L’écurie Gujadhur crie victoire. Et ce, bien avant le départ de la Maiden Cup 2016, demain. Pour cause, le Mauritius Turf Club (MTC), a courbé l’échine ce vendredi 2 septembre. Notamment en revenant sur sa décision à l’effet qu’une écurie ne peut aligner plus de deux partants dans le Ruban Bleu (voir hors-texte).

En Cour suprême, devant le juge Pritiviraj Fekna, le MTC, par le biais de son conseil légal, Me Yahia Nazroo, a ainsi accédé à la requête de l’écurie Gujadhur de présenter plus de deux chevaux à la Maiden Cup. Au lieu de s’engager dans un bras de fer légal, ce qui aurait été néfaste pour le sport hippique et pour le MTC, selon l’homme de loi.

L’écurie Gujadhur s’était, en effet, tournée vers la Cour suprême comme ultime recours. La plus vieille écurie du turf local voulait obtenir une injonction contre le MTC car le temps pressait, au vu de la tenue de la Maiden Cup demain.

Pour le MTC, il a fallu «soit trouver une solution et ainsi permettre que la journée de courses de dimanche, incluant la Maiden Cup, se tienne, soit s’engager dans une bataille légale sur l’interprétation du paragraphe (6) de la directive de la Gambling Regulatory Authority (GRA)». Selon Me Yahia Nazroo, les administrateurs du MTC ont décidé de privilégier le sport plutôt que d’enclencher une bataille légale qui aurait pu s’éterniser pendant plusieurs mois.

«Dans cette optique, les administrateurs ont décidé d’accepter que l’écurie Gujadhur aligne plus de deux chevaux dans la Maiden Cup.» Mais pour Me Nazroo, «ce n’est pas une victoire pour qui que ce soit mais une défaite pour notre sport national. Et surtout, du point de vue du Club, on ne peut continuer à organiser des courses, ne sachant pas où commencent les prérogatives de la GRA et où s’arrêtent les directives qu’elle donnera».

Respecter la directive

L’homme de loi ajoute que l’organisation des courses est sous la responsabilité du MTC, alors que la GRA impose des directives. «Mais dans le cas présent, beaucoup de personnes pensent – et j’en fais partie – que la GRA s’ingère dans l’organisation des courses, en donnant des directives et en demandant au MTC de faire des choses qu’elle ne peut lui demander de faire.»

En revanche, du côté de l’écurie Gujadhur, la satisfaction est de mise. «Le Club a finalement accepté qu’on puisse faire courir plus de deux chevaux dans la Maiden Cup. L’entraîneur de l’écurie Gujadhur a, de ce fait, décidé que l’écurie aura quatre représentants dans cette course classique», a déclaré Me Mukund Gujadhur, l’avocat de l’écurie, à sa sortie de la Cour suprême.

Pour l’homme de loi, justice a été faite. N’empêche, dit-il, le problème est loin d’être réglé. «On aura le même problème dans deux semaines parce qu’il y a la Princess Margaret Cup, la semi-classique du sprint, qui vient. Mais on espère que d’ici cette course, la GRA va put her foot down et demander que le Club respecte la loi once and for all. Aujourd’hui (NdlR, vendredi 2 septembre), c’est notre plus grande victoire au Champ-de-Mars car la justice compte plus que n’importe quelle course. Même beaucoup plus que la Maiden Cup.»

De son côté, Raouf Gulbul, président du conseil d’administration de la GRA, souligne que l’heure est à la sérénité : «Lazistis inn transé, dispit deryer nou. Nou invit tou bann Morisien vinn amizé an fami, au Champ-de- Mars.» Il précise que l’organisation des courses revient au MTC et que la «GRA péna okenn lintansion organiz lékours».

Raouf Gulbul fait ressortir que c’est l’année dernière que la GRA a donné ses directives et qu’il s’agit de les respecter. Mais, fait valoir l’homme de loi, si toutefois il y a un problème en ce qui concerne leur interprétation, l’organisme est ouvert à la discussion. Pour sa part, l’entraîneur Ricky Maingard, qui a un cheval engagé dans la Maiden Cup, est d’avis que toute cette affaire aurait dû être réglée depuis mardi. «Ça n’a rien d’un jugement de la Cour, mais plutôt d’une abdication du MTC. Le Club a changé d’avis. Cela a été une perte de temps. Il y a eu plusieurs déclarations du président du MTC qui n’ont servi à rien. Cela n’a fait que discréditer le monde des courses», lâche l’entraîneur.

Chronologie des evenements

• 15 juin : Le MTC annonce les conditions de la Maiden Cup avec, entre autres, le fait qu’un entraîneur n’aura pas le droit d’y aligner plus de deux chevaux. S’ensuit une protestation de l’écurie Gujadhur.
• 19 juillet : Le MTC apporte un amendement aux conditions, en excluant les chevaux de rating 50+, qui ne sont désormais plus éligibles pour être au départ de la course.
• 29 août : L’écurie Gujadhur envoie une correspondance au MTC, l’informant de son intention d’aligner trois chevaux, cette fois en s’appuyant sur la «directive 6» émise par la GRA en 2015, qui stipule que «no stable/trainer/owner shall be allowed to field more than two (2) horses in a particular race, save and except for listed and 60+ races, in which case, fielding of more than two (2) horses will be allowed upon availability of couple bets to punters».
• 30 août : Le président du MTC, Alain Noël, dans une déclaration exclusive à lexpressturf.mu, déclare qu’on ne changera pas les règles du jeu à une semaine de la Maiden Cup.
• 31 août : La GRA envoie une correspondance au MTC, lui demandant d’appliquer la «directive 6», donc de permettre à l’écurie Gujadhur de pouvoir aligner plus de deux partants.
• 1er septembre : Le MTC rencontre ses conseils légaux et décide de maintenir les conditions initiales.
• 2 septembre : Le MTC est rappelé à l’ordre par la GRA. Raouf Gulbul, dans une déclaration à lexpressturf. mu, est on ne peut plus clair : «La GRA représente la loi. Le MTC doit obéir. La loi doit être appliquée.»
• 2 septembre : L’écurie Gujadhur saisit la justice. Le MTC accepte finalement que l’écurie Gujadhur puisse aligner plus de deux chevaux.

*En collaboration avec l’équipe de l’express-turf