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Vente au marché noir: des toxicomanes dopent les pharmacies

2 novembre 2016, 19:45

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Vente au marché noir: des toxicomanes dopent  les pharmacies

Il n’a que 14 ans et s’injecte déjà de l’héroïne. Cet adolescent, qui suit un traitement chez un psychiatre, veut s’en sortir. Mais impossible de trouver en pharmacie les médicaments de sevrage que lui prescrit son médecin. «Nou finn fer létour lavil», lâche un travailleur social qui suit le garçon.

Le cas de ce jeune n’est pas isolé. D’autres toxicomanes se trouvent dans la même situation. Ce qui pousse les ONG concernées à dénoncer un trafic dans des pharmacies, estimant que celles-ci préfèrent vendre au marché noir.

Quels sont ces médicaments ? Le Mogadon et le Néocordion font partie de ceux qui sont les plus utilisés. Il y a aussi le Pregabalin, le Valium, le Trivotril, entre autres. Les prix ? «Exorbitants», lâche Brigitte Michel de l’ONG AILES (Aide Info Liberté Espoir et Solidarité).

Au marché noir, par exemple, le Mogadon se vendrait à Rs 400 la boîte, contre Rs 150 en pharmacie. Le Valium à Rs 50 le comprimé, contre Rs 12 sur prescription. Un comprimé de Pregabalin s’achèterait, lui, à Rs 150, contre Rs 3 sur prescription. Mais le Rivotril reste le plus onéreux ; il se vend sur prescription à Rs 290 la plaquette et à Rs 2 000 au marché noir. «Les pharmacies préfèrent donc vendre les médicaments au marché noir», fait ressortir Brigitte Michel.

Complicité  des médecins

Effectivement, plusieurs toxicomanes qui, eux, n’essaient pas de se sevrer, parviennent facilement à s’approvisionner en pharmacie. Des pharmacies confient, pour leur part, qu’elles ont souvent affaire à des toxicomanes qui cherchent des médicaments sans prescription. «Quand on venait d’ouvrir, nous en recevions quelques-uns. D’ailleurs, ils étaient prêts à payer le prix fort», révèle un pharmacien.

Contacté, le ministère de la Santé indique qu’il y a des structures mises en place pour contrer ce trafic. «Déjà, ces pharmacies n’ont le droit d’acheter qu’une quantité limitée de ces médicaments», souligne une source autorisée. D’ajouter que les pharmaciens doivent envoyer les «returns» de leurs achats mensuellement. En sus de cela, les pharmacies sont sujettes à des visites du ministère de la Santé, une fois par an, selon le Pharmacy Act.

N’empêche que, au dire d’un pharmacien comptant 20 ans d’expérience, deux astuces permettraient aux pharmacies d’échapper au contrôle des autorités. La première : agir en complicité avec des médecins. Ces derniers prescriraient ces médicaments aux plus offrants. La seconde : être de mèche avec d’autres pharmaciens, qui commanderaient ces médicaments à base de codéine. Ce qui servirait donc à ne pas dépasser le quota imposé à une pharmacie.

 

Un code de déontologie  en préparation

<p>De nouvelles mesures devraient réglementer la profession de pharmacien. Un code de déontologie à leur intention est en gestation. C&rsquo;est ce qu&rsquo;indique le président du Pharmacy Council, Faizal Elyhee. <em>&laquo;Le Pharmacy Council opère un peu comme le Medical Council. Le code de déontologie servira à établir ce qui est permis et ce qui ne l&rsquo;est pas chez les pharmaciens&raquo;,</em> explique-t-il. Très bientôt, des consultations et séances de travail devraient avoir lieu avec toutes les parties concernées.&nbsp; <em>&laquo;L&rsquo;avis des pharmaciens du privé compte. Nous le prendrons en considération.&raquo;</em></p>

<p>Parmi les soucis dans la profession de pharmacien : la vente au noir de médicaments sans prescription comme les sirops contre la toux, les psychotropes, etc. Certaines pharmacies se font régulièrement épingler par la police. Par ailleurs, le Pharmacy Council Act mentionne également la création d&rsquo;un tribunal. <em>&laquo;Cela se fera au début de l&rsquo;année prochaine&raquo;</em>, souligne Faizal Elyhee.</p>