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Priska Hypolite: une femme maçon qui construit ses rêves
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Priska Hypolite: une femme maçon qui construit ses rêves
Speedy Gonzales ou Bip Bip peuvent aller se rhabiller. Voici venir Priska Hypolite. Une boule d’énergie qui fait 1m55 à tout casser. Son sourire s’étend du lobe de l’oreille gauche à celui de l’oreille droite, il illumine son visage juvénile. Elle a 20 ans. Cela fait déjà trois ans qu’elle pratique le métier de maçon.
Ses rêves, elle les bâtit brique par brique, à la sueur de son front. Armée de son courage et de ses gants, qu’elle utilise pour «lev blok, plans, dibwa, sarz kamion». En ce moment, l’habitante de Roche-Bois travaille en tant que «manev» sur un chantier, à Riche-Terre. Dur, dur, d’être femme maçon ? Non, répond la petite dame de fer au moral d’acier. «Travay-la, bizin pa pran li kouma enn fardo. Éna kout gagn douler lérin mé apart sa li korek li.»
Les relations avec ses collègues masculins ? Plutôt cordiales. À quelques exceptions près, lâche-t-elle en jetant un coup d’œil par-dessus l’épaule. «Parfwa éna souflé ou, fer lintéresan. Parfwa éna manz lavi, mé la plipar ed nou, les nou répoz inpé kan nou tro fatigé.»
Du repos, un véritable luxe pour Priska. Qui démarre ses journées à 4 h 30 chaque matin. Pour avoir suffisamment de temps pour s’occuper de son mari, qui est employé au sein d’une compagnie privée et qui «emballe de la viande». Mais aussi et surtout pour prendre soin de son bébé de huit mois, confie-t-elle avec tendresse. «Kan nou travay, li res dan gardri minisipal.»
À 7 h 30, elle est sur le chantier. «Kouma vini pa gagn létan respiré. Boner transpirasion fini koumans koulé.» Il en est ainsi jusqu’à 16 h 30. Ou 14 h 30, les jours où l’entrepreneur lui confie des tâches spécifiques à accomplir.
«Blok par Blok»
Il est temps de prendre des nouvelles du compte en banque. «Je suis payée à la quinzaine.» Priska perçoit ainsi quelque Rs 10 000 par mois. De quoi vivre décemment si on ajoute le salaire de son époux. Mais pas encore de quoi construire la maison de ses rêves. «Nous habitons chez ma belle-mère en ce moment. Dan enn ti lakaz tol. Nou anvi gagn séki pou nou, an beton.» Qu’importent les murs à franchir, elle ne compte pas lâcher la truelle. «Enn zour pou rési. Mem si mo bizin mont li blok par blok !» Elle montre ses muscles, qui n’ont rien à envier à ceux de Rambo, version féminine. «Ki ou pé krwar ou ?»
«Rambette» caresse un autre rêve. Elle veut être nutritionniste. «Mo finn aret lékol Form IV mé mo ti kontan fer sians. Mo kontan pran kont lasanté ek lékor. Mem kan péna boukou kas, nou fer enn démars met légim dan lasyet.»
Dans son plat, il y a aussi une sacrée pêche. De la patate. Avec un tel appétit, il y a de quoi réussir un beau menu pour sa vie future.
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