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Kervyn Rayeroux : évoluer et faire évoluer les autres

15 octobre 2016, 12:00

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Kervyn Rayeroux : évoluer et faire évoluer les autres

Kervyn Rayeroux, 43 ans, vient de faire son entrée dans le club très sélect des directeurs d’hôtels. Il n’en tire pas de fierté excessive, mettant ce qui lui arrive sur le compte d’un investissement personnel pour devenir directeur de la restauration, et sur les occasions de progression mises à sa portée par Beachcomber. «Je ne m’attendais pas à aller aussi loin. Je voulais être directeur de la restauration. Tout ce qui est venu après est un bonus», insiste-t-il.

Il a beau être General Manager (GM) du Canonnier Beachcomber Golf Resort & Spa, un quatre étoiles, il ne s’embarrasse pas de prérogatives. Il n’hésite pas à ramasser une plume de pigeon devant le comptoir de la réception et la jeter dans la poubelle. Un peu plus loin, son regard scanne le restaurant et remarque une stagiaire. Avoir l’oeil à tout, c’est un peu ça être GM.

Ceux qui ont connu Kervyn depuis l’enfance ont toujours noté son regard aiguisé. Lui et sa soeur Shirley ont pour mère une grande dame de l’athlétisme, Monique Rayeroux, ancienne enseignante d’éducation physique au Lorette de Quatre-Bornes, emportée par un cancer à 43 ans. Son père, Yvon, était jusqu’à sa retraite chef d’atelier à l’express.

C’est au Lorette de Vacoas et au collège du St-Esprit que Kervyn fait ses études. Il opte d’abord pour les matières scientifiques, car son rêve d’enfant est de devenir pilote d’avion, après avoir lu à cinq ans son tout premier livre intitulé Pilote d’Essai. Comme il adore dessiner, talent qu’il tient de sa mère, il prend neuf matières au programme d’études en FormV. En Form VI, il opte pour le dessin, le français et les mathématiques comme matières principales. Il obtient un A en dessin. Kervyn se voit bien dans la peau d’un graphiste, mais son père le décourage, arguant que ce métier nourrit mal son homme.

Le temps d’être fixé, il se laisse embaucher par la Mauritius Commercial Bank comme Relieving Clerk et, en dix mois, il tourne dans 20 succursales. «C’était très enrichissant. Mais je ne suis pas un bureaucrate.» Kervyn réalise que les métiers routiniers ne sont pas pour lui. N’étant pas plus avancé quant à son choix de carrière, il décide d’aller étudier la Business Science à l’université de Cape Town en Afrique du Sud. Au bout d’un an, Kervyn jette l’éponge car avec cette formation, il se retrouvera justement assis derrière un bureau. Il regagne Maurice. Cherchant le dépaysement, il apprend qu’il y a un poste vacant au sein du département des relations publiques à l’hôtel Shandrani Beachcomber. Il est partant, d’autant plus que l’aéroport n’est pas loin et que cela lui permettra d’entendre voler les avions qu’il affectionne tant. Il passe l’entretien et est retenu. Il apprend le b.a.-ba du métier d’assistant des relations publiques avec la PR Manager, Martine Jasmin.

Kervyn apprend, au bout de cinq mois, que l’hôtel Le Paradis Beachcomber recrute des jeunes pour les former comme Food and Beverage Management Trainee. Voilà sa chance. Il passe l’entretien et sa candidature est retenue. Il fait le tour des départements. «J’ai passé un an en cuisine, dix mois au restaurant et six mois dans les différents départements. Bien que ce fut très dur, j’ai beaucoup appris, surtout à respecter chaque métier de l’hôtellerie. Outre le respect, j’ai développé plus de compréhension pour chacun de ces métiers.»

Kervyn voulant être directeur de la restauration, la direction de Beachcomber lui offre la chance de se former. C’est ainsi qu’il est envoyé suivre un cours auprès de l’école Le Cordon Bleu à Paris, où il obtient un certificat de cours de cuisine de base. L’année suivante, c’est à l’Hotel School de l’université de Cornell, à New York, qu’il apprend et obtient son certificat en Food and Beverage and Restaurant Management. Après quoi, c’est le certificat de Hospitality Management et F&B Management qu’il décroche après une autre formation à l’université de Cornell.

Au cours de ses périples, il a l’occasion de faire un stage au Plaza Athénée à Paris mais aussi chez Guy Savoy, trois étoiles Michelin où il est autorisé à mettre la main à la pâte. En 1999, il est nommé manager du restaurant Blue Marlin où il reste en poste deux ans. Il est choisi pour faire l’ouverture de l’hôtel Dinarobin Beachcomber en tant que manager de restaurant et Acting Assistant F&B Manager. Il aime être sur le terrain et adore la proximité avec la clientèle. Et tout l’aspect administratif du poste, il le fait en journée lorsque les clients se reposent ou bronzent ou après 23 heures.

La direction du groupe l’envoie suivre aussi une multitude de cours, de tours éducatifs et de salons du tourisme dans plusieurs pays. On lui offre aussi l’opportunité de faire son Masters en tourisme et hospitalité auprès de l’université de Birmingham via les chargés de cours qui viennent enseigner une semaine au Rushmore Business School et le reste des modules, il les prend en ligne. Kervyn travaille et étudie comme un forcené tout en réalisant son objectif d’être nommé directeur de la restauration à 31 ans.

Cet investissement est payant car à 35 ans, son Masters en poche, il est alors envoyé comme Resident Manager de Beachcomber Seychelles Sainte Anne. Pour lui, c’est le rêve car c’est une occasion de s’expatrier, tout en restant au service du même groupe. Ayant épousé Agnès Ithier, responsable du spa à l’hôtel Sainte Anne, le couple revient à Maurice lorsqu’il devient parent de Laurent, aujourd’hui âgé de six ans. Il est nommé Executive Assistant Manager du Dinarobin. Un an plus tard, Kervyn, son épouse et leur bébé repartent au Beachcomber Seychelles Sainte Anne pour encore trois ans et demi jusqu’à ce qu’Agnès Rayeroux soit sur le point d’accoucher de la petite Chanelle, qui a aujourd’hui 21 mois. «Nous décidons de rentrer car cela n’aurait pas été pratique avec un nouveau-né et Beachcomber m’a permis de le faire.»

Après avoir été envoyé dans ce quatre étoiles qu’est l’hôtel Canonnier Beachcomber comme Resident Manager, un an après, il est nommé Hotel Manager et dix mois ensuite GM. Le plus gros challenge pour lui jusqu’ici a été de «gérer l’humain et les clients qui sont de plus en plus exigeants car ils peuvent comparer les offres rien qu’avec un clic de souris».

Il se dit fier d’appartenir à un groupe où la méritocratie prime et où le rebranding récent est venu formaliser les valeurs existantes et en rajouter d’autres, qui seront toutes transcrites en attitudes. Jusqu’où compte-t-il grimper dans la hiérarchie de Beachcomber? Il n’en a aucune idée. «Être GM, ce n’est qu’un titre. L’expérience viendra avec le temps. Ce qui m’intéresse et me procure plus de satisfaction, c’est de faire grandir mon équipe. Ce faisant, c’est ce qui m’emmènera plus loin. Comme disait ma mère : ‘Qui vivra verra’…»