Publicité

Turbulences à Air Mauritius: la vraie raison du limogeage de Megh Pillay

1 novembre 2016, 22:00

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Turbulences à Air Mauritius: la vraie raison du limogeage de Megh Pillay

Le public a bien retenu ceci : c’est pour faire bloc au comité disciplinaire institué pour écouter les explications de Mike Seetaramadoo, Executive Vice President (EVP) Commercial and Cargo, que l’actionnaire majoritaire du transporteur national, c’est-à-dire le gouvernement (NdlR, représenté par Sateeaved Seebaluck, Prakash Maunthrooa, Dev Manraj, Rita Veerasamy et Arjoon Suddhoo) a congédié Megh Pillay, le Chief Executive Officer (CEO), avec effet immédiat, vendredi, lors d’une réunion spéciale du conseil d’administration d’Air Mauritius.

La raison est que ce comité disciplinaire dérange à plus haut échelon de l’hôtel du gouvernement. Pourquoi ? Pour tirer cela au clair et mieux comprendre les connexions entre Mike Seetaramadoo et la haute sphère du pouvoir, il faut aller au-delà du tandem Suddhoo/ Maunthrooa. Il faut revenir à 2002.

Suivant un rapport d’audit interne défavorable à son égard, Mike Seetaramadoo (NdlR, avant qu’il ne reçoive sa feuille de route), alors Human Resource (HR) Manager d’Air Mauritius, est sommé par la direction, le 17 janvier 2002, de s’expliquer sur 23 irrégularités. Parmi, d’avoir «falsely certified to the Managing Director of the company that one Mrs M.R. was eligible for the post of Assistant Company Secretary for which the prerequisites were HSC or GCE 3 A-Levels, or equivalent, at one and the same sitting and member of the Institute of Chartered Secretaries and Administrators, with at least 8 years working experience as Company secretary in a corporate environment, without ascertaining whether the said Mrs M.R. indeed had the minimum requirements for the post in question

Autre irrégularité : le  17 mars 2001, en sa capacité de HR Manager, Mike Seetaramadoo a proposé le poste d’Assistant Company Secretary à cette même Mme M.R. «in the management B Grade, with salaries of Rs 28 500 per month, without ascertaining whether the post in question had been evaluated by the Job Evaluation Committee

La dénommée M.R. n’est autre que la belle-sœur de l’épouse d’une VVIP à l’avenir politique déjà controversé. Et le lien M.R./Mike Seetaramadoo remonterait à l’époque où tous deux étaient amis de classe. L’express a, par le biais du service de presse de la VVIP, essayé en vain d’avoir une réaction de celle-ci, lundi 31 octobre.

Zones d’ombre

Pour revenir au comité disciplinaire institué à la suite de sa suspension le  4 octobre dernier, Mike Seetaramadoo doit cette fois-ci faire la lumière sur «les zones d’ombre autour de ses qualifications et expérience présentées quand il avait postulé pour le poste d’EVP HR»,  a précisé Megh Pillay dans l’interview qu’il a accordée dans la dernière édition de  l’express samedi.

Parmi, la non-éligibilité de Mike Seetaramadoo au poste d’EVP HR, de même que celui d’EVP Commercial and Cargo, comme détaillé dans une lettre anonyme envoyée à la commission anti-corruption. D’après les requis fournis par Mike Seetaramadoo, celui-ci ne répond pas à un des critères obligatoires pour le poste d’EVP HR. Soit, celui d’avoir «a minimum of  12 years practical experience in HR Management in a large organization, out of which at least a substantial portion (10 years) has been spent in managing a major function at a senior  managerial position

Car, «a verification of credentials supplied by Mike revealed that the major company where he acquired HR experience, namely Relate International Ltd, might well be a company whose only shareholder is his own spouse, and seated at their own home address at Conal Street, BeauBassin», apprend-on dans le courriel de Megh Pillay. Sans compter que Mike Seetaramadoo n’a pas fourni les originaux de ses qualifications académiques lorsqu’il a postulé pour le poste d’EVP HR.

Ajouter à cela, le fait que le principal concerné a été trouvé «non-éligible» pour le poste d’EVP Commercial and Cargo. Ce, alors que 20 candidats sur les 70 postulants étaient éligibles. Pourtant, le principal concerné a été confirmé comme employé permanent d’Air Mauritius le 22 juin dernier, avec la bénédiction du président Suddhoo, mais sans l’aval du CEO.

De plus, durant la période d’essai en tant qu’EVP HR, Mike Seetaramadoo s’est offert une augmentation salariale de 3 %. Augmentation allouée à ceux qui ont complété une année de service, écrit Megh Pillay.

Pour finir, l’ex-EVP HR a été propulsé EVP Commercial and Cargo le 27 juin, toujours avec le feu vert d’Arjoon Suddhoo, sans que cette décision ne soit ratifiée par le Staff Committee ou encore par le conseil d’administration.

Ces «zones d’ombre», dont fait état l’ancien numéro un dans son courriel de quatre pages envoyé à l’ensemble du conseil d’administration mercredi dernier, pourraient être lourdes de conséquences. Notamment, pour ceux qui auraient laissé passer cela, voire, qui y auraient contribué.

Vendredi après-midi, Mike Seetaramadoo s’est présenté avec son avocat Maneesh Gobin devant le comité disciplinaire présidé par  Me André Robert, Senior Counsel. L’affaire a été renvoyée au 19 novembre.

Dorénavant, d’aucuns s’interrogent sur la tournure que pourrait prendre ce comité disciplinaire, après que le principal témoin, Megh Pillay, a été évincé. Celui-ci, dans son interview à l’express samedi, souhaitait que «la présidence du comité disciplinaire, qui est une personnalité très respectée et très indépendante,  soit traitée avec élégance