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Megh Pillay: «Je regrette de n’avoir pu aller au bout de ma mission»
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Megh Pillay: «Je regrette de n’avoir pu aller au bout de ma mission»
Le directeur général de la compagnie aérienne nationale a été révoqué vendredi 28 octobre. La décision a été prise lors d’une réunion du conseil d’administration qui n’a réuni que sept membres sur 15. Megh Pillay confie qu’il ne pensait pas qu’il serait resté très longtemps de toute façon.
Quel est votre état d’esprit ?
Cool. Très zen.
Avez-vous déjà fait vos cartons ?
Non, je n’en ai pas besoin
Qui vous a annoncé que MK mettait un terme à votre contrat ?
Le Company’s Secretary, par téléphone.
Vous êtes-vous salués, le «Chairman» et vous, après cette décision ?
Non, je n’ai rencontré personne car je n’étais pas à mon bureau. J’étais plus concerné par le comité disciplinaire prévu pour 16 h 30 (NdlR, hier).
Quand avez-vous été notifié de la réunion spéciale du «board» ?
À 14 heures, pour 16 heures, sans ordre du jour. J’ai avisé que je ne serai pas présent pour cette raison.
Combien de personnes y avait-il à cette réunion du conseil d’administration ?
Je pense six ou sept, sur les quinze membres. Il en faut cinq pour un quorum et ainsi trois pour décider s’il y a un vote.
Qui sont-elles ?
Aucune idée. Mais, généralement, l’actionnaire principal mobilise ses directeurs nominés s’il veut prendre une décision.
Les autres membres du «board» vous ont-ils appelé ? Que vous ont-ils dit ?
Je préfère n’embarrasser personne. Plusieurs m’ont soutenu très fortement tout le long.
Le ministre de tutelle, en l’occurrence le Premier ministre, dit ne pas être au courant de ce qui vous arrive. Pensez-vous que cette décision a été prise dans son dos ?
Je n’en ai aucune idée.
Qu’est-ce qui a motivé la décision de ces six personnes de mettre un terme à votre contrat ?
Je pense que c’est mon intransigeance en ce qui concerne le comité disciplinaire pour entendre Mike Seetaramadoo. Le Chairman du board a ordonné au Company’s Secretary de l’annuler. Sur avis légal (NdlR, celui des Senior Counsel Mes Ravind Chetty et Désiré Basset), je lui ai donné une contre directive formelle, insistant qu’il incombe au CEO de décider sur cette affaire car il est le seul directeur exécutif alors que le Chairman est un directeur non exécutif. Le board, y compris le Chairman, n’agit qu’après cette procédure et ne décide du sort de l’employé en question qu’une fois le rapport soumis.
Mike Seetaramadoo est donc à l’origine de votre sort ?
Je ne saurai vous dire.
Cet Executive Vice President (EVP)Commercial de MK devait se présenter devant un comité disciplinaire hier après-midi. Est-ce que cela a été le cas ?
Je pense qu’il s’est présenté avec son avocat.
Quel est le «gross misconduct» reproché à Mike Seetaramadoo ?
Dans un premier temps, c’était une insubordination. Ensuite, il a été sommé de fournir des explications sur les zones d’ombre autour de ses qualifications et son expérience présentées quand il avait postulé pour le poste d’Executive Vice President Human Resource avant mon arrive.
Votre mise à pied signifie-t-elle que Mike Seetaramadoo, suspendu le 4 octobre, sera réintégré ?
Aucune idée. Le principal témoin n’est plus à Air Mauritius ! J’espère qu’on traite avec élégance la présidence du comité, qui est une personnalité très respectée et très indépendante. (NdlR, il s’agit là de Me André Robert, Senior Counsel)
Comment un employé qui fait face à deux dénonciations à l’ICAC a-t-il pu vous faire tomber ?
Je pense qu’il faudrait poser cette question à d’autres que moi !
Pourquoi est-ce que le tandem Suddhoo-Maunthrooa (NdlR, président et membre du conseil d’administration de MK respectivement) et vous n’étiez pas sur la même longueur d’onde ?
