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Rafick Peerbocus: «Dans un faubourg de la capitale, une femme contrôle un gros réseau de drogue»

12 novembre 2016, 12:07

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Rafick Peerbocus: «Dans un faubourg de la capitale, une femme contrôle un gros réseau de drogue»

Pourquoi êtes-vous à Maurice ?

Je veux aider le pays dans le combat contre la drogue. C’est un problème national. J’ai rencontré des leaders des partis politiques, des chefs religieux, des membres de la presse et du public.

Pourriez-vous dire quels sont les endroits où la drogue est disponible ?

À Goodlands, résidence Kennedy (Quatre-Bornes), Riche-Terre, Bois- Pignolet (Terre-Rouge), Karo Kaliptis (Roche-Bois) et la cité Bois-Marchand (Terre-Rouge). Dans un des faubourgs de la capitale, c’est une femme qui contrôle un gros réseau de drogue. Mais ce sont des zoké (vendeurs) qui s’occupent de la vente dans ces quartiers pour des intermédiaires du boss.

Ces zoké, qui ne connaissent pas l’identité du boss, sont bien rémunérés : Rs 3 000 pour la vente de la drogue en une journée. Ils ont aussi un téléphone cellulaire avec des cartes prépayées. Certains zoké obtiennent même une motocyclette pour leur déplacement. Il est quasiment impensable qu’un zoké fasse une allégation pour dénoncer la provenance de la drogue saisie, si jamais il est pris dans les filets de la police.

Pourquoi une telle recrudescence de la drogue ?

Cette situation, selon moi, est due à un relâchement de la part des policiers engagés dans la lutte anti-drogue. Premièrement, désormais, il n’existe plus ce système de reward pour ces éléments qui réalisent un beau coup de filet ou encore l’extra duty. Plus important encore, le paiement aux informateurs a été aboli. Il est inimaginable qu’un zoké dénonce le petit dealer qui pourrait aider à remonter jusqu’au boss pour rien. Alors qu’il est grassement payé quotidiennement. S’il est écroué, il est sûr que les services d’un avocat lui seront fournis.

D’où provient cette drogue, l’héroïne principalement ?

Depuis quelque temps, c’est à partir des pays d’Europe que la drogue est acheminée vers Maurice. Dans les pays tels que l’Inde, le Pakistan, l’Afghanistan, les bagages sont soumis à des fouilles plus minutieuses. Et, avec 100 ou 200 grammes d’héroïne, l’importateur va réaliser une grosse recette. Les passagers en provenance des pays d’Europe traversent plus facilement le contrôle que s’ils venaient d’une autre destination. Cette situation, j’en ai été témoin personnellement.

Croyez-vous que des politiciens soient mêlés à ce business ?

Certains politiciens sont au courant que leurs activistes sont impliqués dans ce trafic. Dans un faubourg nord de la capitale, il y a une famille très connue qui est engagée dans ce commerce de la mort. Mais sa proximité avec un parti politique fait que, très souvent, elle n’est pas inquiétée...

Est-ce que vous reviendrez à Maurice ?

Bien sûr, pour continuer ce combat. C’est un problème national, qu’il ne faut pas mêler à la religion ou à une communauté. J’ai vécu dans cet enfer et je ne souhaite pas que d’autres fassent l’expérience de cette misère noire. J’ai un petit-enfant et des neveux ; je souhaite qu’ils connaissent une société plus saine.

 

Interview réalisée lors du séjour de Rafick Peerbocus à Maurice. Il a confié que c’est en vain qu’il a tenté de rencontrer de hauts gradés de la police et de déposer devant la commission d’enquête sur la drogue. Il est déjà retourné en Angleterre, où il a trouvé asile.