Etre malvoyant ne fait pas de soi un manchot. Soubash Seerattun le prouve au quotidien. Il passe ses journées à prêter main-forte à son oncle boutiquer et à accueillir les clients.

Ce quinquagénaire qui sera sexagénaire dans quelque deux ans a choisi de travailler avec son oncle. Il faut dire qu’il est d’un naturel causant et cela attire les clients, pour le plus grand plaisir de son oncle, Ramesh Jankeeparsad. C’est vers l’âge de 35 ans que Soubash commence à avoir des problèmes de vue. «Avant de travailler dans la boutique de mon oncle à Lallmatie, j’étais dans une autre grande boutique située au centre du village. Et puis un jour, mes yeux ont commencé à me poser problème. Et malgré tous les traitements tentés, ma vue s’est détériorée et aujourd’hui, je ne vois qu’à 20 % de mes capacités», raconte-t-il, debout derrière le comptoir.

Cette aggravation de sa vision l’a contraint à arrêter le travail. «J’ai deux filles et heureusement que ma femme a un emploi stable. En raison de ma vue défaillante, je perçois une pension et elle me permet de contribuer aux revenus du foyer», explique cet habitant de Lallmatie.

L’inactivité lui pesant, Soubash décidé de se remettre sur le marché du travail. «Je n’arrivais pas à rester à la maison à me tourner les pouces. J’ai donc parlé à mon oncle qui est boutiquier et il a accepté que je lui donne un coup de main dans son commerce», raconte-t-il.

Sens du rangement

Soubash a la responsabilité de ranger les produits sur les étagères et de servir les clients. Malgré son handicap, il ne s’est jamais trompé dans le rangement des articles. «Il est le seul à savoir où sont classés les produits», affirme son oncle Ramesh Jankeeparsad.

Nous l’avons soumis au test. Voyant différentes marques de savonnettes bien rangées les unes à côté des autres, nous lui avons demandé de nous trouver une marque spécifique de savonnettes. Il a tâté tous les savons alignés avant de nous présenter la marque demandée. Un deuxième test, avec cette fois, une conserve spécifique a permis de démontrer que même s’il ne voit que très peu, il sait exactement où il range quoi dans la boutique de son oncle. De plus, il n’a aucune difficulté à se mouvoir parmi les étagères.

«C’est un don qu’il a reçu lorsque sa vue a commencé à décliner», estime un de ses fidèles clients. Il ajoute que lorsque Soubash s’absente pour une raison ou une autre, les clients le remarquent immédiatement car ils sont accueillis par le silence. «Jovial, il met de l’ambiance lorsqu’il est là. De plus, il a le sens du service», ajoute ce client en tapotant fièrement l’épaule du principal intéressé, qui du coup, est à court de paroles sous cette avalanche de compliments.