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Hôtellerie: des pertes sèches de Rs 100 millions par mois

12 octobre 2016, 14:00

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Hôtellerie: des pertes sèches de Rs 100 millions par mois

La livre sterling a perdu 16 % de sa valeur depuis juin. Une situation qui a des répercussions sur les recettes des hôteliers, d’autant plus que les touristes du Royaume-Uni pèsent quelque Rs 5,6 milliards.

Les hôteliers tirent la sonnette d’alarme. L’effet direct de la dépréciation de 16% de la monnaie britannique – occasionnée depuis juillet dernier suivant le Brexit – entraînerait des pertes sèches de Rs 100millions chaque mois. Et comme les conséquences économiques du vote des Britanniques en faveur de la sortie de l’Union européenne (UE) risquent de perdurer des mois durant, l’industrie hôtelière locale pourrait faire face à des pertes totalisant Rs 600 mil- lions d’ici à décembre.

François Eynaud, Chief Executive Officer du groupe Veranda Leisure & Hospitality (VLH), concède que le pôle hôtelier du groupe Rogers subit depuis quelques mois déjà l’effet de cette dépréciation. «Les touristes britanniques représentent aujourd’hui 25 % de notre clientèle européenne. Avec un taux de change peu favorable de la livre sterling face à la roupie, les hôtels du groupe engrangent déjà moins des revenus. Une situation qui influe négativement sur les finances de VLH.»

En fait, depuis juin, la livre a perdu 16% de sa valeur face à la roupie. Hier elle s’échangeait à Rs 43 contre Rs 53 suivant le vote du Brexit.

La situation est suivie de près par l’Association des hôteliers et restaurateurs de l’île Maurice. Le directeur de l’organisme, Jocelyn Kwok, rappelle que le pays accueille presque 10 % de touristes britanniques, qui contribuent en moyenne Rs 5,6 milliards aux recettes totales de cette industrie. «Les touristes britanniques ont la particularité de passer de longs séjours tout en dépensant gros.»

Jocelyn Kwok ajoute qu’en 2015, la croissance des arrivées touristiques du Royaume-Uni était supérieure à celle de l’industrie en général, soit 12,5% comparativement à 10,9%. Or, dit-il, cette année, plus particulièrement pour la période se terminant au 30 septembre 2016, la croissance du marché britannique a été en-deçà (8,2%) de celle de l’industrie (9,7%).

Ce qui amène Jocelyn Kwok à affirmer que des actions doivent être menées sur plusieurs fronts pour contenir l’effet de la dépréciation de la livre sterling sur la roupie. D’autres spécialistes, quant à eux, soutiennent que le taux de change actuel de la monnaie britannique peut être bénéfique à d’autres secteurs. Parallèlement, le comité mixte, présidé par le ministre des Finances Pravind Jugnauth a déjà fait un certain nombre de recommandations susceptibles de rendre les exportations sur le marché britannique plus compétitives.

Pressions

François Eynaud prévoit toutefois un regain de vigueur de la monnaie britannique, une fois qu’il y aura «davantage de visibilité sur le type de relations qui existera entre la Grande-Bretagne et l’UE». D’ores et déjà, le Premier ministre conservateur Theresa May a annoncé que le Royaume-Uni invoquerait l’article 50 du Traité européen avant la fin de mars 2017. Cet article régit la sortie d’un membre de l’UE dans un délai de deux ans.

En attendant, à Maurice, il n’y a pas que le tourisme qui fait les frais de cette situation. Le textile et dans une moindre mesure, les exportations de thon, facturées en dollars. «Au vu des chiffres rapportés par les opérateurs du textile et de l’habillement pour les trois derniers mois, il y a de sérieuses raisons d’être inquiet pour nos exportations sur le marché britannique», constate la directrice de la Mauritius Exports Association (MEXA), Lilowtee Rajmun.

Or, une monnaie plombée par la dépréciation exerce de fortes pressions sur les marges de profits, surtout en ce qui concerne les commandes de la prochaine saison. De plus, le coût de production ne peut être ramené davantage, de peur de pousser ces entreprises à opérer à perte.

Doit-on s’attendre à des risques de licenciement dans ce secteur ? La directrice de la MEXA estime que tout dé- pendra de l’évolution de la situation et que son association se chargera de réclamer l’exécution de mesures post-Brexit, dont celle portant sur un rabais de 40% sur le fret aérien.