour-là, peu avant 16 heures, le président du conseil d’administration de l’ICTA s’apprêtait à récupérer son véhicule dans une aire de stationnement à la rue Brabant, Port-Louis, quand il a reçu des coups de cutter au visage.

Désiré Candahoo était alors accompagné d’un proche. Ce dernier, connu des services de police, habite également Cité-la-Cure. Les enquêteurs veulent l’interpeller pour le confronter avec la version de Désiré Candahoo, en attendant l’arrivée de Kailash Trilochun. Une Toyota Bull Dog, dont Désiré Candahoo est le propriétaire, a été examinée par des éléments du Scene of Crime Office vendredi après-midi. Cette enquête, qui est suivie de très près par le bureau du Premier ministre, est menée discrètement par des enquêteurs du CCID.

Me Kailash Trilochun a perçu Rs 19 millions comme honoraires pour un procès opposant l’ICTA à Emtel. Ce montant a choqué de nombreuses personnes, dont le Premier ministre lui-même.

Antoine Chetty avait dénoncé des hommes de loi

<p>Ce n&rsquo;est pas la première fois que des hommes de loi sont incriminés dans des cas d&rsquo;agression. Antoine Chetty, un gros bras qui a été condamné à une peine de 12 &nbsp;ans de prison pour une affaire de drogue, devait accuser son patron, le notaire Vinay Deelchand, de l&rsquo;avoir sollicité pour perpétrer des agressions alors qu&rsquo;il était son chauffeur. Il devait aussi accuser l&rsquo;ancien avocat Dev Hurnam d&rsquo;avoir sollicité ses services pour agresser l&rsquo;ancien chef juge Bernard Sik Yuen (alors <em>Senior Puisne Judge</em>). Dev Hurnam a été blanchi par la suite. Ces allégations d&rsquo;Antoine Chetty avaient défrayé la chronique à l&#39;époque.</p>

<h2>Qui est le suspect Désiré Candahoo?</h2>

<p>Désiré Candahoo est le fils du défunt député Georgie Candahoo, qui avait été élu sous la bannière du Mouvement socialiste militant (MSM) et du Parti travailliste en 1983. Désiré Candahoo s&rsquo;est lui-même engagé très jeune comme activiste : il a été agent du MSM et a travaillé pour le Parti mauricien social-démocrate lors des dernières élections générales. Appelé affectueusement Dindin, il est connu dans la circonscription no 4 (Port-Louis-Nord-Montagne-Longue). Il a étudié jusqu&rsquo;au Standard VI et a commencé à travailler sur un bateau de pêche à 17 ans.</p>

<p>Du reste, le suspect a choisi une voie qui ne fait pas honneur à la famille, fait comprendre sa mère, Jacqueline. Certains de ses cousins abondent dans le même sens : &laquo;<em>Li préfer fer bann ti travay, trasé, gagn problem ek gard, perdi travay dan minisipalité pou al fer taxi maron</em>&raquo;, confie l&rsquo;un d&rsquo;eux. Le frère du principal concerné, Patrick Candahoo, est aussi en détention pour un cambriolage perpétré chez un couple à Goodlands, en 2015. Bien que Désiré Candahoo ne la fréquente pas, Jacqueline se dit bouleversée par la nouvelle de son arrestation. &laquo;<em>Li pa ti pou kontan si kikenn fer sa enn so fami</em>&raquo;, dit-elle d&rsquo;une voix nouée. La mère du récidiviste poursuit qu&rsquo;il s&rsquo;est marié en septembre 1996 à une Rodriguaise. Il a divorcé en 2002.</p>

