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Saisie de drogue à La Réunion : le trafic raconté par un skipper
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Saisie de drogue à La Réunion : le trafic raconté par un skipper
Ce n’est pas la première fois qu’il récupère de la drogue en haute mer. C’est du moins ce qu’aurait affirmé le skipper Mike Brasse, appréhendé alors qu’il s’apprêtait à embarquer de la drogue à bord d’un hors-bord mauricien, le Sweet Love Mama, à Ste-Rose, La Réunion, dans la nuit de jeudi à vendredi dernier. À ses côtés, deux autres Mauriciens ainsi qu’une famille réunionnaise. Montant de la drogue saisie : plus de 42 kg kilos d’héroïne d’une valeur de Rs 639 millions.
Mike Brasse a eu sa première séance d’interrogatoire avec les limiers réunionnais hier, lundi 14 novembre. Retour sur le fil des événements, à la lumière de nos recoupements d’information.
Enter le hors-bord «Ilôt Gabriel»
Ce bateau a été saisi par les gendarmes réunionnais à l’éclatement de l’affaire Sweet Love Mama. Comment ce speed boat est-il lié à cette saisie de drogue ? Il s’avère que c’est Mike Brasse qui en est le propriétaire. Et c’est à bord de cette embarcation mesurant 11 mètres de long que cet habitant de La Gaulette dit avoir effectué une «livraison» en mars. Il a, soutient-il, récupéré un colis jeté en mer par un bateau en provenance de Madagascar. Colis qu’il a ramené sur le sol mauricien.
Il y a un mois
Nous sommes en octobre de cette année. Mike Brasse remet ça. Il effectue un deuxième voyage à bord de l’Ilôt Gabriel et récupère son colis en mer. Sauf que, à la suite d’une avarie, il ne peut arriver à destination. Le bateau dérive. Ce qui l’oblige à contacter CROSS Réunion, soit le centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage. Son bateau est remorqué à l’île de La Réunion.
Dès lors, des questions fusent : le bateau est-il contrôlé ? Comment a-t-il fait pour placer tous ces colis en lieu sûr ? Quoiqu’il en soit, cette drogue, il la confie à une famille réunionnaise de l’Étang-Salé. Les pièces du puzzle commencent à se mettre en place. Cette famille, c’est la Réunionnaise de 43 ans qui serait la concubine de Mike Brasse, et ses deux fils, âgés de 25 et 19 ans, écroués dans le cadre de la saisie de drogue à Ste Rose. Le Mauricien lui, rentre au pays par avion.
Et démarre l’affaire «Sweet love mama»…
À Maurice, Mike Brasse contacte le skipper Armonzo Captor, 26 ans. Il lui aurait dit : «Allons faire une promenade en mer.» Et une fois en haute mer, il l’aurait en fait convaincu de se diriger vers l’île de La Réunion pour récupérer un colis.
Selon les sites d’information réunionnais, la famille réunionnaise aurait transporté cette drogue dans le coffre de sa voiture pour l’emmener à Sainte-Rose ; pour l’embarquement vers Maurice. Sauf qu’ils ont été épinglés avant de pouvoir réaliser leur forfait.
Les zones d’ombre
À quel moment intervient un troisième Mauricien écroué dans le cadre de cette affaire ? Tout ce que l’express a pu glaner pour l’heure, c’est qu’il se prénomme Lamarque et qu’il serait un mécanicien. Il a été arrêté en même temps que les Réunionnais et les deux autres Mauriciens.
Pendant ce temps, à l’île Maurice
À Maurice, les noms de deux Big Boss exerçant dans le milieu de la drogue dans une partie de la capitale sont cités comme ceux qui pourraient être impliqués dans ce réseau. Et, hier, le bureau du Premier ministre a donné son accord au commissaire de police, Mario Nobin, pour qu’une équipe d’enquêteurs, dirigée par le patron de l’Anti Drug & Smuggling Unit (ADSU) et l’adjoint au commissaire de police Choolun Bhojoo, soit dépêchée à Sainte-Rose, dans la région est de La Réunion pour épauler des douaniers et la gendarmerie de la section des recherches.
L’équipe d’Intelligence de l’ADSU s’active de son côté sur le terrain pour recueillir le maximum d’informations sur les présumés dealers arrêtés à La Réunion, ainsi que leurs fréquentations. Hier, les limiers se sont d’ailleurs rendus à La Gaulette pour approcher les proches des suspects. Mais, jusqu’ici, indique une source au quartier général de l’ADSU aux Casernes centrales, aucune communication officielle n’a été obtenue des autorités policières réunionnaises sur l’identité des Mauriciens qui ont été arrêtés.
Trois bateaux dans le viseur de l’ICAC
L’on ne sait pour l’heure si ces trois bateaux sont liés à cette affaire. Mais l’ICAC a obtenu un Attachment Order sur deux bateaux, l’un à La Gaulette et un autre dans la marina du Caudan. Selon des recoupements, ces bateaux seraient engagés dans le trafic de drogue et de blanchiment d’argent. Les limiers ont tenté de retracer les propriétaires, en vain.
Hier, l’ICAC a perquisitionné le domicile d’un homme de 52 ans à Albion dans le sillage de cette affaire. Aucun élément compromettant n’a été trouvé. À la marina, le bateau a également été fouillé. Une dame a été interpellée et une certaine quantité de devises étrangères trouvée sur sa personne. Il est désormais question de retracer ses biens.
Un autre bateau a, lui, tout bonnement disparu. Son propriétaire et le vendeur de cette embarcation sont également introuvables. S’agit-il de l’Ilôt Gabriel ? C’est ce que devront déterminer les autorités.
Sainte Rose, port de transit de Christophe Caterino en 2009
C’est au même port de Sainte Rose que l’embarcation qu’avait utilisée Christophe Caterino pour fuir Maurice avait été retrouvée en juin 2009. Le chef de cabine d’Air France avait été condamné à quatre ans et demi de prison par la justice mauricienne pour importation de Subutex. Il était en liberté conditionnelle en attendant la décision concernant l’appel qu’il avait logé contre cette condamnation pour importation de 50 000 cachets de cette drogue quand il avait délaissé sa prison dorée de l’hôtel Movenpick de Bel-Ombre pour rallier la France en passant par La Réunion.
Six suspects devant le tribunal de Saint-Denis
Visages dissimulés sous leurs tee-shirts. Dans le journal télévisé d’Antenne Réunion, hier, l’on découvre des images inédites des suspects écroués dans le sillage de cette saisie «record» de drogue à La Réunion. La vidéo montre également des images inédites de la drogue saisie. Des quatre Réunionnais arrêtés, dont une femme de 43 ans et ses deux fils de 19 et 25 ans, une fille de 16 ans a été remise en liberté. Cette dernière serait la copine d’un des Réunionnais en détention. Leur présence devant la justice signifie l’ouverture d’une information judiciaire pour trafic de stupéfiants en bande organisée. L’enquête sera bien conduite à La Réunion, avec la collaboration des autorités malgaches et mauriciennes. Les autorités de l’île sœur orientent maintenant leur enquête en vue de remonter la piste malgache, pays d’origine présumé de la drogue saisie dans le port de Sainte-Rose.
Qui est Lamarque ?
Son nom a surgi dans l’affaire «Sweet Love Mama». Il serait le troisième Mauricien arrêté à La Réunion. Selon les renseignements, il est le cousin du skipper Armonzo Capdor. La mère du skipper étant une demoiselle Lamarque. C’est elle qui a offert le bateau à son fils. Elle était «beach hawker», job que faisait son fils avant de recevoir ce cadeau flottant.
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