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Shailen Sookha: «Même avec un concert ‘sold out’, on ne couvre pas les frais»
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Shailen Sookha: «Même avec un concert ‘sold out’, on ne couvre pas les frais»
Shailen Sookha est l’un des hommes derrière le concert d’A.R. Rahman, prévu pour le 10 décembre. D’ailleurs, depuis 2012, il nous peint un secteur Bollywood en pleine expansion.
Comment avez-vous fait pour qu’une grosse pointure du calibre d’A.R. Rahman donne un concert chez nous, le 10 décembre ?
Ce n’est pas Spelmedia, ma société, mais Stepmedia, qui organise ce concert. C’est avec mon ami très proche, Avishan Askurn, directeur de LGO, une société de réassurance, basée à Ébène, que nous avons créé cette nouvelle compagnie. Il m’en parle depuis deux ans. À l’époque, je lui avais répondu que c’était presque impossible, à cause du coût de la logistique.
Pas à cause du cachet de l’artiste ?
Non. A.R. Rahman is a good man. Meilleur que ce que je croyais. Il est très terre à terre. En général, avec les célébrités, ce sont les managers qui sont en avant. Je m’attendais à un bouclier autour de lui, avec au moins trois managers et autant de secrétaires. Lerla ou pa resi koz ar li. Mais ce n’est pas le cas.
A.R. Rahman vient avec combien de personnes ?
Il vient avec 41 personnes, pour un concert Intimate with A.R. Rahman qu’il faut obligatoirement faire en salle. Ce sont des musiciens, des chanteurs et l’équipe technique. Il y a un mois, deux personnes sont déjà venues pour voir l’hôtel et la salle de concert. Zot finn tchek tou. Évidemment, il sera dans un cinq étoiles. Il y a de grands noms qui n’ont rien trouvé à redire du quatre étoiles dans lequel ils ont été logés à Maurice.
Des noms ?
Shreya Goshal, she is my lucky charm. Pourtant elle est pratiquement aussi connue qu’A.R. Rahman, dans la diaspora. Même Sonu Nigam en 2013. Aussi longtemps qu’ils sont bien reçus, ils sont contents. Pour A.R. Rahman, j’avais négocié il y a deux ans, mais l’équipe voulait venir avec 80 personnes, ce n’était pas possible. Les négociations ont repris en janvier 2016. Nous avions d’abord décidé qu’en décembre, c’est Sanam Band qui allait revenir, mais le cachet est trop élevé.
Sanam Band est plus cher qu’A.R. Rahman ?
Entendons-nous bien. Sanam Band a fait deux concerts sold out chez nous. Si par exemple, j’ai fait payer les places à Rs 1 000 pour ces deux concerts, ce n’est pas juste que j’augmente le prix pour la même chose, parce que le groupe a augmenté son cachet. Surtout, que nous n’aurons pas de sponsors à Maurice pour le Sanam Band. Ils ne voudront pas être associés encore une fois au même artiste. C’est le principal problème.
Avec votre expérience, vous avez des difficultés à trouver des sponsors ?
Pas pour A.R. Rahman. Dans ce cas-là, ce sont les sponsors qui viennent vers moi. Pour moi, A.R. Rahman, it is the first time and the last time. C’est trop compliqué.Je ne suis pas le seul à avoir eu envie de faire ça. D’autres avant moi ont essayé. Demandez-leur. Ils savent à quel point c’est dur. Pourtant ils y étaient presque. Ce qui a fait la différence dans mon cas, c’est mon expérience de l’événementiel et mes contacts à Bollywood. Je suis à mon 14e concert depuis que j’ai commencé en 2012. J’ai une grande expérience parce que je suis diplômé en musique. J’ai aussi rencontré A.R. Rahman à Londres, l’année dernière. C’est un plus. Sans oublier le partenariat avec Avishan Askurn. Seul, je n’aurais pas pu le faire.
Comptez-vous rester dans le créneau bollywoodien ou envisagez-vous de diversifier les artistes ?
Il y a déjà des organisateurs qui font venir des artistes européens à Maurice. Mo péna sa manier al pran travay enn lot dimounn-la. Je suis venu à Maurice pour faire des concerts autrement. Amenn gran artis.
Vos concerts sont-ils rentables ?
Pas nécessairement. C’est un business. Il faut minimiser les risques. Même avec un concert sold out, on ne couvre pas les frais.
Pas même une seconde date ?
Le cachet de l’artiste va doubler. Si vous faites deux concerts à la suite avec le même artiste, le public est divisé. Au final, vous avez un concert à 80 % rempli, l’autre à 60 %. Alors que les frais restent les mêmes.
