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Prem Saddul-Bagatelle Dam: «Le taux d’acidité de l’eau risque d’être plus élevé»

21 octobre 2016, 15:03

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Prem Saddul-Bagatelle Dam: «Le taux d’acidité de l’eau risque d’être plus élevé»

Le géomorphologue continue à tirer la sonnette d’alarme concernant les projets de l’État. Et il fustige le fait que l’on ne l’écoute pas.

Un mois après avoir essuyé des critiques pour avoir prévenu que le Bagatelle Dam pourrait se fissurer, vous avez souhaité réagir.
Au lieu de me demander des explications, on m’a traité de malade psychiatrique. Les politiciens arrogants et ignorants finissent toujours dan karo kann.

Je maintiens ce que j’ai dit. Les roches basaltiques en provenance de la montagne d’Auvillard sont contaminées par la pyrite (disulfure de fer). Plus de 700 000 m3 de ces roches ont été acheminées vers le barrage de Bagatelle. J’étais sur le site récemment et j’ai fait des prélèvements de roches et du rocksand. Je confirme la présence de ce minerai dans ces pierres.

La pyrite se dégénère au contact de l’eau. Le barrage se fissurera ou s’affaissera dans dix ou 20 ans. De plus, comme cette matière contient du soufre, lors de sa dégradation, le taux d’acidité de l’eau en provenance du réservoir sera plus élevé que la normale. La Central Water Authority aura à dépenser plus d’argent pour le traitement de l’eau.

Les ingénieurs insistent que le barrage ne cédera pas.
Je ne parle pas de la structure du barrage. Je fais référence aux matières utilisées pour sa construction. Je parle de la géologie. Ces ingénieurs ont dit que pratiquement toutes les montagnes de Maurice contiennent de la pyrite et pourtant elles ne cèdent pas. C’est faux. Les roches basaltiques qui y sont présentes contiennent, effectivement, du fer, mais le pourcentage de pyrite est moins élevé que celui de la montagne d’Auvillard. D’ailleurs, c’est la spécificité de cette montagne. En Chine, des barrages et des maisons ont cédé à cause de la pyrite.

Selon le plan du barrage, la partie étanche ne contient pas de pyrite ; il y a du béton. Vous croyez toujours qu’il y a un risque qu’il cède ?
Tout autour du béton, il y a un mur de pierres en provenance de la montagne d’Auvillard. Les échantillons prélevés contiennent de la pyrite. C’est dommage qu’on ne me croit pas. C’était la même chose lors de la construction de la route Terre-Rouge–Verdun. On ne m’avait pas cru.

Qu’avez-vous fait pour Terre-Rouge–Verdun ?
J’avais adressé une correspondance au ministre de l’époque et à son secrétaire permanent en novembre 2009 ou début 2010, leur disant de ne pas construire sur la cendre volcanique dans la région de Ripailles. On n’avait pas pris en considération mon conseil. Maintenant, on dépense des millions pour des réparations. En janvier 2015, le gouvernement m’avait engagé comme consultant après les premières fissures sur cette route à la hauteur de Valton. J’avais dit que le problème n’était pas dans cette région, mais un peu plus haut. D’ailleurs, c’était dans la presse. Effectivement, quelque temps après, il y a eu des glissements de terrain à Ripailles.

Pour quelle raison, selon vous, ne vous écoute-t-on pas ?
Je ne sais pas. Même lors de la construction de la nouvelle route à Macondé, j’avais écrit au ministre des Infrastructures publiques d’alors pour lui dire qu’il ne faut pas construire sur des beach rocks, du sable et des coraux devenus compacts. C’est un patrimoine géologique qui donne des indications sur le niveau auquel se trouvait la mer autrefois à Maurice. Si on veut faire des recherches géologiques plus tard, il faut les conserver. Il n’y a que trois sites où l’on trouve des beach rocks à Maurice. À la suite de ma lettre, j’ai reçu cette réponse : «Prem, akoz enn ros to pé rod dévié larout…»