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Hemwantee Poorun dort à la belle étoile depuis un mois
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Hemwantee Poorun dort à la belle étoile depuis un mois
Cette femme de 63 ans vit sur le seuil de son appartement depuis un mois. Elle y a été expulsée car elle n’arrive plus à payer son emprunt contracté auprès de la Mauritius Housing Company (MHC) Ltd.
«Pe fer enn mwa depi ki mo pe dormi dehor», se lamente Hemwantee Poorun, vêtue d’une jupe, d’une blouse et d’un pull. Cette femme, toujours sous le choc, dit qu’elle n’arrive pas à croire ce qu’elle est en train de vivre.
Cela fait plus de 23 ans, raconte-t-elle, que son fils de 42 ans, qui souffre de psoriasis, et elle habitent un petit appartement de la National Housing Development Company Ltd (NHDC), situé à Upper-Dagotière. Or, explique Hemwantee, en raison de sa situation financière difficile, elle n’arrivait plus à rembourser l’emprunt qu’elle a contracté auprès de la MHC Ltd depuis plusieurs années. «Avan mo gagn lakaz, mo ti pe vers enn ti cass ek apre oci kan mo ena enn ti larzan, mo verse me depi lontan mo pa finn paye. Ni mwa, ni mo garson pa travay», confie-t-elle.
Avant l’ordre d’éviction, une lettre lui a été adressée pour l’informer de la décision de la MHC Ltd, reconnaît Hemwantee. Cette dernière indique qu’elle s’était ensuite présentée en Cour pour informer les autorités de ses problèmes financiers afin qu’elles trouvent ensemble une solution. «Me kan mo ti ale lacour zot ti dir ki zafer pou repasse parski ti mank bann representant minister», dit-elle.
Comment a-t-elle donc été néanmoins expulsée de sa maison ? s’interroge Hemwantee. «Mo pa pe kone kuma mo zafer inn fini diskiter ek inn fini pren decision tou», déplore-t-elle.
Hemwantee ajoute qu’elle ne peut oublier le jour de l’expulsion. C’est en compagnie de quatre policiers que deux cadres de la MHC Ltd sont venus chez elle. Ces personnes auraient jeté ses meubles, ses appareils électroménagers, ses vêtements et même sa nourriture, raconte Hemwantee, les larmes aux yeux.
Ses effets jetés dans la cour
Ce sont certains voisins qui l’ont aidée à mettre les meubles, qui avaient été jetés sur la rue, dans la cour. D’ailleurs, à l’arrière de la maison, on retrouve toujours quelques-uns de ses effets personnels, abîmés par les intempéries.
Depuis, c’est sur le seuil de cette maison que vit Hemwantee, qui a obtenu un morceau de bois, sur lequel elle dort, et une couverture pour faire face, du mieux qu’elle peut, à la fraîcheur. «Mo pe dormi ici. Pe fer frai, asoir lapli tombe, trempe mwa. En plis ek mo laz, mo ena plin douler», raconte-t-elle, impuissante. Elle se dit toutefois reconnaissante envers ses voisines, grâce à qui elle obtient deux repas par jour, ainsi que quelques vêtements.
Hemwantee a, par ailleurs, deux filles. Et cette mère ajoute qu’elle n’a pas eu d’autre choix que de confier son fils chez l’une d’elles. Mais Hemwantee, elle, ne veut pas s’imposer parce que ses filles sont déjà mariées et ont des responsabilités familiales. De plus, leurs maisons sont petites. «Mo pa kapav vinn enn fardo pu lezot dimunn.»
Déterminée à sortir de cette situation, elle a adressé une lettre à la présidente de la République, au ministre du Logement mais ces lettres sont restées sans réponse. «Je veux retourner dans la maison. J’ai demandé à la NHDC de m’accorder une dernière chance et je paierais petit à petit», lance désespérément Hemwantee.
Mamade Khodabacus, président du conseil d’administration de la MHC Ltd, a déclaré que comme la Cour a déjà statué sur le cas d’Hemwantee Poorun, il n’y peut rien. «C’est un closed case.»
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