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Heritage City: manipulations au sommet de l’État ?

11 septembre 2016, 16:30

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Heritage City: manipulations au sommet de l’État ?

«Du jamais-vu !» martèlent des membres du Conseil des ministres. Les langues se délient depuis samedi. Cela, après que Pravind Jugnauth, à la sortie du bureau politique (BP) du Mouvement socialiste mauricien (MSM), à la mi-journée, au Sun Trust, a affirmé haut et fort que le projet Heritage City n’avait pas été déterré, contrairement à ce qu’affirmait le compte-rendu de ce même Conseil des ministres, vendredi. Contrairement à Dev Beekharry, responsable de communication au bureau du Premier ministre, le leader du MSM a reconnu qu’il y a bien eu deux communiqués dont un «second» où ce qui est dit sur Heritage City «n’est pas correct».

Le leader du MSM s’est dit «étonné» de la décision du «second» communiqué faisant état du revival de Heritage City. Il devait rappeler que ce projet de nouvelle capitale administrative, estimé à Rs 30 milliards, avec un Parlement, un bureau destiné au Premier ministre, entre autres, est mort-né,  au sein du Conseil des ministres, le 5 août cette fois.

Le ministre des Finances devait confirmer, dans la foulée, en se basant sur le communiqué public, que la décision de ressusciter Heritage City n’a pas été prise au Conseil des ministres. Par contre, à une question des journalistes, qui voulaient savoir si le sujet a été, ne serait-ce qu’évoqué au cabinet, Pravind Jugnauth devait répondre qu’il est lié par la confidentialité et qu’il n’est pas tenu de divulguer ce qui est dit au sein de cette instance. Et d’ajouter : «Éna dimounn ki bizin asim zot responsabilité

D’accord, mais que s’est-il donc passé, vendredi, pour qu’il y ait ce cafouillage sans précédent dans le procès-verbal du Conseil des ministres ? D’autant que trois ministres interrogés, hier, sont unanimes : Heritage City n’était pas à l’agenda vendredi. Toutefois, avant le début de la séance au bâtiment du Trésor, une discussion informelle sur le défunt projet s’est tenue en petit comité. Un petit groupe se demandait s’il ne faudrait pas «repenser» Heritage City. Deux ministres du front bench auraient alors fait valoir que ce n’était pas le moment d’en parler.  Pravind Jugnauth devait à ce moment-là déclarer «qu’on ne peut à chaque fois revenir sur sa position».

C’est alors que le Premier ministre aurait affirmé qu’il faudrait instituer un comité avec les trois leaders de l’alliance, qu’il présiderait personnellement pour travailler sur le dossier… Puis, quand Roshi Bhadain est arrivé, il aurait essayé «d’ajouter son grain de sel», dit-on. Mais on lui aurait vite fait comprendre que le sujet n’était pas à l’ordre du jour. Aucune autre mention de Heritage City ne devait être faite par la suite…  Interrogé à ce sujet hier à sa sortie du BP du MSM, le ministre de la Bonne gouvernance a laissé entendre qu’il s’intéressait davantage aux matches de foot qui allaient se jouer dans l’après-midi. Tout en ajoutant qu’il ferait une déclaration «lundi».

En attendant, le procès-verbal de vendredi a été finalisé par le ministre Nando Bodha sans qu’aucune référence à Heritage City ne soit faite. C’est d’ailleurs ce que l’on s’est évertué à expliquer au BP du MSM, samedi. On ajoute que le secrétaire au cabinet, Sateeaved Seebaluck, aurait ensuite avalisé les minutes finalisées par  Nando Bodha.

En fait, le communiqué aurait été «manipulé» après. Ce qui fait dire à un autre ministre sollicité, samedi, que c’est «impensable ce qui s’est passé !» Alors que certains ténors du MSM soupçonnent que c’est un membre du Conseil des ministres qui aurait agi avec la complicité d’au moins un membre du personnel du bureau du Premier ministre. «Une enquête a été réclamée et les responsables devront répondre de leurs actes. En tout cas, ça ne peut plus continuer», s’est indigné le ministre.

D’aucuns affirment que les coupables devront répondre de «forgery» de cabinet papers.

Plainte de Bhadain contre Sanspeur : Manraj et Luxconsult interrogés par le CCID

<p>Le secrétaire financier Dev Manraj ainsi que les responsables de la firme Luxconsult ont été interrogés par le CCID en fin de semaine. Cela, dans le cadre de la déposition faite par Roshi Bhadain contre Gérard Sanspeur, le 18 août. En ce qui concerne le secrétaire financier, il nous revient que celui-ci a été appelé à authentifier le courriel paru dans l&rsquo;express de la même date. Il s&rsquo;agit, en fait, d&rsquo;un e-mail adressé à Dev Manraj et dans lequel Gérard Sanspeur propose que le plan de financement initial pour Heritage City soit adopté. Les enquêteurs sont repartis avec une copie de ce courriel. On a tenté de savoir ce qui est reproché à Luxconsult, mais l&rsquo;avocat du groupe, Me Antoine Domingue, a déclaré que l&rsquo;affaire &laquo;est entre les mains du CCID&raquo; et qu&rsquo;il ne peut &laquo;rien dire de plus&raquo;.</p>

Paul Bérenger reste sans voix…

Plus rare qu’une éclipse annulaire : Paul Bérenger sans voix. Ce phénomène s’est produit, samedi,  à l’hôtel Labourdonnais, lors de son point de presse hebdomadaire.

Le leader de l’opposition avait commenté pendant plus d’un quart d’heure, la décision émanant du Conseil des ministres en ce qui concerne la relance de Heritage City. Incompétence et cafouillage sont les mots qui sont revenus le plus souvent lors de son analyse.

Mais au même moment, on recevait un message dans lequel on apprenait que Pravind Jugnauth annonçait que le projet mort-né n’avait pas été ressuscité. Et qu’une enquête a été initiée pour savoir d’où venait cet imbroglio. Mis au courant des faits, Paul Bérenger, connu pour sa gouaille légendaire, est resté momentanément muet. L’incrédulité et la surprise se lisaient clairement sur son visage. Mais quelques minutes plus tard, après avoir jeté des regards interrogateurs en direction de ses acolytes, le chef de file du MMM a vite retrouvé sa verve. «J’ai dit que ce gouvernement a atteint le summum de l’incompétence. Mais je m’étais visiblement trompé. Cela tourne au ridicule», a lancé Paul Bérenger au sujet de ce qu'il appelle«Mirage City».