Il y a des divergences très profondes de notre compréhension respective de ce qu’est la bonne gouvernance d’une entreprise.
Quelles ont été les principales difficultés auxquelles vous vous êtes heurté en tant que CEO ?
Une structure de gouvernance dénaturée et contraire aux dispositions du Companies Act et du code de bonne gouvernance.
Quand est-ce que vos différends avec le «Chairman» ont-ils commencé ?
Les différends sont devenus apparents à partir du moment où les ingérences dans le day-to-day business de la compagnie se sont fait sentir.
Quelles sont les limites qui ont été franchies par Arjoon Suddhoo en ce qui concerne le management de MK ?
Je ne peux répondre à cette question.
Est-ce la première fois que vous faites face à pareille situation à la tête d’une compagnie étatique que vous dirigez ?
Non. Mais on est toujours arrivé à s’entendre très rapidement
Regrettez-vous de ne pas être allé au bout de votre mission à MK ?
Bien sûr, car j’avais galvanisé l’enthousiasme de tout le monde pour donner une nouvelle impulsion à un MK qui a besoin d’être rajeuni et redynamisé dans une période où la concurrence de jeunes opérateurs devient de plus en plus féroce.
C’est donc un sentiment du devoir non accompli ?
Oui. J’estimais qu’il me fallait 18 mois pour transformer la compagnie. Je ne crois pas que je serai resté très longtemps, même si mon contrat était de trois ans. D’ailleurs, j’avais récemment évoqué avec le Premier ministre l’idée de recruter un Deputy que j’aurais préparé pour prendre la relève plus tôt afin d’assurer la stabilité au niveau de la direction générale.
Quel conseil donneriez-vous à celui qui vous succédera comme no 1 de MK, s’il y en a un ?
Avant de s’engager, cette personne devra d’abord s’assurer d’avoir les coudées franches pour gérer.
Avez-vous déjà réfléchi à votre avenir ?
Récemment, j’avais au moins réfléchi à quitter MK. Mais on m’avait fait confiance en me confiant cette tâche. Je ne voulais pas abandonner, croyant que j’allais pouvoir rétablir la structure de gouvernance afin que chacun puisse se focaliser sur l’avancement de la compagnie.
Un message aux employés ?
Ce sont des gens admirables qui opèrent près de 13 000 vols par an avec une efficacité extraordinaire. J’ai éprouvé une grande satisfaction à travailler avec eux en deux épisodes mémorables. Certains, à Maurice, ne réalisent pas l’ampleur de leur contribution à la vie économique et sociale du pays. J’espère qu’ils seront tous mieux respectés et traités.
Écarté deux fois en un an et demi
<p>La question mérite d’être posée. Professionnel reconnu et respecté, Megh Pillay est-il méprisé par le gouvernement au pouvoir ? En mars de l’année dernière, le CEO de la <em>State Trading Corporation</em> (STC) était poussé à la démission. <a href="http://www.lexpress.mu/article/292563/apres-sept-mois-en-poste-megh-pillay-debarque-dair-mauritius" target="_blank">Vendredi, il a été révoqué d’Air Mauritius</a>. Lorsqu’il rejoint la STC en août 2010, celle-ci affichait des dettes de Rs 4 milliards. À son départ «forcé», elle avait amassé des réserves de Rs 2,5 milliards. À l’époque, Megh Pillay avait expliqué sa démission en invoquant des <em>«raisons familiales»</em>. Mais il est un fait que des membres du gouvernement souhaitaient son départ.</p>
<p>Au début des années 90, Megh Pillay a été directeur général de l’<em>Agricultural Marketing Board</em>, avant de devenir le CEO de <em>Mauritius Telecom</em>. À son départ en 2003 à la demande du gouvernement, il laisse des réserves de Rs 5,5 milliards. Pendant les deux prochaines années, il sera le directeur général d’<em>Air Mauritius</em>.</p>
<p>À partir de 2005, Megh Pillay prend de l’emploi dans le privé. Il a été consultant pour le compte de <em>Reuben Power Plc </em>de Londres ; directeur général d’<em>Alpavex Ltd </em>; et CEO de <em>l’International Financial Consulting Ltd</em>.</p>
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