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Au bord de la faillite: la belle-famille de Pravind Jugnauth sauve le Maradiva
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Au bord de la faillite: la belle-famille de Pravind Jugnauth sauve le Maradiva
Mauriplage Beach Resort, détenue, entre autres, par les beaux-parents du ministre des Finances, et propriétaire du cinq étoiles «Maradiva», totalisait des dettes de Rs 960 millions en 2014. Mais une opération sauvetage a commencé en 2015.
25 mars 2015. Mauriplage Beach Resort Ltd (MBRL) tient son assemblée générale annuelle. Les actionnaires et les directeurs (dont Kobita Jugnauth) prennent connaissance du bilan : Rs 70,7 millions de pertes, Rs 964,2 millions de dettes et Rs 605 millions d’emprunts pour Rs 328 millions de capital et Rs 625 millions d’actifs. Les ingrédients de la faillite sont réunis. D’ailleurs, l’auditeur BDO écrit que ces conditions «indicate the existence of material uncertainty that may cast significant doubt about the Group’s ability to continue as a going concern». La direction décide alors d’initier le plan qui avait capoté sous l’ère Ramgoolam : passer en mode Invest Hotel Scheme (IHS).
Ce plan du Board of Investment (BOI) permet aux hôtels de lever des capitaux en vendant des parts sociales qui donnent aux acheteurs des privilèges comme la propriété de villas auxquelles ils n’auraient cependant accès que 45 jours par an. Le nouveau propriétaire loue ainsi (lease back) sa propriété à l’hôtel pour les 320 autres jours de l’année. Mais pour pouvoir passer sous ce scheme, il faut d’abord que les biens immobiliers passent sous la propriété d’une compagnie IHS, telle que définie par le BOI.
Ainsi, la direction décide de vendre la moitié de l’hôtel (34 des 65 villas, dont la suite présidentielle) à Mauriplage IHS One Ltd (MIOL), compagnie que MBRL détient à 100 %. L’accord du BOI est obtenu dans les semaines suivantes. Le deal lui prendra plus de temps. Il n’a été conclu qu’il y a 20 jours. Pour cause, les banques auprès desquelles MBRL avait déjà contracté Rs 845 millions d’emprunts depuis 2004 devaient donner leur accord ; les villas en question étant déjà sous hypothèque. Le 29 septembre 2016, la MCB accepte de transférer ses hypothèques au nouveau propriétaire. La SBM en fera de même le lendemain.
C’est ainsi que le 6 octobre 2016, Kobita Jugnauth, représentante de MIOL (l’acheteur), et son frère Sanjiv Kailash Ramdanee, représentant de MBRL (le vendeur), signent l’acte de vente devant le notaire Didier Maigrot. Montant de la transaction : Rs 1,4 milliard, dont Rs 1,2 milliard pour les villas et Rs 200 millions pour les droits au bail. La formule classique «hors de la vue du notaire» est employée.
Il faudra certainement attendre le bilan financier de MBRL, dans un an, pour voir les résultats, mais d’ores et déjà, elle a pu transférer les actifs sous hypothèques à MIOL. Celle-ci (qui rappelons-le a pour seul actionnaire MBRL), de son côté, va vendre les parts sociales (et ainsi les villas) à des particuliers pour lever des fonds. D’ailleurs, un site Internet, jynvestialilemaurice.com, joue déjà aux agents immobiliers. Le prix d’une villa de Maradiva y est affiché «à partir de Rs 28 millions».
La liste des emprunts de Mauriplage Beach Resort depuis 2004
- 03/11/04 – SBM Rs 10 M
- 28/07/06 – SBM Rs 20 M
- 18/12/09 – SBM Rs 17,5 M
- 31/03/04 – SBM 10 M d’euros
- 07/07/04 – MCB Rs 130 M
- 14/12/06 – MCB Rs 20 M
- 07/07/04 – MCB 6,2 M d’euros
Mauriplage Beach Resort Ltd (Mbrl) en un coup d’oeil
<p><strong>Date d’incorporation : </strong>12 août 2002</p>
<p><strong>Catégorie : </strong>Domestique</p>
<p><strong>Adresse : </strong>Maradiva Villas Resort, Flic- en-Flac</p>
<p><strong>Business Name : </strong>Taj Exotica Resort</p>
<p><strong>Chiffre d’affaires : </strong>Rs 283 millions</p>
<p><strong>Pertes en 2004 : </strong>Rs 70 millions</p>
<p><strong>Actifs : </strong>Rs 625 millions</p>
<p><strong>Emprunts long terme : </strong>Rs 605 millions</p>
<p><strong>Passifs nets : </strong>Rs 964 millions</p>
<h3>Office Bearers</h3>
<p>Jean-François Maxime Desvaux de Marigny (Alternate Director)</p>
<p>Kobita Jugnauth (Alternate Director)</p>
<p>De Chazal du Mée & Co (Auditor)</p>
<p>Basanta Lala Couldiplall (Director)</p>
<p>Joory Kapil Dev (Director)</p>
<p>Kobita Jugnauth (Director)</p>
<p>Jean Pierre Guy Noel (Director)</p>
<p>Lady Ursule Jeanine Ramdanee (Director)</p>
<p>Mookteswar Kailash Ramdanee (Director)</p>
<p>Sanjiv Kailash Ramdanee (Director)</p>
<p>Rajkamal Taposeea (Director)</p>
<p>Executive Services Limited (Secretary)</p>
<h3>Actionnaires</h3>
<p>Mookteswar Kailash Ramdanee – 60 %</p>
<p>Couldiplall Basanta Lala – 8.4 %</p>
<p>Lady Ursule Jeanine Ramdanee – 5.4 %</p>
<p>Kapil Dev Joory – 6 %</p>
<p>MCB Equity Fund – 12.2 %</p>
<p>SBM (NFC) Holdings Ltd – 8 %</p>
Le Maradiva
Le Maradiva est le seul hôtel 5-étoiles comprenant exclusivement des villas de la côte ouest. Il comprend 65 villas, de 5 types (Garden, Luxury, Beachfront, Exclusive et Presidential), toutes avec piscine privée. Le terrain fait 121,619 m2 (Pas géométriques loués à bail) et les constructions de l’hôtel en occupent 29,531.60 m2. La nuit dans la villa la plus simple en octobre 2016 est facturée à Rs 30 000. Pour la nuit dans la suite présidentielle, il faudra débourser Rs 180 000. Le Maradiva emploie plus de 200 personnes.
L’histoire «politique» du Invest Hotel Scheme
C’est Rama Sithanen, en 2009, qui introduit ce concept. Objectif : relancer le secteur touristique après la crise de 2008, avec la construction de nouveaux hôtels, dont les villas peuvent être vendues et «leased back». Mais la formule ne concerne que les hôtels «à être construits». En août 2010, un mois après son installation au poste de ministre des Finances, dans un mini budget qui porte le nom d’«Economic Restructuring and Competitiveness Program», Pravind Jugnauth ouvre le «scheme» aux hôtels existants. Le Taj (qui changera de nom par la suite pour devenir le Maradiva) sera parmi les premiers à tenter de profiter de cette aubaine. Mais entre-temps, les relations Ramgoolam-Jugnauth se gâtent, le MSM quitte le gouvernement et les démarches de Mauriplage n’aboutissent pas. Certains éditoriaux de l’époque parlent de projet bloqué par vengeance politique. Aujourd’hui, la roue a tourné et les beaux-parents de Pravind Jugnauth peuvent «sauver leur hôtel».
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