<p>L&rsquo;ex-épouse de Désiré Candahoo, que <em>l&rsquo;express</em> a rencontrée, dit mal digérer la situation dans laquelle se trouve ce dernier. Pour elle, leur mariage n&rsquo;a pas marché car il ne travaillait pas et leurs dettes s&rsquo;accumulaient. La fille de Désiré Candahooo, aujourd&rsquo;hui âgée de 18 ans, est, quant à elle, indifférente à ce que vit son père actuellement. &laquo;<em>Nous (NdlR : sa mère et elle) sommes comme des étrangères pour lui</em>&raquo;, affirme-t-elle. Après son divorce, l&rsquo;activiste avait décroché un emploi d&rsquo;éboueur à la mairie de Port-Louis. Mais il ne l&rsquo;a pas conservé longtemps. Il a emménagé avec une autre femme avec laquelle il a deux filles, l&rsquo;une âgée de trois ans et l&rsquo;autre de trois mois.</p>

Sir Anerood Jugnauth : «Bann sovaz kinn fer sa»

Quand le chef du gouvernement avait rendu visite à Bhanooduth Beeharee après son agression, il avait condamné cet acte. «Bann dimounn sovaz kinn fer sa. Li enn laont pou péi. Mo espéré ki lapolis tras zot ek konn lavérité ki bann dimounn derier sa

Les grandes dates

<p><strong>22 mai 2015 - 21 mars 2016 :</strong> Kailash Trilochun est l&rsquo;avocat de l&rsquo;ICTA. Il touche Rs 3 314 895.</p>

<p><strong>21 mars :</strong> dans un e-mail, l&rsquo;avocat remercie le conseil d&rsquo;administration de l&rsquo;ICTA de l&rsquo;avoir engagé dans l&rsquo;affaire Emtel vs l&rsquo;ICTA tout en évoquant ses honoraires de Rs 12 millions sans la taxe. Étrangement, c&rsquo;est en avril que le feu vert est donné, selon le Premier ministre&nbsp;(<em>voir plus bas</em>).</p>

<p><strong>6 avril : </strong>Kailash Trilochun aurait une réunion avec sir Anerood Jugnauth pour lui expliquer le coût de l&rsquo;affaire.</p>

<p><strong>19 avril :</strong> le conseil d&rsquo;administration donne son accord afin d&rsquo;engager l&rsquo;avocat pour cette affaire, d&rsquo;après une réponse du Premier ministre au Parlement.</p>

<p><strong>26 mai :</strong> le président du conseil d&rsquo;administration de l&rsquo;ICTA Bhanooduth Beeharee est agressé.</p>

<p><strong>27 mai :</strong> sir Anerood Jugnauth rend visite à Bhanooduth Beeharee à l&rsquo;hôpital.</p>

<p><strong>12 août : </strong>le PM se dit choqué au Parlement en évoquant la somme de Rs 19 millions payée à l&rsquo;avocat tout en affirmant que c&rsquo;est la première fois qu&rsquo;il prend connaissance du montant.</p>

Silence radio de Bhanoodutt Beeharee

Bhanoodutt Beeharee, Chairman de l'ICTA.

Où se trouve Bhanoodutt Beeharee? C’est la question que se posent les voisins du Chairman de l’Information and Communication Technologies Authority (ICTA). Celui-ci, qui est rarement sorti de chez lui depuis son agression au cutter, aurait quitté sa maison dès que l’identité du présumé commanditaire de son agression a été dévoilée.

Dimanche, une équipe de l’express s’est rendue au domicile de Bhanoodutt Beeharee, à l’avenue Mallefille, Belle-Rose, pour avoir son témoignage. Sans succès : les rideaux étaient tirés et les portes cadenassées. Les voisins ignorent aussi où il se trouve. Certains soulignent qu’il se montre discret depuis son agression.

L’express a tenté de prendre contact avec lui par téléphone. C’est l’un de ses proches qui a confirmé qu’il n’est pas chez lui. Un autre a fait comprendre que la famille ne fera aucun commentaire car une enquête est en cours, d’autant qu’un second suspect est recherché. Le Chairman aurait diminué ses déplacements à Maurice comme à l’étranger.