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Pour combattre les abus YEP: le privé «forcé» à recruter l’ensemble des stagiaires
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Pour combattre les abus YEP: le privé «forcé» à recruter l’ensemble des stagiaires
Trop d’abus du Youth Employment Programme (YEP) dans le secteur privé. C’est ce que l’on avance au ministère du Travail et au bureau du Premier ministre. Un plan de restructuration du YEP est en cours. D’ores et déjà, on indique vouloir demander aux compagnies privées de retenir la totalité des employés placés à travers le YEP, au lieu de la moitié comme c’est le cas actuellement. Une mesure qui risque de causer nombre de remous dans le secteur privé.
Une des conditions imposées par le gouvernement est que les compagnies du privé sont tenues de garder au moins 50 % des jeunes pendant un an au minimum. Ces derniers devraient, en théorie, alors obtenir un emploi permanent. Cependant, à l’hôtel du gouvernement, on avance être en présence de plusieurs plaintes indiquant que ce ne serait pas le cas dans le secteur privé.
«Nous avons eu de nombreux cas où des compagnies font appel à des candidats sous le YEP et les gardent en poste sur une période de neuf à dix mois seulement pour bénéficier des subventions», souligne-t-on au ministère du Travail. Du côté de l’hôtel du gouvernement, on abonde dans le même sens. «Pendant tous ces mois, ces firmes du privé bénéficient des subventions du gouvernement. Ils licencient ensuite toutes les recrues et recommencent le processus à nouveau», explique-t-on.
Cette démarche irriterait sérieusement le gouvernement. Au ministère du Travail, on assure travailler sur une réforme et l’on compte sérieusement introduire une nouvelle clause pour imposer aux firmes privées le recrutement de la totalité des jeunes placés.
Actuellement, selon le barème du gouvernement, un détenteur du School Certificate (SC) est payé Rs 6 000 contre Rs 7 000 pour un candidat qui a le Higher School Certificate (HSC). Les jeunes avec une licence touchent, eux, Rs 10 000 alors que ceux qui possèdent une maîtrise perçoivent Rs 12 000. «Les compagnies du privé ne paient que la moitié de cette somme, ce qui représente des économies considérables», explique-t-on à l’hôtel du gouvernement.
Sollicité pour une réaction, Pradeep Dursun, Chief Operating Officer de Business Mauritius, organisation qui représente le secteur privé à Maurice, prévient que si jamais le gouvernement tente de forcer les entreprises à retenir 100 % des jeunes placés sous le YEP, cela risque de les décourager à souscrire au programme.
«Il ne faut pas oublier que ce projet a été mis sur pied pour aider les jeunes à avoir une expérience professionnelle afin qu’ils puissent à terme trouver du travail. Or, si les entreprises se retrouvent contraintes de garder tous les jeunes placés sous le YEP, cela aura l’effet inverse. Au final, ce sont les jeunes qui seront pénalisés car ils n’auront plus d’opportunités de stages», analyse-t-il.
Abus du programme
Pradeep Dursun fait ressortir que le YEP a rencontré un grand succès dans le secteur privé. Il ajoute que le taux de réussite est conséquent, plusieurs jeunes ayant pu trouver de l’emploi après leur placement en entreprise.
«Ce qui pose problème, ce sont surtout les lourdeurs administratives relatives à la subvention du gouvernement sur le salaire que reçoivent les stagiaires. Certaines entreprises attendent depuis six à sept mois qu’on leur rembourse les 50 % de la somme subventionnée par le gouvernement», déplore-t-il.
Et d’ajouter que si certaines sociétés privées ont abusé du programme YEP, c’est au Monitoring Committee de faire son travail. Cependant, il ne faut surtout pas généraliser, dit-il. Pradeep Dursun rappelle que pour que les jeunes puissent avoir un emploi permanent, d’autres conditions doivent être réunies.
«Les entreprises ne recrutent pas que pour recruter. Tout dépend du développement de leur business. Si leurs activités se développent, c’est là qu’elles recherchent de la main-d’œuvre. Tout dépend aussi de leur capacité de paiement, de l’environnement économique, du cadre légal pour l’emploi, entre autres.»
En chiffres
<p>Le YEP qui a été lancé il y a trois ans est destiné aux chômeurs âgés entre 16 et 30 ans. Il a permis le placement de 14 984 jeunes dans le secteur privé. De ce nombre, 2 636 sont détenteurs d’une licence, 751 d’un «diploma», 4 067 du HSC, 3 375 du SC, 3 689 d’un certificat moindre que le SC et 466 d’autres certificats. Le YEP a été étendu à la fonction publique en novembre 2015.</p>
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