Il est l’un des huit membres du conseil d’administration d’Air Mauritius à ne pas s’être présentés à la réunion de vendredi. Dans l’entretien téléphonique accordé à «l’express», mardi 1er novembre, le juriste Marc Hein confirme que le grand argentier était bel et bien au courant de la décision de révoquer le Chief Executive Officer (CEO) du transporteur national.

Vous étiez un des huit membres absents à la réunion de vendredi. Comment avez-vous accueilli la révocation de Megh Pillay ?

Je suis extrêmement déçu. Megh Pillay est quelqu’un d’extrêmement bien. Il est l’un des meilleurs managers qu’on puisse trouver sur le marché local.

Lui avez-vous parlé après sa mise à pied ?

Oui. Je lui ai dit que j’étais désolé.

Restez-vous, malgré tout, membre du «board» ?

Beaucoup de copains m’ont demandé : «Marc, pourquoi tu restes sur ce conseil d’administration ?» J’ai répondu que c’était pour essayer de mieux faire les choses de l’intérieur, parce que je connais tout le monde. Je me suis dit que ce serait mieux pour moi de rester que de ficher le camp.

Pourquoi avez-vous brillé par votre absence à la réunion de vendredi ?

J’ai eu un appel du Company Secretary (Fooad Nooraully, NdlR) trois heures avant la réunion. J’ai répondu que je ne pourrais venir. Il doit bien y avoir une convention établie en matière de bonne gouvernance pour convoquer un conseil d’administration. Notamment, un délai raisonnable avant la tenue d’une réunion.

Vous a-t-on informé de l’item à l’agenda ?

On m’a dit que c’était pour virer Megh Pillay.

Votre absence était-elle délibérée ou étiez-vous pris par un autre engagement ?

J’étais pris ailleurs. Mais même si je ne l’étais pas, je n’aurais pas toléré qu’on me convoque trois heures avant une réunion. Je ne serai pas parti.

Vous êtes-vous concerté avec les autres directeurs du «board» également absents à cette réunion ?

Oui, pour échanger des idées. Tout le monde était outré.

Qu’avez-vous fait par la suite ?

J’étais tellement en colère que j’ai téléphoné à Pravind Jugnauth pour avoir des explications.

Que vous a dit le ministre des Finances ?

Il m’a expliqué ce qu’il avait en tête.

C’est-à-dire ?

Il m’a dit qu’il faisait ce qui est le mieux pour Air Mauritius.

Vous a-t-il convaincu ?

Je n’ai pas besoin d’être convaincu par qui que ce soit. Pravind est un ami. Je lui fais confiance. S’il me trahit, je le saurai rapidement.

C’est donc Pravind Jugnauth qui a pris la décision de révoquer Megh Pillay ?

Comment puis-je le savoir ? Je n’en ai aucune idée.

À qui d’autres avez-vous fait part de votre mécontentement ?

Je l’ai fait savoir au Chairman d’Air Mauritius, le jour même, avant la réunion. Ensuite, lundi, j’en ai parlé à Xavier-Luc Duval et au Premier ministre.

La prochaine réunion du conseil d’administration est prévue le 10 novembre. Comptez-vous réclamer des explications officielles du président Arjoon Suddhoo ?

Xavier-Luc Duval m’a chargé de le faire, pour comprendre ce qui s’est passé. Le Premier ministre adjoint est très concerné et très démotivé par ce qui se passe.

Pouvez-vous, le reste du conseil d’administration et vous, renverser la décision prise par cinq des 15 membres ?

Tout est possible à travers un conseil d’administration.

Cette option est-elle à l’ordre du jour ?

Je ne le pense pas.

Que pouvez-vous donc faire après cette révocation ?

Je peux essayer de faire de mon mieux, avec l’aide de tout le monde, pour faire d’Air Mauritius un succès.

Même sans pilote à bord ?

On trouvera un pilote.

De la trempe de Megh Pillay ?

Comment puis-je savoir ?

Qui de la direction ou du «board» prend la décision d’instituer un comité disciplinaire sur le cas Seetaramadoo ?

Le CEO.

Et en ce qui concerne les profondes divergences entre le CEO et le président ?

Au niveau de ce désordre, c’est au board de trancher. J’ai beaucoup aimé le travail de Megh Pillay. Je pense qu’il a été un bon CEO. Et puis, pour le reste, qu’est-ce que je peux y faire ?