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Fièvre aphteuse: les éleveurs n’ont pas repris du poil de la bête

23 octobre 2016, 15:00

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Fièvre aphteuse: les éleveurs n’ont pas repris du poil de la bête

La fièvre aphteuse est-elle chose du passé ? Si l’importation des bovins a repris et que l’abattoir de la Mauritius Meat Authority tourne à plein régime, la situation est loin d’être simple pour tout le monde. Certains éleveurs sont toujours à terre et ont du mal à se relever.

À l’instar de Yousouf Kinnoo. Sa petite ferme, située sur le flanc de la montagne, à Vallée-des-Prêtres, est dans un sale état. L’enclos, qui vivait au rythme des beuglements et le bruit sourd des sabots sur l’herbe, est aujourd’hui désert. Même les mouches ont plié bagage.

La terre aride et craquelée, la poussière qui virevolte, occupent désormais ce lieu qui grouillait il y a quelques semaines encore de vie. Seul le grincement des gonds d’une porte vient parfois briser le silence pesant.

Les 80 bêtes de Yousouf ont été abattues. Il a certes reçu une compensation mais comme il ne peut plus travailler, l’argent se réduit comme peau de chagrin. «Dan sa 80 zanimo-la, ti ena 20 vas ki ti plenn. Sa si inn perdi é pa pou gagn kompansasion pou sa. Personn pa pé dir nou ki bizin fer. Nou ziss koné nou pa kapav répran lelvaz.» Sa femme renchérit : «Népli éna kass pé rantré. Ena boucou ti fermié par isi ki couma nou

Le ministère de l’Agro-industrie, lui, a fait savoir que «toutes les précautions sont prises pour éradiquer le virus avant de pouvoir parler d’un retour à la normale». Ainsi, après la campagne de vaccination qui avait débuté au mois d’août, place désormais aux piqûres de rappel. Entre 48 000 et 52 000 bêtes sont concernées.

Le nombre de bovins reste maigre

À Soreefarm, c’est chose faite depuis une semaine. Et même si selon Ali Soreefan, responsable de la ferme, les «affaires» ont repris, le nombre de bovins reste maigre : il y en a une cinquantaine.

Il précise que sa ferme n’avait pas été infectée et qu’il n’y a pas eu d’abattage à Soreefarm. «Mais comme l’épizootie a fait des ravages dans la région, nous devons respecter les règlements.» Pour l’instant donc, pas de nouveau venu sur la ferme. Les animaux importés atterrissent directement à l’abattoir. Dans une trentaine de jours, Soreefarm sera désinfectée par les vétérinaires du ministère.

Mais cette étape ne rime pas pour autant avec la fin des procédures. Il y en a d’autres à respecter avant que les éleveurs ne voient gambader de nouvelles vaches dans leur pré. «Il faudra tout d’abord surveiller de près la désinfection. Après, il faudra placer ‘une sentinelle’ sur les lieux pour voir si tout va bien», souligne le Dr Deodass Meenowa, vétérinaire en chef au ministère de l’Agro-industrie. Pas question, dit-il, de prendre le risque d’infecter encore une fois le cheptel.

Une sentinelle ? À qui, à quoi fait-il allusion ? Il s’agit tout simplement d’un bœuf en bonne santé qui fera office, en quelque sorte, de rat de laboratoire. Il sera introduit dans la ferme et s’il ne présente aucun signe de maladie après un certain temps, c’est que la méthode a marché.

Questionné sur le timing de cette désinfection, le vétérinaire a préféré donner sa langue au chat.