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Very Important Privilèges ?
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Very Important Privilèges ?
Cette semaine, le personnel des hôpitaux a reçu la visite de Very Important Persons (VIP). Deux personnalités politiques sont tombées malades et ont été admises directement à l’Intensive Care Unit (ICU). Les critiques se demandent pourquoi elles y ont eu accès illico sans passer par la case «tir kart», contrairement au commun des mortels. Et se demandent si d’autres privilèges leur sont réservés.
Pour le savoir, prenons le chemin de l’aéroport. Où nos personnalités politiques n’ont pas droit au même traitement que Monsieur et Madame Tout-le-monde. Est-ce normal qu’on leur déroule le tapis rouge ? Oui, affirment tous ceux que nous avons interrogés. La raison avancée : la plupart des voyages effectués par les élus ont trait à des missions visant à faire «avancer le pays», dit-on.
«Pour les voyages, nous passons par le VIP Lounge. Il y a une équipe sur place qui s’occupe de toutes les démarches administratives par rapport à l’embarquement, entre autres», confie Sheila Bappoo, ancienne ministre. Toujours est-il que l’accès au salon VIP est très «réglementé». Pour pouvoir y aller, il faut obtenir l’aval du bureau du Premier ministre d’abord.
Certes, mais les politiciens utilisent-ils le VIP Lounge même quand il s’agit de voyages à titre privé ? Oui. Le salon est même accessible à leurs proches. Attention, pas tous, précise Sheila Bappoo, les enfants et les conjoints uniquement. «Après, s’il y a eu des abus dans le passé, je n’en sais rien…»
Quittons l’aéroport. Les élus, voire les ministres, vivent-ils vraiment dans le même monde que les contribuables ? Alain Wong essaie tant bien que mal de nous en convaincre. Est-ce qu’il passe devant tout le monde au supermarché ? «Absolument pas.» Se fait-il coiffer gratos ? Non plus. «Même lorsque je vais chez Aka pour acheter des rotis, j’attends mon tour. Être ministre ne veut pas dire être impoli…» Oui, mais un ministre a bien des plantons et autres bras droits à qui il pourrait confier la tâche d’aller chercher ses rotis, non ? «Comment saurait-il ce que je veux précisément dedans ? Je le fais moi-même !»
On capitule pour les rotis, mais n’allez pas nous faire croire qu’un ministre ne bénéficie d’aucun privilège dû à son rang de haute personnalité, hein ?
C’est vrai, admet Alain Wong. Il vit, par exemple, le rêve de tout conducteur : se faire déposer là où il faut sans avoir à chercher un parking. «Attention, c’est uniquement quand je me rends à une fonction officielle. Sinon, je galère pour trouver une aire de stationnement, comme tous les Mauriciens !» Et d’ajouter sur une note diplomatique : «Le plus grand avantage, c’est la reconnaissance dont on fait preuve envers nous lorsque nous accomplissons notre travail.»
Situation urgente
On pourrait faire une indigestion de bons mots. Rendons-nous, dès lors, à l’hôpital. Où certains sont plus égaux que d’autres mais pas tout le temps. Yatin Varma, lui, admet qu’il ne reçoit pas de traitement de faveur. «J’y étais pour accompagner un membre de ma famille. Son état était assez grave.» Mais sa position d’ancien Attorney General ne lui a pas valu un traitement de VIP. «Le service était déplorable. J’ai vu des médecins en pyjama. J’ai même dû enregistrer une plainte !» Ah ? «Oui. Des mesures ont été prises peu après.»
N’empêche, deux politiciens ont été directement admis à l’ICU cette semaine. Est-ce qu’on y expédie les VIP même si leurs bobos ne nécessitent pas de tels soins ? «Un parlementaire ne va tout de même pas se rendre à l’hôpital si le mal dont il souffre est mineur. S’il y va, c’est que la situation est urgente», fait valoir Vasant Bunwaree, ancien ministre de l’Éducation. Question santé, le médecin s’y connaît. D’ailleurs, il précise que le même traitement est accordé à tous ceux qui passent par les urgences. «Si un patient arrive dans une ambulance du SAMU, il ne va pas être inquiété par les formalités administratives.»
Être parlementaire, donc, c’est se contenter de peu de privilèges ? Il faudra tout de même compter, par ceux-là, l’aide d’un constituency clerk, une voiture hors-taxes, une allocation pour l’essence et un… fax. Ah oui, il y a l’ordinateur portable également, histoire d’être branché.
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