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Maltraitance à Palma: des seniors «agressés au gourdin» dans un abri illégal
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Maltraitance à Palma: des seniors «agressés au gourdin» dans un abri illégal
Portail cadenassé, portes fermées. Cette maison à Palma intrigue. Le Benevolent Canteen Adult Shelter, comme l’indique le panneau à l’entrée, abrite des sans-abri. Toutes, des vieilles personnes qui seraient maltraitées. Le ministère de la Sécurité sociale, la police et la mairie de Quatre-Bornes, sont au courant de cette affaire. La semaine dernière, un fonctionnaire du ministère s’est rendu sur place mais est rentré bredouille devant le bâtiment cadenassé.
Des voisins que l’express a rencontrés sur place en fin de semaine dernière affirment que des vieilles personnes y séjourneraient en permanence. Charanjeet Dunputh, propriétaire de la maison louée depuis deux ans à Rosida Houjee, abonde dans le même sens.
«Il se passe des choses louches à l’intérieur», affirme notre interlocuteur qui nous a servi de guide lors de notre enquête sur place. «Madam pa la. Mo pa pou less ou rantré», a répliqué une dame au portail du Benevolent Canteen Adult Shelter. C’est grâce à des voisins, qui ont bien voulu nous ouvrir leur porte, que nous avons pu voir de plus près ce qui se passe à l’intérieur de la maison convertie en refuge. «Les locataires se bagarrent pour de la nourriture et j’ai souvent vu des hommes les agresser à coups de ceinture et de gourdin», allègue un voisin.
Cela fait trois ans que Rosida Houjee joue au chat et à la souris avec les autorités. Selon des informations recueillies auprès de la police et du ministère de la Sécurité sociale, une première plainte contre la gérante du Benevolent Canteen Adult Shelter a été faite en juin 2013. Des fonctionnaires du ministère y ont effectué une première visite le 19 juin 2013 et la gérante a été informée qu’elle n’avait pas le droit d’opérer une maison de retraite. En juillet de la même année, le cas a été référé à la police avant que Rosida Houjee ne soit arrêtée.
Descentes infructueuses
En 2014, la Divisional Supporting Unit obtient des renseignements sur la même protagoniste opérant une maison de retraite illégale à Glen Park, Vacoas, cette fois-ci. Une descente des lieux sera infructueuse.
Les locataires ont eu le temps de déserter le local. En décembre dernier, les enquêteurs sont sur une nouvelle piste qui les mène à Quatre-Bornes. Mais encore une fois, l’inspection se révèle improductive, le bâtiment étant vacant. En début d’année, c’est dans le vieux Quatre-Bornes que les policiers débarquent, à la suite de nouveaux renseignements et ils font chou blanc une nouvelle fois. Jusqu’à ce qu’ils apprennent qu’une maison de retraite serait tenue à Palma, la Benevolent Canteen Adult Shelter.
Atmaram Sonoo: «Nous allons faire évacuer ce centre»
Selon le maire de Quatre-Bornes Atmaram Sonoo, la mairie est au courant de cette affaire. «Nous allons faire évacuer ce centre de refuge illégal.»
Rosida Houjee: «Je fais du volontariat»
La gérante des lieux se défend et soutient opérer un centre de refuge pour sans-abri de 6 à 18 heures. «Je fais du volontariat et je n’ai rien à me reprocher», affirme Rosida Houjee à l’express. Elle explique qu’aucun de ses pensionnaires ne dort au centre, contrairement à «ce que disent les gens».
Toutefois, celle-ci avoue avoir été arrêtée dans le passé pour avoir opéré un centre de refuge illégal pour sans-abri. Elle ajoute qu’elle n’est pas rémunérée pour ce travail mais obtient des dons de la part de certaines entreprises. «Ce sont des travailleurs sociaux qui envoient des sans-abri au centre», explique la gérante. Quant aux agressions sur les pensionnaires, elle souligne qu’elle n’a jamais frappé ses «clients». Toutefois, elle avoue qu’il a pu y avoir des agressions: «mes fils vivent ici. Il se peut qu’il y ait eu des accrochages.»
Elle affirme qu’elle «compte quitter cette maison car elle est en mauvais état.» Pourquoi donc verrouiller les portes en permanence ? «C’est pour empêcher les toxicomanes d’y avoir accès. Ils viennent faire du désordre», dit-elle.
La police: «Nous avons déjà fait ce qu’il fallait»
«Nous faisons tout pour sortir ces gens de là-bas», affirme un enquêteur de la division Ouest de la police, que «l’express» a rencontré. Selon lui, le 1er décembre 2015, Rosida Houjee a été arrêtée pour «illegal unlicensed care home». Libérée après avoir payé une caution de Rs 8 000, Rosida Houjee a quand même continué à abriter des sans-abri. Cela, même si la police lui a demandé de ne plus le faire.
«On lui a fait comprendre que le permis qu’elle recherchait ne lui a pas été octroyé», affirme la source policière. Toutefois, l’enquêteur avoue que les forces de l’ordre ne peuvent intervenir à nouveau car «nous avons déjà fait ce qu’il fallait».
Fazila Daureeawoo: «Des actions seront prises très vite»
<p>Interrogée par <em>l’express</em>, la ministre de la Sécurité sociale confirme être au courant du cas <em>Benevolent Canteen Adult Shelter</em>. <em>«Mon ministère suit cette affaire de près et des actions seront prises très vite»</em>, affirme Fazila Daureeawoo. Et d’ajouter attendre un rapport des fonctionnaires incessamment, surtout après la visite infructueuse par un des fonctionnaires de son ministère sur place, la semaine dernière.</p>
<p>Par ailleurs, la ministre souligne que le <em>Residential Care Home Board</em> a rejeté la demande de permis de Rosida Houjee plus tôt cette année-ci. <em>«La gérante était attendue au ministère pour compléter les démarches, mais elle n’est jamais venue»</em>, dit la ministre.</p>
<p>Fazila Daureeawoo souligne toutefois qu’il faudrait également prendre en considération les pensionnaires et leur redéploiement dans d’autres centres. <em>«Nous prenons cette affaire très au sérieux. Depuis que je suis à la tête du ministère, trois maisons de retraite ont été sommées de fermer. Aucun cas de maltraitance sur les personnes âgées ne sera toléré»</em>, martèle-t-elle.</p>
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