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AirAsia X - Air Mauritius Les «partenaires» préparent la guerre
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AirAsia X - Air Mauritius Les «partenaires» préparent la guerre
«Des partenaires, pas des adversaires.» Derrière les discours convenus de leurs dirigeants respectifs, AirAsia X et Air Mauritius s’apprêtent à livrer bataille sur la route de Kuala Lumpur. Et l’agacement pointe déjà chez le transporteur national.
Des sourires sur tapis rouges, des «welcome» chaleureux et une communication millimétrée. «Non, AirAsia ne s’attaque pas à Air Mauritius. Nos deux compagnies ne sont pas concurrentes mais complémentaires», insiste le très «casual chic» Chief Executive Officer (CEO) du groupe, Datuk Kamarudin, casquette rouge et sans cravate. C’était mardi à l’aéroport. AirAsia X, filiale à bas coûts de la compagnie malaisienne, débarquait sur la ligne Kuala Lumpur-Maurice. Et avec elle un modèle «low-cost» combinant une baisse des prix et un service plus que basique. Le tout à raison de trois rotations par semaine, bientôt quatre.
Une ligne de «choc concurrentiel » pour Air Mauritius, qui feint face caméra de ne pas s’en inquiéter, alors que la compagnie propose sur cette même route des vols deux à trois fois plus chers que le prix d’appel d’AirAsia X (Rs 8 000 l’aller-retour). Bienvenue à eux, vraiment ? «Tous ces échanges de politesse, c’est de la politique», décrypte un acteur important du tourisme. «L’arrivée d’AirAsia est une bonne nouvelle pour les hôteliers, mais une mauvaise pour Air Mauritius. Non seulement ils brisent les prix sur une ligne déjà desservie, mais leur hub de Kuala Lumpur fragilise le projet de ‘couloir aérien’ avec Singapour.»
Les Malaisiens calment le jeu : «Nos ambitions ne sont pas menaçantes. L’objectifest d’emmener 150 000 nouveaux touristes asiatiques durant les deux prochaines années». Comment ? En ciblant une clientèle qui ne voyage pas oupeu, ce qui limiterait les dégâts pour Air Mauritius. «Je n’y crois pas une seconde», réplique froidement un dirigeant de la compagnie, qui développe : «Leur marketing ultra-agressif en dit long sur leurs véritables intentions. Distribuer un millier de billets à Bagatelle, c’est du jamais vu ! Qui croit encore que le marché local ne les intéresse pas ? Ils sont là pour faire de l’argent, point. Et pour cela ils puiseront dans les 16 000 passagers Mauriciens que nous transportons annuellement vers Singapour et la Malaisie.»
Argument déterminant : le prix, donc. L’internaute s’en rend compte au bout de quelques clics. Sur les plates-formes de réservation en ligne des deux transporteurs, il n’y a pas photo. Pour un départ ce moisci, AirAsia X est deux fois moins cher qu’Air Mauritius. Les agences de voyages affinent : «Selon la période, vous partirez pour 10-15 000 roupies chez l’un, contre 20-25 000 roupies chez l’autre, et avec une escale d’une heure à Singapour.»
Dans ces conditions, on se dit qu’Air Mauritius est bien partie pour se faire tailler des croupières. Sauf que voyager sur AirAsia X coûte plus cher qu’il n’y paraît. «À ce tarif-là, aucun service n’est inclus dans le billet», précise notre interlocutrice chez BlueSky, l’agence de voyage auprès de laquelle nous avons joué les futurs vacanciers. En clair, ce qu’Air Mauritius offre à ses passagers, AirAsia X le facture plein pot. Et ce, dès la réservation du siège. Le voyageur contemplatif côté hublot ou le pragmatique côté couloir ont ici un point commun : ils paient un supplément. Et même deux pour être assis sur un fauteuil un poil inclinable.
Ça continue avec les bagages : Rs 2 500 minimum l’aller-retour en soute, le double si la famille au complet transporte 40 kilos de shopping (Air Mauritius a ici trouvé la parade en offrant jusqu’à 69 kilos !). À bord, c’est moins méchant. La petite faim se négocie à Rs 100 le snack ou le soda, Rs 200 le plat chaud. Mais la note grimpe pour les frileux et les nuques délicates.
«Le client mauricien préférera toujours voyager avec un certain confort (…)»
La «location» du duvet est à Rs 750, celle du coussin à Rs 390. Le tout, sans écran vidéo. «Même avec tout ça, AirAsia reste bien meilleur marché», promet notre vendeuse. Un calcul vite fait lui donne raison.
Reste à savoir qui gagnera la bataille de Kuala Lumpur : le prix ou le confort. «Le client mauricien préférera toujours voyager avec un certain confort», se rassure-t-on chez Air Mauritius, où «les réservations pour l’instant ne faiblissent pas». Jusqu’à quand ? «Il y aura un impact, c’est sûr, prédit un pilote. Si les fonctionnaires et la classe supérieure resteront fidèles, ce ne sera pas le cas de la clientèle moins huppée, comme les étudiants, les familles nombreuses ou les travailleurs étrangers. Contre un prix très attractif, ils accepteront un minimum de confort.»
D’où la contre-offensive que prépare activement Air Mauritius. Des sources internes de la compagnie révèlent qu’elle s’apprête à monter en gamme sur la route de Kuala Lumpur, avec de nouveaux appareils et des cabines reconfigurées. Pas concurrent, donc…
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