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Pearse Flynn: «Maurice devrait revoir son cadre légal pour permettre aux gens d’honorer leurs dettes»

26 octobre 2016, 15:00

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Pearse Flynn: «Maurice devrait revoir son cadre légal pour permettre aux gens d’honorer leurs dettes»

Pearse Flynn a procédé la semaine dernière au lancement officiel, à Maurice, de Creditfix, société spécialisée dans l’insolvabilité. Le CEO de l’entreprise britannique nous parle de sa stratégie et des ambitions de la branche mauricienne du groupe. La principale caractéristique de Creditfix: l’emploi des jeunes diplômés mauriciens.

Dites-nous en plus sur Creditfix et vos ambitions pour Maurice…

Creditfix est une entreprise privée spécialisée dans les problèmes d’insolvabilité chez les particuliers. Je dois dire à ce propos que le Royaume-Uni a une très bonne législation en ce sens, un cadre légal qui vise à permettre aux gens de pouvoir honorer leurs créances au lieu de crouler sous les dettes. Ce cadre légal s’apparente beaucoup à celui des entreprises privées. Cela leur permet de trouver un arrangement pour honorer leurs dettes au lieu d’être forcés à cesser leurs activités. Nous aidons donc les individus à rembourser leurs dettes sous ce cadre légal.

L’arrangement est juridiquement contraignant (legally binding) et dure cinq ans, période au cours de laquelle le client doit avoir payé toutes ses dettes. En ce qui concerne la branche mauricienne, celle-ci sera chargée de suivre le dossier des clients se trouvant au Royaume-Uni, soit une base de clientèle de plus de 33 000 personnes, et ce, durant les cinq prochaines années. À savoir que ce nombre ne cesse d’augmenter.

Les employés feront le suivi de la clientèle chaque année, d’autant plus que nous avons le devoir de faire ce suivi une fois par an de manière à être au courant du statut professionnel du client. Par exemple, si celui-ci a un emploi avec un salaire plus élevé, il doit augmenter la somme due à ses créanciers. Si en revanche, il en vient à perdre son emploi, ce montant peut être révisé à la baisse.

Quelles sont vos ambitions pour Maurice ?

En ce qui concerne Maurice, je dois dire que nous avons été agréablement surpris de la qualité des ressources humaines ici. Fait intéressant : 80 % de nos employés sont des femmes. Le travail que nous faisons est surtout légal et requiert une attention particulière aux détails.

Vous avez justement souligné que vous souhaitez employer des jeunes diplômés mauriciens au sein de la branche locale de Creditfix. D’ailleurs, vous avez déjà recruté une cinquantaine de personnes. Quelle est votre stratégie par rapport aux ressources humaines à Maurice ?

Ma philosophie pour l’entreprise est surtout centrée sur les ressources humaines. Mon premier critère de recrutement est d’abord l’attitude, et en deuxième lieu, les compétences techniques. Je peux avoir une personne avec les meilleures connaissances techniques. Mais s’il a des compétences interpersonnelles d’un hérisson, cela ne marchera pas pour moi ! La personne doit impérativement avoir une bonne attitude et c’est ce que nous avons vu à Maurice. Il nous est très difficile de trouver les ressources humaines au Royaume-Uni pour faire le travail que nous faisons ici. Et je dois dire qu’il y a du personnel de haut niveau à Maurice.

Lorsque vous parlez de recru-tement, il s’agit de quel genre de postes exactement ?

Il y en a plusieurs. Cela commence par la relation-client. Et puis, il y a des postes beaucoup plus techniques, dans le domaine paralégal. Cela concerne surtout le classement de documents légaux et le travail avec les créditeurs, entre autres. Il y a également un volet administratif.

Et quelle est votre stratégie pour la région? Comptez-vous utiliser Maurice comme une plateforme pour aller sur le continent africain ?

Ah non, pas du tout. Maurice, ainsi que bon nombre de pays, devrait revoir sa législation. Le cadre légal que nous avons au Royaume-Uni a été conçu pour aider les gens à rembourser leurs dettes et sortir de la spirale de l’endettement. Il faut comprendre que lorsque quelqu’un est endetté, cela affecte également sa famille.

J’ai déjà discuté avec le gouvernement à ce propos. Je suis sûr que plusieurs personnes font face au problème d’endettement dans les pays africains. Mais pour ce qui est de m’installer en Afrique, tout dépendra du cadre légal. Par exemple, certains pays du Commonwealth possèdent plus ou moins le même cadre légal que celui du Royaume-Uni, notamment le Canada, l’Australie ou encore l’Afrique du Sud. Du coup, c’est dans ces pays que nous projetons de nous implanter à l’avenir. Nous sommes venus à Maurice surtout pour l’avantage stratégique.

Et quelles sont les perspectives de développement pour votre marché ?

Le Brexit devrait avoir un impact considérable sur le Royaume-Uni, en poussant davantage de gens en eaux troubles car le taux d’intérêt va augmenter. Sachant que le Brexit influencera le taux d’inflation, le taux d’intérêt va suivre. Je pense que nos opérations vont s’agrandir à partir de là.

Vous avez aussi parlé de développement technologique ; pouvez-vous nous en dire plus ?

Nous sommes également dans les software businesses au sein du groupe Creditfix. C’est un segment que nous allons continuer à développer et nous aurons besoin de plus de personnes dans ce domaine. Nous recherchons des programmeurs car nous vendons des logiciels à nos compétiteurs. Nous avons déjà recruté deux personnes à Maurice pour cette filière, ce qui n’était pas dans nos plans au départ ; nous comptons en recruter d’autres.

Avez-vous d’autres projets à Maurice ?

Non pas vraiment, je dois dire que je suis très satisfait du staff que nous avons recruté ici. Pour moi, ce qui compte le plus, c’est les ressources humaines. My asset is my people. And to be a successful company, we need to treat people well. Leur offrir un emploi précaire n’est tout simplement pas envisageable.

Pour le moment, vous êtes à Ébène, mais comptez-vous ouvrir d’autres succursales à travers l’île ?

Nous sommes effectivement à Ébène, et notre plus gros problème, en ce moment, c’est le manque de place ! Et nous cherchons justement plus d’espace – nous n’avons de place que pour 60 personnes (NdlR : la société compte gonfler ses effectifs jusqu’à 100 personnes).

Combien avez-vous investi à Maurice jusqu’ici ?

Je n’ai pas de chiffre exact. Mais je peux vous dire que tout a été fait à nos frais. Nous avons recruté près de 50 per- sonnes en l’espace de quelques mois (NdlR : la société a procédé à une soft opening en mai 2016). Mais au total je dirai que nous comptons investir environ 3 millions de livres sterling à Maurice (Rs 134 millions, selon le cours du jour).