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Maiden: victoire pour l’écurie Gujadhur, défaite pour les courses
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Maiden: victoire pour l’écurie Gujadhur, défaite pour les courses
Après le bras de fer entre l’écurie Gujadhur et le Mauritius Turf Club (MTC), qui a tenu tout le monde hippique en haleine depuis le début de la semaine, c’est sous le signe de la polémique que se déroulera la Maiden Cup, le dimanche 4 septembre, au Champ-de-Mars. 173 longues années se sont écoulées depuis sa première édition. Mais jamais un Maiden n’avait suscité autant la controverse…
Pour comprendre les dessous de cette affaire, il serait bon de faire ressortir que le contentieux entre l’écurie Gujadhur et le MTC a pour origine les «conditions» de participation à la course, qui avaient été annoncées le 15 juin. Suite à une première protestation de l’écurie Gujadhur, l’organisateur des courses avait accepté, le 19 juillet, d’apporter un amendement à ces «conditions». Par la suite, on a eu droit, dans les coulisses, à plusieurs tractations – qui n’ont finalement pas abouti – ainsi qu’à des rumeurs plus ou moins avérées de transferts, visant à bloquer la participation d’un coursier, en l’occurrence Parachute Man de l’écurie Maingard, qui demeure un prétendant à la victoire dimanche après-midi.
En début de semaine, l’affaire a pris une autre tournure lorsque l’écurie Gujadhur a envoyé une correspondance au MTC pour attirer son attention sur le fait qu’un opérateur de paris, en l’occurrence SMS Pariaz, offrait des «coupled bets» et que, conformément à la directive 6 de la Gambling Regulatory Authority (GRA), qui stipule qu’«a trainer shall be allowed to race more than two runners in a Listed 60+ race upon availability of couple bets to punte», elle avait bien le droit d’aligner plus de deux chevaux dans la course.
Discréditer le monde hippique
Le MTC a réagi le lendemain, par l’intermédiaire de son président, Alain Noël. Qui a insisté sur le fait qu’il n’était pas question de changer les règles à quelques jours de la course. L’écurie Gujadhur a, toutefois, bénéficié d’un soutien de taille dans son combat, car la GRA s’est rangée de son côté. Et cette instance a mis la pression sur le MTC pour qu’il accepte les revendications de la plus vieille écurie du turf. Le MTC, qui répond à la GRA selon la loi, a malgré tout tenu ferme et cela a poussé l’écurie Gujadhur à saisir la justice.
Et alors qu’il avait fait preuve d’intransigeance depuis le début de l’affaire, le MTC s’est montré étonnamment conciliant en Cour suprême, vendredi, devant le juge Prithviraj Fekna. En effet, les administrateurs ont accepté – dans l’intérêt des courses et dans un souci de finaliser, dans les plus brefs délais, le programme de la plus grande journée de son calendrier – de permettre à l’écurie Gujadhur d’aligner plus de deux partants dans la course.
Selon Me Yahia Nazroo, qui défendait les intérêts du MTC dans ce duel avec l’écurie Gujadhur, à travers cette démarche, l’organisateur des courses a choisi de privilégier le sport plutôt que d’enclencher une bataille juridique qui aurait pu s’éterniser pendant plusieurs mois.
Du côté de l’écurie Gujadhur, la satisfaction est bien évidemment de mise. «La justice compte beaucoup plus que n’importe quelle course! C’est notre plus grande victoire au Champ-de- Mars. Même beaucoup plus que le Maiden», affirmait Mukund Gujadhur, un des hommes forts de l’écurie éponyme, à sa sortie de la Cour suprême.
Si l’écurie Gujadhur peut éprouver une satisfaction légitime d’être allée au bout de ses convictions dans cette bataille, en revanche, le MTC y a clairement laissé des plumes. Car en permettant à l’écurie Gujadhur d’aligner plus de deux chevaux dans la course, il est allé à l’encontre de ses propres «conditions».
Ainsi, pour de nombreux observateurs, toute cette affaire n’a fait que ternir l’image des courses. «Cela n’a rien d’un jugement de la Cour, mais plutôt d’une abdication du MTC. Cela a été une perte de temps et cela n’a fait que discréditer le monde hippique», analyse l’entraîneur Ricky Maingard.
Qui plus est, en éternisant le conflit, le MTC a contribué à instaurer une atmosphère délétère autour de l’épreuve reine. Le Maiden est en effet une fête populaire qui rassemble, le temps d’une course, la nation mauricienne dans son ensemble. Et quelque part, toute cette polémique est venue diluer l’effervescence qui l’entoure habituellement.
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