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Les dettes de Gooljaury en cours de «write-off»
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Les dettes de Gooljaury en cours de «write-off»
Il fait partie d’une liste d’au moins dix clients de la MauBank qui devraient voir leurs dettes auprès de la banque étatique être effacées sous peu. Rakesh Gooljaury, ancien partenaire d’affaires de Nandanee Soornack et témoin vedette dans le procès intenté à l’ancien Premier ministre Navin Ramgoolam dans l’affaire Roches-Noires, devrait voir ses dettes totalisant les Rs 565,2 millions être written off par la banque étatique.
L’express est en possession d’une copie de cette liste dressée par le Credit Account Forum de la MauBank. Ce forum présidé par Said Lalloo, président du conseil d’administration de l’institution bancaire, s’est réuni le 22 septembre. Provision a été faite pour effacer des prêts non performants totalisant les Rs 821,5 millions. Dix clients y figurant ont chacun des dettes de plus de Rs 200 millions.
Parmi eux se trouve Rakesh Gooljaury, qui arrive d’ailleurs en tête de liste avec Rs 565,2 millions de dettes. Cette somme représente plus de 65 % du montant provisionné.
L’homme d’affaires, qui parvient toujours à être dans les bons papiers du gouvernement en poste, avait contracté ces prêts auprès de l’ex-Mauritius Post and Cooperative Bank (MPCB), alors dirigée par Rajiv Beeharry. Aujourd’hui, cette banque a fusionné avec la National Commercial Bank (ex-Bramer Bank) pour devenir la MauBank.
Dans le reste du tableau, on retrouve deux groupes, engagés l’un dans le textile et l’autre dans la métallurgie et proches de l’ancien régime. Le premier, qui a contracté un emprunt de Rs 107 millions, voit Rs 80,3 millions de ce montant être provisionnées pour un write-off.
Quant au groupe métallurgique, dont le propriétaire s’est rapproché depuis les dernières élections générales de l’alliance Lepep, il doit Rs 90,6 millions à la MauBank. Provision a été faite pour que Rs 53,5 millions de cette somme contractée auprès de l’ex-MPCB soient effacées.
Interrogé par l’express hier, le Chief Executive Officer de la MauBank, Sridhar Nagarajan, n’a pas souhaité faire de commentaire. Toutefois, une source proche du conseil d’administration nous a fait comprendre que «c’est un exercice normal pour une banque de faire des provisions pour des prêts non-performants et que cela n’empêche nullement la banque d’étudier toutes les options nécessaires pour recouvrer la somme due».
Ainsi, pour dix clients de cette liste, dont Rakesh Gooljaury, des actions légales ont été initiées par la MauBank. C’est ce que confirme l’avoué de la banque étatique, Me Robin Mardaymootoo. Il affirme que plusieurs procès intentés à Rakesh Gooljaury sont en cours actuellement, de même que des procédures pour les saisies de ses biens. «Je suis confiant de pouvoir trouver une issue favorable à cette affaire pour permettre à la MauBank de retrouver sa stabilité financière», a confié Me Mardaymootoo à l’express.
Implications bancaires
Le comité de crédit de la MauBank (Credit Account Forum) ayant siégé jeudi 22 septembre a ratifié une décision de «earmark for write off» une série de montants hérités, soit de la Mauritius Post and Cooperative Bank (MPCB), soit de la Bramer Bank, se montant à Rs 821 millions.
Un des avantages de faire de telles provisions, si elles sont acceptées par la Mauritius Revenue Authority (MRA), est que cela permet à une banque de ne pas payer, déraisonnablement, de taxes sur les profits opérationnels, si elle encourt de mauvaises dettes. Ainsi, mettons qu’une banque aligne des profits opérationnels de Rs 1 000 millions. Normalement, elle paiera 15 % de taxe sur ce montant, soit Rs 150 millions. Par contre, si elle peut convaincre la MRA de la pertinence de sa liste de provisions de Rs 821 millions, elle ne paiera de taxe que sur les Rs 179 millions de profits qui restent, soit Rs 26 millions – une différence de Rs 124 millions qui n’est pas à négliger.
Par contre, plus la liste de provisions acceptées par la MRA est importante, plus le capital social de la banque est érodé ! Il suffit, pour cela, de rappeler que les derniers comptes audités de la MPCB, au 30 juin 2015, par Grant Thornton, avaient souligné des provisions pour mauvaises dettes de Rs 1 948 millions (note 32), ce qui avait érodé le capital social de la MPCB de Rs 1 137 millions, jusqu’à l’os ! Cette situation avait d’ailleurs, malgré une injection de capital frais de Rs 500 millions au cours de cette année financière, laissé des fonds propres de seulement… Rs 72 millions et donc forcé l’auditeur à qualifier les comptes. En effet, la MPCB était alors, de facto, en infraction des clauses 20(1) et 20(2) du Banking Act 2004 qui exigent un capital social minimal de Rs 200 millions et/ ou du capital représentant 10 % de ses actifs «à risque».
Aucun bilan et/ou compte de résultat de la MauBank n’ayant été publié à ce stade, on ne saurait estimer les conséquences potentielles de cette nouvelle initiative au niveau des provisions. Notons cependant qu’une tentative de recherche de bilan de la MauBank, sur son site web, a pour résultat de générer les comptes au 30 juin 2015 de la… MPCB, mais seulement jusqu’à la page 37 ! Les pages 38 à 109, pourtant présentées comme formant «an integral part of these financial statements» et comprenant toutes les notes de bilan (dont les notes 23 et 32) sont inaccessibles.
Ce qui est certain, c’est que toute nouvelle insuffisance de capital de la Maubank, selon la clause 20(2) du Banking Act, mènera inévitablement à une nouvelle injection de capital, qui ne pourra que provenir de l’actionnaire, c’est-à-dire du citoyen contribuable…
Une déclaration du ministre des Finances à ce propos semble éminemment nécessaire.
Gel des opérations de 14 sociétés
<p>Les opérations des 14 compagnies de Rakesh Gooljaury ont été gelées par la Cour suprême le 23 mai 2016, à la demande de la MauBank et d’AfrAsia. Le juge Gérard Angoh avait émis en référé un ordre intérimaire interdisant à Rakesh Gooljaury et à son ex-femme, Anishtabye Natacha Ruggoo, de disposer de leurs biens ou de les transférer sans l’autorisation écrite de ces deux institutions bancaires. L’ex-partenaire d’affaires de Nandanee Soornack doit à ces deux banques plus de Rs 800 millions. Les deux administrateurs judiciaires, André Bonieux et Rajeev Basgeet, ont eu des difficultés pour obtenir les documents des compagnies de Rakesh Gooljaury. Ce dernier a eu recours à des tactiques dilatoires pour leur interdire d’accéder aux actifs et aux livres de ses compagnies. Les deux administrateurs ont eu recours à la justice et ont bénéficié d’un ordre sommant Rakesh Gooljaury de leur remettre tous les documents de ses compagnies. Parmi celles-ci on retrouve Fashion Style, Goman Ltée, Jack International Ltée, La Nicolière Development Ltée, Prites Ltée, Pro Fashion Ltée, Designer Labels Ltée et Express Roulette Ltée.</p>
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