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Accord de libre-échange avec la Chine: Mine d’or ou boîte de Pandore ?
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Accord de libre-échange avec la Chine: Mine d’or ou boîte de Pandore ?
Être l’un des premiers pays africains à signer un accord de libre-échange avec la Chine… La perspective réjouit, à Maurice, compte tenu du resserrement des liens qu’elle représente. Toutefois, ils sont nombreux à réclamer un rééquilibrage au niveau des échanges commerciaux entre les deux pays.
Signer un accord de libre-échange Chine-Maurice : c’est l’un des projets qu’envisage le ministère des Finances après sa visite dans l’Empire du Milieu. Il en a fait l’annonce lors d’une conférence de presse lundi. Si le gouvernement compte d’abord effectuer une étude de faisabilité pour déterminer comment un tel accord peut être mis en place, il n’en demeure pas moins que cela pourrait avoir de grosses implications pour l’industrie locale. Mais un accord de libre-échange pourrait aussi offrir aux opérateurs locaux l’opportunité de profiter davantage d’un marché à fort potentiel. Quelles sont les perspectives de développement et les implications pour l’industrie locale ? Tour d’horizon.
Perspectives multiples
Pour Raju Jaddoo, secrétaire général de la Chambre de commerce et d’industrie de Maurice (CCIM), la signature d’un accord de libre-échange avec la Chine s’apparenterait quelque peu à découvrir une mine d’or, en raison des multiples opportunités qu’offre le marché chinois.
«À la Chambre de Commerce, nous accueillons favorablement ce projet et nous pensons que cela va dans le bon sens. Il était impératif qu’il y ait un rebalancing dans les échanges commerciaux avec la Chine», note-t-il. Pour cause, Maurice a importé des produits d’un montant de Rs 30 milliards en provenance de la Chine alors que le pays n’a exporté que pour Rs 663 millions vers le marché chinois. Un déséquilibre dont a fait état Pravind Jugnauth lors de son point de presse. Selon Raju Jaddoo, l’étude de faisabilité est une étape importante du processus menant à cet accord, car elle devrait déterminer les opportunités commerciales pour Maurice sur ce marché, entre autres.
«Il faut aussi rappeler que la Chine n’a pas signé beaucoup d’accords de libre-échange avec d’autres pays. Et si celui avec Maurice aboutit, nous serons parmi les premiers États africains à signer un tel accord avec ce pays», fait ressortir le secrétaire général de la CCIM. Ce qui devrait nous placer en bonne position pour profiter pleinement de ce marché, d’autant plus que Maurice a déjà des liens diplomatiques et économiques très forts avec la Chine, ajoute-t-il.
L’avis est partagé par Lilowtee Rajmun, directrice de la Mauritius Export Association. Selon elle, les perspectives d’exportation sont énormes. Il s’agit de thé, d’alcool ou encore de seafood, et de produits haut de gamme comme la bijouterie.
Crainte des PME
«Ce qui est intéressant avec la Chine, c’est qu’elle est en train de développer son marché interne (consumer market). Toutes les grandes marques vont vouloir y être et cela représente une mine d’opportunités pour les exportateurs mauriciens», soutient Lilowtee Rajmun. D’ajouter qu’il faudrait un «comprehensive partnership agreement» qui favoriserait le développement économique et les services.
Qu’en est-il du marché local ? Ne risque-t-il pas d’être envahi par des pro- duits chinois au détriment des produits locaux ? «Dans tous accords de libre-échange, il y a une liste de produits sensibles. Il faut rappeler qu’un Free Trade Agreement est un substantially liberated trade agreement, ce qui implique que le marché n’est pas ouvert à 100 %», précise Raju Jaddoo. C’est là une des façons les plus sûres de protéger le marché local, selon lui. De plus, des études doivent être réalisées pour déterminer vers quels segments d’exportation Maurice pourrait se tourner sur ce marché.
Pour Amar Deerpalsing, président de la Fédération des petites et moyennes entreprises, un accord de libre-échange avec la Chine équivaudrait davantage à ouvrir une boîte de Pandore. Pire, il pourrait même signer l’arrêt de mort de plusieurs entreprises locales, d’autant plus que celles-ci ont d’énormes difficultés face aux produits importés.
«Le fait que la balance commerciale penche en faveur de la Chine est déjà un indicateur assez clair. Nous ne fabriquons presque plus et nous importons massivement. Un accord de libre-échange avec l’un de nos plus gros importateurs ne devrait pas arranger les choses», déplore Amar Deerpalsing.
Quid des nombreuses opportunités qu’offre la Chine, notamment sur les marchés de niche et le haut de gamme ? «D’abord il faudrait savoir si les PME peuvent fabriquer ces types de produits», dit-il. Et d’ajouter que les produits chinois demeurent, à ce jour, plus compétitifs que ceux fabriqués localement. Ce qui expliquerait en grande partie pourquoi Maurice en importe autant.
Wensum, une entreprise qui cible le marché chinois
<p>La société textile Wensum Ltd fait partie de ceux qui ont fait le pari d’exporter vers le marché chinois. Cette usine spécialisée dans la confection de costumes haut de gamme principalement pour le marché britannique a commencé à exporter vers la Chine en 2015. Et selon son directeur exécutif Avinash Goburdhun, les ventes marchent très bien. <em>«Entre 2015 et 2016, nous avons exporté pour un million de dollars vers la Chine.»</em> C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il accueille favorablement le projet d’un accord de libre-échange avec ce pays.</p>
<p>De plus, cela devrait permettre aux entreprises locales d’exporter en duty free sur le marché chinois. Mais comme le précise Avinash Goburdhun, il n’est pas envisageable d’exporter pour le marché de masse, la Chine étant elle-même un gros producteur. «En revanche les marchés de niche offrent de belles perspectives», avance-t-il. Pour ce qui est des principaux défis qu’il a rencontrés sur ce marché, notre interlocuteur explique que le pays est très rigide au niveau des douanes. <em>«Ils sont très méticuleux et très portés sur le niveau qualitatif.»</em> Du reste, son expérience demeure positive et l’entreprise compte poursuivre son expansion sur le marché chinois.</p>
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