Publicité
Agression contre le Chairman de l’ICTA: l’avocat Trilochun reviendra-t-il vraiment au pays ?
Par
Partager cet article
Agression contre le Chairman de l’ICTA: l’avocat Trilochun reviendra-t-il vraiment au pays ?
Il a posé un troisième lapin à la police. Accusé par le suspect Désiré Candahoo d’être le commanditaire de l’agression perpétrée sur Bhanoodutt Beeharee, Chairman de l’Information and Communication Technologies Authority (ICTA), l’avocat Kailash Trilochun devait initialement rentrer au pays le 27 août. Arrivée qui a été reportée au 30 août, puis à hier. Sauf qu’il n’a une fois de plus pas pris l’avion. Du coup, la police commence à émettre des appréhensions concernant son retour au pays. C’est ce qu’a appris l’express d’un haut gradé aux Casernes centrales.
Kailash Trilochun se trouve en fait à Durban avec sa famille. Son avocat, Rama Valaden, a expliqué que c’est «à cause d’un problème personnel» qu’il n’a pu prendre l’avion. Une situation qui devient «embarrassante» pour la police. Interrogé par l’express, le commissaire de police (CP), Mario Nobin, soutient que l’enquête suit son cours. «On attend qu’il vienne. Lorsqu’il se décidera à venir, on fera ce qu’on a à faire», a-t-il indiqué, comme seul commentaire.
Mais qu’est-ce qui fait que Kailash Trilochun tarde à regagner le pays ? Dans le milieu légal, quelques hommes de loi affirment que le principal concerné souhaite probablement avoir du temps pour étoffer son dossier. Tout en espérant que Désiré Candahoo revienne sur sa déposition. Cette éventualité est très évoquée, d’autant que la femme du suspect s’était tournée vers la Commission nationale des droits de l’homme. Selon elle, il aurait été victime de brutalités policières et aurait ainsi fait de tels aveux incriminant Me Kailash Trilochun. Puis, il y a le fait que les autres suspects arrêtés dans cette affaire n’ont pas désigné Kailash Trilochun comme étant le commanditaire de l’agression.
Demande d'extradition
Mais que se passe-til si Kailash Trilochun ne revient pas au pays ? Au niveau des Casernes centrales, on avance qu’il est trop tôt pour envisager une demande d’extradition ou même solliciter l’aide d’Interpol sur ce dossier. «Il faut avant tout avoir des preuves solides contre quelqu’un. Il faut qu’il soit vraiment incriminé avant d’envisager une demande d’extradition», fait-on valoir. On explique que, selon les procédures, il faudrait avant tout qu’il existe un traité d’extradition entre Maurice et le pays dans lequel se trouve le suspect. Le dossier est ensuite transmis au bureau de l’Attorney General. La gravité du cas, entre autres, est prise en considération. Un mandat d’arrêt est alors émis et la demande d’extradition peut être faite.
Interpol peut également être sollicitée lorsque la police détient des informations selon lesquelles le suspect a l’intention de fuir. «Le bureau d’Interpol du pays où se trouve le suspect est contacté. Il est placé sur une Red List et tous ses déplacements sont suivis. Dès qu’il se rend dans un autre pays, la police mauricienne est automatiquement avertie», souligne-t-on.
En arrivera-t-on là avec Kailash Trilochun ? «Jusqu’à présent, nous n’avons aucune indication qui démontre qu’il compte fuir. Son avocat insiste qu’il rentre bientôt au pays», faiton toutefois ressortir aux Casernes centrales.
