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Drogue de synthèse: Accro à 16 ans, il raconte sa descente aux enfers
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Drogue de synthèse: Accro à 16 ans, il raconte sa descente aux enfers
C’est durant sa première année au collège qu’il a essayé, pour la première fois, le cannabis. Avant d’enchaîner avec de la drogue synthétique et de l’héroïne. Depuis environ un an, il tente de s’en sortir.
Tout a commencé par une cigarette. À 11 ans, il grillait déjà sa première clope. Et aujourd’hui, du haut de ses 16 ans, l’adolescent affirme avoir consommé du cannabis, de la drogue synthétique ou encore de l’héroïne, à la recherche du plaisir, toujours plus fort… Rencontre avec ce jeune accro à la drogue, qui essaie tant bien que mal de s’en sortir depuis environ un an.
Issu d’une fratrie de cinq enfants, l’adolescent avoue avoir toujours préféré être en compagnie des plus grands. Il soutient que ses fréquentations ont été en grande partie la cause de ce qu’il est devenu aujourd’hui: un jeune drogué sans éducation.
L’adolescent raconte qu’il a, en deux fois, échoué aux examens du Certificate of Primary Education. Il a, par la suite, dû se diriger vers la filière Prevoc. Et c’est durant sa première année au collège qu’il essaie, pour la première fois, le cannabis en s’approvisionnant auprès de ses amis.
Après un an au collège, il se fait renvoyer pour mauvaise conduite et s’inscrit dans une école privée. Mais il passe le plus clair de son temps avec ses «amis». C’est d’ailleurs à travers eux qu’il entend parler de la drogue synthétique. «Tou dimounn ti pé koz Strawberry. Mwa osi mo’nn séyé.»
Au début, les dealers lui offrent des doses gratuites. «Sinté ti enn nisa apar.» Consommer cette drogue entraîne dès les premières doses des courbatures et des pertes de connaissance, avance-til. «Apré kan lékor abitié, korek selmen.»
Mais que se passe-t-il lorsque les doses auxquelles le jeune est devenu accro ne sont plus gratuites ? Il arrête l’école et prend du travail pour se payer sa drogue. C’est sur un camion qu’il se fait les Rs 400 dont il a besoin pour ses doses quotidiennes, lâche-t-il.
Bien vite, les effets néfastes de la drogue de synthèse deviennent de plus en plus durs à supporter. Toutefois, il ne peut pas non plus s’en passer. Cherchant quelque chose de plus fort, il se tourne vers l’héroïne et tombe vite malade. «Mo vant ek latet ti pé fermal. Ti pé gagn flem…»
Depuis environ un an, il essaie de sortir de cet enfer. Ses parents l’ont emmené au centre de désintoxication Idrice Goomany, où on lui prescrit un traitement. Mais bien vite, les crises de manque font surface et deviennent plus fortes.
Le manque de volonté lui fait dé- faut et il chute une première fois. Et le temps d’une semaine, il recommence à «s’injecter». Mais avec l’aide de ses parents, il se tourne vers l’ONG AILES (Aide, infos, liberté, espoir et solidarité). Celle-ci lui offre un suivi psycho- logique et l’emmène dans un centre de réhabilitation de l’État. Mais là-bas, on lui refuse l’accès car il est mineur.
L’ONG AILES propose donc d’apporter le jeune voir un psychiatre privé, qui lui offre la consultation à moitié prix. Celle-ci est prise en charge par l’organisation. Cependant, pour les médicaments, c’est aux parents du jeune homme de les payer.
Que fait l’État pour sortir de sa torpeur ? Le ministère de l’Égalité du genre a décidé, en juillet, de mettre en place une stratégie nationale de prévention chez les mineurs. Cela, alors que les autorités semblaient faire fi de la situation «alarmante» de la drogue synthétique à Maurice.
Quelles solutions pour les mineurs?
<p>Une source au ministère de la Santé explique que l’adolescent aurait dû être référé à l’hôpital Brown-Séquard. Les centres de réhabilitation ne se chargeraient, donc, pas des mineurs. <em>«Surtout concernant les drogues synthétiques, il n’y a pas de traitement qui peut être prescrit en centre.»</em> Du côté de l’ONG AILES, la coordinatrice Brigitte Michel précise qu’il n’y a pas de solution pour des mineurs actuellement. <em>«En plus de ne pas avoir accès à un traitement dans des centres près de chez eux, l’attente est longue pour se faire consulter par un médecin.» </em>Cette période d’attente pourrait faire que les jeunes perdent la motivation de s’en sortir, selon elle. D’autant plus, fait-elle comprendre, qu’il est crucial que les jeunes reçoivent un support moral et psychologique. Il faudrait une réponse nationale à ce phénomène, fait valoir, pour sa part, Imran Dhanoo, directeur du centre Idrice Goomany. Bien que la drogue de synthèse soit un problème qui affecte surtout les jeunes<em>, «tout le monde est à risque»</em>.</p>
Stratégie nationale contre le rajeunissement des toxicomanes
<p>Si le ministre de la Santé, Anil Gayan, est dans le déni, Aurore Perraud semble, elle, bien consciente du problème. Le ministère de l’Égalité du genre a ainsi décidé de mettre en place un programme de prévention contre l’abus de drogues de synthèse. D’ores et déjà, un comité interministériel a été mis sur pied pour travailler sur ce programme. Comité composé de représentants du ministère de l’Éducation, de la Santé, de la Sécurité sociale et de la Jeunesse et des sports. À ce jour, il s’est rencontré une fois. Deux autres ateliers de travail ont aussi eu lieu avec des ONG et autres parties prenantes, dont l’Anti Drug and Smuggling Unit. Celles-ci ont pu partager leur expérience sur le terrain. La brigade antidrogue, par exemple, aurait fait ressortir que des enfants aussi jeunes que cinq ans seraient accros à la drogue synthétique.</p>
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