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Nicolas Von Mally: «Une catastrophe sociale se profile à Rodrigues»
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Nicolas Von Mally: «Une catastrophe sociale se profile à Rodrigues»
La motion de blâme contre Serge Clair, l’abattage controversé d’animaux et la gestion de la situation à Rodrigues depuis que de nombreux cas de fièvre aphteuse ont été détectés... Nicolas Von Mally, leader du Mouvement rodriguais ne mâche pas ses mots et les critiques pleuvent. Cela dit, il fait aussi des propositions pour aider les éleveurs à se relever.
La précédente motion de blâme, contre Serge Clair n’ayant pas été retenue, vous remettez ça ?
C’est dans la logique des choses que de présenter une nouvelle motion de blâme, cette fois contre le président de l’Assemblée régionale, Soopramanien Sooprayen. Suite au vote de la première motion de blâme, le résultat était de 10-10. Le président aurait dû s’abstenir mais il a utilisé son casting vote (voix prépondérante), et il a voté en faveur de Serge Clair. Il doit être neutre et pourtant il vote contre la motion ? C’est une première et c’est totalement justifié que d’avoir recours à une motion de blâme. Nous travaillons là-dessus et nous la présenterons bientôt.
Votre argument pour la première motion de blâme était que l’affaire de la fièvre aphteuse a été mal gérée. Expliquez-vous.
Cette affaire a été effectivement très mal gé- rée. Premièrement, au sein de l’opposition, nous étions les premiers à signaler, le 7 juillet dernier, dans une conférence de presse, que cette maladie ressemble à la fièvre aphteuse. Et nous en avions parlé aux éleveurs. Suite à ça, personne n’a réagi pour isoler les animaux malades. Ils ont perdu du temps. Ce n’est qu’après deux semaines que la décision a été prise de faire des tests mais il était trop tard. La maladie s’était déjà répandue. Sans compter le massacre des animaux. Le commissaire de l’Agriculture n’a même pas rencontré les éleveurs pour leur parler et leur donner des informations. À la place, il a envoyé les vétérinaires informer la population et même parler de la compensation. Cela aurait dû être le travail du politicien d’informer.
L’abattage n’a pas été fait selon les normes mais plutôt de manière sauvage et barbare. C’est du jamais vu. Les gens étaient payés par tête d’animal pour l’abattage. Même des animaux sains ont été abattus. Nous avons dénoncé ces agissements et le leader de l’opposition, Paul Bérenger, a lui aussi posé une Private Notice Question à ce sujet.
Nous avions fait des vidéos qui ont été diffusées en ligne pour montrer comment l’abattage se faisait en réalité. La presse internationale les a d’ailleurs reprises. Maintenant, certains viennent dire que nous sommes irresponsables. Mais qui sont les irresponsables ? Ceux qui font des actes barbares ou ceux qui les dénoncent ?
Donc tout est venu trop tard...
Il a fallu que le ministre de l’Agro-industrie, Mahen Seeruttun, dise qu’on devait cesser de tuer les animaux sains pour que cet abattage illégal s’arrête. Ce n’est qu’un mois après que Serge Clair a passé son message de soutien aux éleveurs. Et il ne les a toujours pas rencontrés. C’est au Chef commissaire de le faire. Quand il y a un problème, il se sauve ?
Il dit que les Rodriguais doivent dépendre d’eux-mêmes. Mais il faut les préparer à cela. Il a encouragé les gens à aller vers l’élevage pour ensuite ne pas les aider maintenant ?
De votre côté, vous avez rencontré les éleveurs ?
Oui, nous avons rencontré les premiers éleveurs dont les animaux étaient malades. Nous constatons qu’à ce jour, le gouvernement régional ne sait pas ce qu’il fait. C’est presque toutes les familles rodriguaises qui sont touchées. Les animaux, c’est comme des coffres sur pattes. Les Rodriguais sont ruinés et pendant trois ans ils ne pourront pas vendre leurs animaux. To add insult to injury, Serge Clair, après que les autorités ont donné cette petite compensation, ose dire aux gens de ne pas dépenser tout leur argent! C’est toutes les économies des éleveurs qui sont parties en fumée…
Vous avez fait des propositions ?
On a fait toute une liste de propositions, à commencer par l’annulation des emprunts bancaires effectués par les éleveurs pour leurs animaux. Une autre suggestion est de mettre sur pied une ligne de crédit ou une aide sociale, pendant ces trois ans, pour que ces éleveurs puissent nourrir leurs familles. Il faut aussi créer des special relief work, comme à l’époque de la sècheresse, dans le passé. On pourrait profiter de cet événement pour que les éleveurs modernisent leurs élevages et leurs infrastructures, et les payer pour qu’ils refassent leurs pâturages.
Il faut aussi une meilleure race d’animaux et vacciner régulièrement le cheptel. Il faut changer et consolider le système vétérinaire. Prendre des animaux d’autres pays pour les amener à Rodrigues peut y faire entrer des maladies. Le Fact Finding Committee doit considérer cela. Il ne faut pas de cover-up dans cette affaire : si ce sont les autorités elles-mêmes qui ont introduit cette maladie ici, il faut le dire.
Je lance aussi un appel au gouvernement central, car il n’y a pas de débouché à Rodrigues. C’est une île fermée. L’aéroport et le port sont fermés et il n’y a même pas de câble optique. Les jeunes auraient pu travailler dans les centres d’appels. Il faut lancer un chantier à Rodrigues pour au moins un projet et créer de l’emploi. Nous allons affronter une situation économique grave, avec une catastrophe sociale encore plus grave qui se profile à l’horizon.
Sinon cette réforme électorale avant février 2017, vous y croyez ?
Where there is a will, there is a way. Ce se- ra bien pour l’avenir de Rodrigues s’il y a une réforme électorale. Le système actuel a beaucoup de lacunes et c’est important qu’il y ait un meilleur système.
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