Y a-t-il un plafond à ne pas dépasser pour le prix des billets ?
Cela dépend de l’artiste. La limite pour les artistes de Bollywood tourne autour de Rs 2 500, un maximum de Rs 2 700. Pour les plus connus, cela ne doit pas dépasser Rs 3 000.
Pour A.R. Rahman ?
Bien sûr, ce sera plus élevé. Je vais l’annoncer demain en conférence de presse.
Les meilleures places sont offertes aux personnalités et hommes politiques, pourquoi cette pratique ?
C’est un protocole. Il faut les inviter. C’est notre devoir.
Ces personnes ont les moyens de payer.
Zot rod péyé, mwa ki réfizé. La culture est très importante à Maurice. Ce sont ces mêmes personnes qui par la suite font la promotion de la culture. C’est bien qu’elles voient la qualité de la musique qu’il est possible de produire à Maurice. Pourquoi est-ce que Maurice ne peut pas créer l’artiste qui va se produire dans les mêmes conditions ? Quand le Premier ministre vient et que l’artiste se fait photographier avec lui, cela a un impact en Inde.
Qu’est-ce qui vous a poussé à devenir organisateur ?
C’est ma passion pour la musique. Je suis né dedans, papa est musicien. J’ai étudié la musique en Angleterre, à l’université de Reading. J’ai fait des études d’ingénieur du son. J’ai travaillé à Universal Music. J’ai aussi passé un an en Inde, en stage auprès de plusieurs directeurs musicaux.
D’où vos contacts à Bollywood ?
Les contacts sont venus grâce à mon travail. Ma société fait du video editing pour des chaînes comme Star Plus. J’ai aussi une connaissance des droits d’auteurs. Ce qui existe à Maurice, ce n’est rien comparé à ce qui se fait ailleurs.
Vous n’avez pas encore toutes les autorisations pour ce concert ?
Vous savez, c’est un système. Si ou rod lager avek enn sistem… Nous allons respecter les lois, mais il y a encore de petites choses à régler. It’s not my job. C’est aux autorités d’agir. Je rencontre beaucoup d’obstacles.
Des exemples ?
Pendant les négociations, d’autres personnes ont tenté de détourner le projet. Quand cela arrive, cela perturbe l’artiste.
Et fait monter les prix ?
Parfois oui. Mais pas dans le cas d’A.R. Rahman. Il aurait pu faire monter les enchères.
Quel regard portez-vous sur les autres organisateurs de concerts bollywoodiens ?
Ou pa pou krwar mwa. J’ai déjà travaillé avec 90 % d’entre eux. Kan ou al fer tousel, ou al konié. Je préfère la collaboration. Prenez Hariharan. Ce n’était pas moi. Monn zis manage li. C’est l’organisateur qui m’a approché. Pareil pour Avinash Teeluck et U-Magic, qui a fait le concert de Vidya. Aujourd’hui, il nous soutient pour A.R. Rahman. C’est un ami qui fait Kailash Kher le mois prochain. Toulézour nou kozé. Il y en a probablement un seul avec qui je n’ai jamais parlé à Maurice.
Maurice est petit. Je préfère la collaboration plutôt que sakenn al manz so kamarad. En 2013, il y avait le concert de Sonu Nigam et la veille celui d’Adnan Sami. L’un des deux n’a pas marché. Je ne veux pas que cela se reproduise. Il faut qu’il y ait au moins un intervalle d’un mois à six semaines entre chaque concert. Il faut établir un calendrier. Mauritius is Bollywood-driven. Mais il ne faut pas qu’on soit saturé, à cause du pouvoir d’achat.
Sommes- nous proches du seuil de saturation ? Non. Si nous voulons faire des concerts de qualité, il faut prendre des risques calculés. Ce sont les artistes connus qui marchent. Même si un artiste moins populaire est d’un très bon niveau, cela risque de ne pas marcher. À l’exception du Sanam Band et de Vidya qui sont d’abord des craze sur Youtube. Ce sont les jeunes qui ont fait la différence. L’année prochaine, on fera des choses différentes, mais je ne vous dirai rien, pour que personne ne pique mes idées. Ceci dit, Shreya Goshal reviendra. Le nombre de ses fans à Maurice est proche de celui d’A.R. Rahman.
Revenons à vous. Vous partagez toujours votre vie entre l’Angleterre et Maurice ?
Je suis rentré définitivement l’année dernière. J’ai un bureau en Grande-Bretagne, j’y vais tous les trois mois. J’ai aussi un bureau à Bombay. Nous venons d’y lancer une société d’événementiel. J’aurais aimé un jour aider des jeunes à percer à Bollywood.
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