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Prem Saddul: «Les risques que Bagatelle Dam cède sont réels»
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Prem Saddul: «Les risques que Bagatelle Dam cède sont réels»
Et si Bagatelle Dam cédait ? Cette question avait été posée lorsque l’abandon du projet Heritage City avait été annoncé, début août. Et si l’on en croit le géomorphologue Prem Saddul, qui a démarré une étude sur ce site en 2013, les risques que cette structure cède dans quelques années, sous la pression hydrologique, sont bel et bien réels.
Raison : les pierres qui ont été prises de la montagne d’Auvillar, à Midlands, pour construire la paroi de ce réservoir – longue de 2,5 km et haute de 50 mètres – sont remplies de pyrite. Ce métal, appelé aussi «l’or des fous», se rouille facilement, surtout s’il se trouve dans un endroit humide. De plus, ces rochers ont été écrasés pour constituer des agrégats et du sable de ciment pour des travaux à l’intérieur du réservoir. Le spécialiste de la géomorphologie explique, dans un document exclusif en possession de l’express, que «les autorités compétentes ont intérêt à prendre conscience de ces appréhensions avant qu’il ne soit trop tard».
Alors que la construction est quasi complétée et que Bagatelle Dam devrait être opérationnel d’ici décembre, le géomorphologue Prem Saddul parle d’un risque de fissures dans les parois et d’un affaiblissement de la structure. L’ex-président de la Central Water Authority (CWA) a été sur le terrain la semaine dernière afin de faire un constat de visu de la situation, en marge de la conclusion de son rapport. «During the visit at the quarry, I noticed that the majority of the rocks had large deposits of iron pyrite. These iron pyrite nodules and flakes have formed along veins and joints and are visible to the naked eyes», révèle-t-il.
Dans le document, il explique qu’une fois que la pyrite se décomposera, elle laissera des trous dans les pierres qui ont été utilisées pour le barrage. Selon lui, le barrage atteindra son taux de remplissage maximum de 14,2 millions de mètres cubes d’eau avant la fin de 2018. «Imaginez l’impact de l’eau sur un barrage dans lequel il y a des fissures et des petits trous», soutient l’ancien Chairman de la CWA.
Ses appréhensions se fondent sur le fait que la pyrite qui, dit-il, est composée de 50 % de soufre et 44 % de fer, se décomposera au contact de l’eau et relâchera de l’acide sulfurique. Cet acide aura, à son tour, des effets sur les rochers. «The acid with a certain corrosive value will react with the rocks, loosen them and may cause a multitude of air holes, star-shaped cracks resembling cobwebs and wasps' nests within the dam wall», écrit Prem Saddul dans son rapport.
Le barrage devrait alimenter les Plaines-Wilhems. Au départ, le projet, initié sous l’ancien gouvernement et qui compte quatre ans de retard, devait coûter Rs 3,3 milliards. La note est passée à Rs 5,4 milliards à cause des travaux supplémentaires visant à rendre le sol imperméable.
L’intérêt des Chinois pour les Roches de Midlands
Pourquoi les Chinois veulent-ils le surplus de roches qui n’a pas été utilisé à Bagatelle Dam ? Même s’il ne répond pas à la question, dans la conclusion de son étude, Prem Saddul donne des pistes. Pour lui, il se pourrait que la pyrite attire car elle est aussi utilisée dans la fabrication de bijoux.
En effet, les Chinois de la China International Water & Electric Corporation et le gouvernement mauricien se disputent les 32 000 tonnes de roches. Ce surplus de roches est disposé à Jin Fei. La firme chinoise a engagé des poursuites contre le ministère de l’Énergie car elle estime que ces rochers lui appartiennent.
Les dégâts de la pyrite au Canada
Dans son rapport, Prem Saddul cite le cas du Canada. Le géomorphologue parle des dégâts causés dans des bâtiments au Québec ayant été construits avec des roches contenant de la pyrite.
«This was the case for certain large buildings in the regions of Quebec City and Ottawa and on Montreal’s South Shore (Canada). The swellings have caused the buildings' foundations to heave and in the process caused serious structural damage. Similar cases have also been reported in other sites around Montreal. Most cases occur in buildings from eight to 20 years old. However, a few older buildings (30 and even 40 years old) have also been affected. Damage has also been reported for less than five-year-old buildings», indique-t-il dans son rapport.
Prem Saddul souligne également que le processus de contamination du fer est lent. Cela peut prendre au moins dix ans avant que l’on commence à constater les dégâts.
Terre-Rouge–Verdun : les autorités informées des risques
<p>En février 2015, lors d’une conférence sur les tunnels volcaniques, Prem Saddul avait révélé qu’il avait informé le ministère des Infrastructures publiques que le site choisi pour aménager l’autoroute Terre-Rouge–Verdun comportait des risques. <em>«J’ai</em> <em>envoyé des lettres aux autorités</em> <em>leur disant que c’est dangereux</em> <em>de construire sur de</em> <em>la cendre volcanique. Mais</em> <em>la route a quand même été</em> <em>construite.» </em>À l’époque, le ministère avait déclaré qu’il n’était pas au courant des missives envoyées par le géomorphologue<em>.</em></p>
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