Retour sur un millionnaire aux origines modestes
<p>Dans la profession légale, il est «grande gueule», dit-on. «<em>Kailash Trilochun est un avocat qui sait se faire comprendre. Mais il est aussi impertinent. Il est connu pour être une grande gueule et certains seniors peuvent voir cela comme un signe de non-respect</em>», confie un avocat qui l’avait suivi lors d’un procès l’opposant à Me Rama Valayden en Cour suprême. Et depuis que ses honoraires, soit ses Rs 19 millions réclamées à l’ICTA, ont été rendus publics, il est devenu le «talk of the town». L’occasion de retracer le parcours de celui qui est le beau-frère du ministre des Infrastructures publiques et du transport en commun, Nando Bodha.</p>
<p>En fait, Kailash Trilochun, qui jongle désormais avec des millions, vient de milieu modeste. Son père était chauffeur d’autobus tandis que sa mère exerçait la profession de couturière. Lui, il est le quatrième de sept enfants. Durant ces années-là, l’avocat a connu la misère noire, avec sa mère qui lui donnait notamment Rs 7,50 pour aller acheter un quart de livre de travers de mouton pour toute la famille.</p>
<p>Pour soutenir financièrement la famille, Kailash Trilochun a dû exercer comme docker, maçon, tôlier, menuisier ou encore vendeur de jouets ou de légumes qu’il plantait dans sa cour. Pendant plusieurs années, il a travaillé comme plongeur au restaurant Café National, à Vacoas.</p>
<p>Sa vie a pris une autre tournure lorsqu’il a rencontré un prêtre sud-africain. Ce dernier l’introduit dans un réseau d’intermédiaires de peintures. Ce qui lui a permis d’amasser une coquette somme pour faire des études de droit à l’étranger.</p>
<p>Maintenant âgé de 45 ans, l’avocat a une solide réputation dans la profession légale. Il assumait jusqu’ici les services juridiques d’au moins quatre corps parapublics. En l’occurrence la <em>Road Development Authority</em> (RDA), la <em>Financial Intelligence Unit </em>(FIU), l’ICTA et la <em>Mauritius Shipping Corporation</em>. Il avait également représenté le CP contre le Directeur des poursuites publiques (DPP), Me Satyajit Boolell, dans l’affaire Sun Tan.</p>
<p>C’est en juillet 2015 que Me Kailash Trilochun devait voir braquer les projecteurs sur lui, au plus fort de la tension entre le DPP et la police. Du 22 mai 2015 au 21 mars 2016, Me Kailash Trilochun a touché Rs 3,3 millions de l’ICTA. Ce qui fait une moyenne de Rs 300 000 par mois. À la RDA, il touchait Rs 40 000 par mois. À la FIU, Rs 54 600. Ainsi, l’État lui versait jusqu’ici au moins Rs 394 600 chaque mois pour ses conseils légaux.</p>
<p>Et c’est depuis que ces chiffres ont été divulgués à l’Assemblée nationale qu’il a vu tout son univers chamboulé…</p>
Trilochun et Valayden ratent leurs rendez-vous avec la police
Kailash Trilochun, actuellement en Afrique du Sud, mène-t-il la police en bateau ? Ou essaie-t-il de gagner du temps ? Pourtant, Me Rama Valayden a annoncé que son client fera de son mieux pour collaborer avec la police. Voici les dates clés de cette affaire.
Au MSM: l’affaire Trilochun de nouveau au centre du BP
<p>Le rendez-vous sera désormais hebdomadaire. Sauf imprévu. Le dernier bureau politique (BP) du Mouvement socialiste militant (MSM), tenu samedi dernier, a duré plus de deux heures. C’est surtout l’affaire Trilochun qui a retenu l’attention de ceux présents. Encore une fois. Ainsi, à un moment, un ministre orange aurait fait ressortir que les conseillers du Premier ministre qui ont travaillé sur la réponse parlementaire à Reza Uteem, le 9 août, auraient dû y apporter plus d’explications. Par exemple, donner plus de détails sur les honoraires du beau-frère du ministre Nando Bodha, qui ont totalisé Rs 19 millions pour le procès de l’ICTA contre Emtel. Ce qui, selon le ministre du MSM, aurait pu atténuer le scandale. Ce n’est pas la première fois que ce sujet est abordé au BP du MSM. Alors que le clash Bhadain-Sanspeur était au plus fort de l’actualité deux semaines de cela, les honoraires de Trilochun figuraient déjà au cœur des échanges.</p>
<p>Par contre, ceux présents se sont ennuyés sur d’autres sujets abordés au BP, tel que l’économie bleue et le Green Island, qui a vu l’intervention de l’ancien ministre Raj Dayal. Certains ont même quitté la salle du Sun Trust avant l’heure. D’aucuns estiment que ce rendez-vous est surtout l’occasion pour certains de parler d’eux-mêmes.</p>
A lire également: Rama Valayden: «Je me retirerai si mon client fuit la juridiction mauricienne…»
Publicité
Les plus récents