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Kitesurf : les pêcheurs se sentent lésés dans leurs droits
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Kitesurf : les pêcheurs se sentent lésés dans leurs droits
À l’approche d’une compétition de kitesurf dans le village, les pêcheurs montent au créneau pour expliquer à quel point leur unique gagne-pain est affecté par la pratique de ce sport. Ils en ont gros sur le cœur.
L’annonce d’une compétition de kitesurf dans le village du Morne, le mois prochain, inquiète les pêcheurs. Ils montent au créneau pour faire part de leurs craintes mais aussi demander une régulation de la pratique de ce sport dans la localité.
Dans la localité. «On m’a annoncé que la compétition se tiendra en septembre et nous, les pêcheurs, veillons au grain. Ils ne nous berneront pas cette fois ni ne toucheront à nos récifs», lance Lallsing Shamah, président de l’Association des pêcheurs du Morne. Lui et ses semblables sont sur le qui-vive depuis l’annonce de la rencontre sportive. «En 2014, ils ont mis des plateformes sur les rochers et en 2015, ils ne nous ont pas dédommagés alors que nous n’avons pu travailler», poursuit-il, se référant aux précédents meetings de kitesurf.
Si Lallsing Shamah évoque les conséquences néfastes de cet événement annuel, d’autres pêcheurs se plaignent du fait que le kitesurf soit pratiqué au quotidien dans le lagon du Morne et mette ainsi en péril leur gagne-pain. «Le kitesurf se fait au détriment du pêcheur ! Vous ne pouvez pas nous demander de ne plus travailler pour le plaisir de quelques-uns. Il faut y mettre bon ordre», tonne Antonio Verloppe, président du conseil de village du Morne, qui est aussi pêcheur. Il revendique de surcroît un dédommagement, ses confrères et lui étant fortement pénalisés.
Comme ses prédécesseurs, Antonio Verloppe dénonce l’envahissement et les abus des kitesurfeurs. «Ils accaparent tout le lagon alors qu’autrefois, ils ne pratiquaient leur sport qu’à la pointe, près des hôtels», fait-il remarquer.
Délimitation nécessaire
Lallsing Shamah insiste pour une régulation de la pratique du kitesurf et une délimitation dans le lagon. Le pêcheur raconte la mauvaise expérience qu’il a vécue : un accident avec une kitesurfeuse. «C’était un après-midi de novembre 2015. Je rentrais de la pêche quand cette femme est sortie de je ne sais où et est tombée tête la première dans mon bateau, abîmant la proue et les planches du fond. Elle avait le bras cassé et de mon côté, j’étais en état de choc. Je ne savais plus comment réagir».
Lallsing Shamah pense que de pareils incidents pourraient se reproduire et plaide la cause des pêcheurs. «Les touristes sont couverts par une assurance, mais nous, qui nous rembourse ? »
Antonio Verloppe estime, pour sa part, que «le cas des pêcheurs du Morne est particulier et le ministère de la Pêche ne pourra pas le résoudre seul. Il faut que le ministère du Tourisme se penche sur la question parce que ce problème concerne aussi les touristes.»
Le président du conseil de village invite les ministres à venir rencontrer les pêcheurs du Morne afin de dégager des solutions à court et à long termes.
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