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Drogue: Qui est le «Big Boss» dont parle Paul Bérenger ?

11 novembre 2016, 09:18

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Drogue: Qui est le «Big Boss» dont parle Paul Bérenger ?

À la suite des déclarations de Paul Bérenger, l’ADSU s’intéresse à un propriétaire d’une maison de jeux. Proche de deux parlementaires, il serait le «Big Boss» impliqué dans l’affaire Hurreechurn.

Difficile de passer à côté de l’imposante Jaguar blanche, garée à l’entrée de cette maison à deux étages, sise à Rivière-du-Rempart. C’est là qu’habite celui qui a été incriminé par Paul Bérenger devant la commission d’enquête sur la drogue hier. Selon le leader de l’opposition, c’est lui le Big Boss impliqué dans l’affaire Hurreechurn.

Marié et père de deux enfants âgés de 9 et 11 ans, ce Big Boss est le frère d’une personnalité politique siégeant au Parlement et proche d’un ministre. Il est absent car il assiste à un mariage, font savoir deux de ses employés sur place. Ces derniers nous invitent quand même dans le bureau annexé à la maison. Dans cette salle presque vide, nous remarquons plusieurs écrans.

Le propriétaire des lieux est-il le Big Boss que décrit le leader de l’opposition ? L’un des employés toutefois défend son patron. «Dépi bokou lané mo travay avek li, li enn bon dimounn bien zanti. Mo pa krwar séki Bérenger pé dir.»

Les voisins que nous rencontrons hésitent à parler. Sous le couvert de l’anonymat, ils nous dessinent le portrait d’un homme très discret. «Beaucoup ici ne le connaissent même pas. Nous ne le voyons que lorsqu’il entre ou sort de sa Jaguar», s’empresse de dire l’un d’eux.

«Nous savons que la police l’a déjà arrêté pour possession de gandia», révèle un autre. Nous demandons alors s’il est possible de rencontrer la personne concernée mais un autre voisin nous affirme qu’il n’est pas là. «Fek-la bann dimounn inn desann ek li. Mo krwar gard sa. Ils n’ont pas apprécié qu’il ait parlé à la radio», explique l’interlocuteur. En effet, l’habitant de Rivière-du-Rempart aurait clamé son innocence sur les ondes quelques heures après avoir été accusé par Paul Bérenger d’être le Big Boss.

Nous avons tenté de contacter la personnalité politique avec qui le Big Boss aurait un lien de parenté. Mais en vain. Elle est restée injoignable sur son téléphone portable. Pas plus de succès à son domicile où on nous a fait comprendre qu’elle assistait, elle aussi, à un mariage.

Bérenger : «que fait la police ?»

<p>Il persiste et signe. Paul Bérenger souhaite que la lumière soit faite sur les circonstances entourant la <a href="http://www.lexpress.mu/article/292647/arrete-pour-possession-dheroine-policier-hurreechurn-retrouve-mort-dans-sa-cellule" target="_blank">mort du constable Arvind Hurreechurn</a>. Il a déposé devant la Commission d&rsquo;enquête sur la drogue hier. Le constable, un habitant de Rivière-du-Rempart, a été retrouvé mort dans sa cellule le 29 octobre. Soit quatre jours après avoir été arrêté en possession de deux kilos d&rsquo;héroïne d&rsquo;une valeur marchande de Rs 30 millions. Le leader des Mauves estime qu&rsquo;il y a &laquo;<em>cover-up&raquo; </em>dans cette affaire.</p>

<p>Le décès de ce policier l&rsquo;a poussé à mener sa propre enquête, dit-il, vu qu&rsquo;il ne fait plus confiance à la police et à&nbsp;<em>l&rsquo;Anti-Drug and Smuggling Unit</em> (ADSU). Ainsi, le leader du MMM&nbsp;croit savoir que le Big Boss est mêlé à cette affaire. <em>&laquo;Comment expliquez-vous qu&rsquo;une personne relâchée sous caution pour des délits de drogue, puisse faire des va-et-vient à Madagascar aussi facilement? &raquo; </em>s&rsquo;insurge-t-il. <em>&laquo;Que fait l&rsquo;ADSU et la police ? &raquo;</em></p>

 

Arrêté pour trafic de drogue

<p>Ce proche de deux parlementaires de la majorité est bien connu des services de police. Il avait été détenu une première fois en 2007 pour trafic de drogue (culture de cannabis). Il avait écopé d&rsquo;une amende qui a été payée par sa soeur, alors membre du Parti travailliste. Il a été arrêté une seconde fois en 2011, par l&rsquo;ADSU de Flacq pour consommation et trafic de drogue. Dix grammes de cannabis avaient été retrouvés dans sa voiture. Les cautions payées par sa soeur lui ont permis de bénéficier de la&nbsp;liberté conditionnelle. Le procès attend&nbsp;toujours d&#39;être appelé &nbsp;en cour intermédiaire.</p>

<p>Outre le fait d&rsquo;être le gérant d&rsquo;une maison de jeux à Maurice depuis près de 20 ans, l&rsquo;habitant de Rivière-du-Rempart a fait plusieurs voyages vers des pays d&rsquo;Afrique, Dubaï, la Chine et Madagascar pour son business, dont les actionnaires sont tous des proches. Étant interdit de quitter le pays, il demande une <em>&laquo;variation order&raquo; </em>devant la Cour suprême à chaque fois qu&rsquo;il doit se déplacer à l&rsquo;étranger. L&rsquo;ADSU de Grand-Baie s&rsquo;intéresse à cette affaire à la suite des révélations du leader&nbsp;de l&rsquo;opposition.&nbsp;</p>

 

 

Les députés épinglés par la commission Rault

Il y a un lien entre des trafiquants de drogue et des politiciens. C’est ce qu’a affirmé le leader de l’opposition Paul Bérenger devant la commission d’enquête sur la drogue hier. On se souvient d’ailleurs que dans son rapport, la première commission d’enquête sur la drogue, qui avait été présidée par sir Maurice Rault en 1986, a rappelé le rôle joué par des élus dans le trafic de drogue.

Ce rapport fait état de l’arrestation de Satyanund Pelladoah, à Amsterdam, en 1985, avec 20 kg de drogue dans sa valise en provenance de l’Inde. Il était accompagné de Serge Thomas, Ismaël Nawoor et Dev Kimcurrun, tous des députés connus comme les Amsterdam Boys.

Satyanund Pelladoah avait été condamné à six mois de prison alors que les autres avaient été libérés. La commission Rault avait, elle, découvert que le premier transportait de la drogue pour de gros bonnets dont Satar Bacsoo, Maël Bacsoo et Cader Gaffoor.

La commission devait aussi rappeler que Serge Thomas et Ismaël Nawoor allaient régulièrement en Inde. Et de souligner qu’après un de ces voyages, les valises de ces derniers pesaient 200 kg.

La commission Rault avait aussi enquêté sur quatre autres députés qui effectuaient de nombreux voyages vers la Grande péninsule. Deux d’entre eux conversaient souvent avec un trafiquant indien, Miranda. Ces députés étaient connus comme les Pèlerins de Bombay.