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[Document] Mort d'Arvind Hurreechurn: des pressions sur un membre de la Commission des droits de l’homme ?

16 novembre 2016, 08:00

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[Document] Mort d'Arvind Hurreechurn: des pressions sur un membre de la Commission des droits de l’homme ?

Le point de départ est un document déposé par Paul Bérenger à l’Assemblée nationale mardi 15 novembre. Lors de la Prime Minister’s Question Time, adressée à Xavier-Luc Duval, Premier ministre par intérim, le leader de l’opposition a cité un compte rendu fait par Me Hervé Lassemillante, Deputy Chairperson de la National Preventive Mechanism Division (NPMD), une des composantes de la Commission des droits de l’homme. Et ce, dans le cadre de la mort en détention du policier Arvind Hurreechurn le 29 octobre.

Intervenant à son tour, Shakeel Mohammed, député travailliste, a laissé entendre qu’un des membres de la commission a été sommé de donner des explications pour avoir parlé à la presse. Après vérifications, il s’avère qu’il s’agit d’Anishta Babooram-Seeruttun et que des pressions auraient été exercées pour qu’elle donne des explications en écrit…

Me Hervé Lassemillante a effectué une visite au centre de détention de Moka le  31 octobre. «La mort est suspecte. Il est difficile pour un homme de taille moyenne de se pendre avec un objet qui se situe à seulement trois pieds du sol», peut-on lire dans son compte rendu. Il explique que si certaines cellules sont dotées d’un système de surveillance qui marche, ce n’était pas le cas de la pièce où était Arvind Hurreechurn. «This decision seems close to a blunder according to my opinion», écrit l’homme de loi. D’ajouter que dès avril 2016, la NPMD a attiré l’attention des autorités sur plusieurs caméras de surveillance défectueuses.

Le 1er novembre, Anishta Babooram-Seeruttun, légiste et membre de la NPMD depuis deux ans, est sollicitée pour intervenir sur une radio privée. Comme le président de la commission est absent du pays, elle se tourne vers Me Hervé Lassemillante pour obtenir l’autorisation de le faire. Permission accordée. Elle citera le rapport de Me Hervé Lassemillante, parlera de «la mort suspecte» et dira que le manque de système de surveillance dans la cellule «soulève des interrogations».

Le 3 novembre, elle est conviée à une réunion présidée par Marie Louise Lee Yin Lam Hung, Deputy Chairperson de la Police Complaints Division, une autre composante de la Commission des droits de l’homme, où elle est sommée de s’expliquer. Selon nos informations, elle a dû s’expliquer sur cinq points. Parmi eux, le fait qu’elle n’ait pas eu l’autorisation de l’Acting Chairperson, en la personne de Marie Louise Lee Yin Lam Hung. Un autre point concerne ce sur quoi elle s’est basée pour dire que la mort était «suspecte». Troisième élément, si l’authenticité de l’information a été validée par une visite au centre de détention.

Des pressions exercées

À l’Assemblée nationale, Shakeel Mohammed a demandé à Xavier-Luc Duval s’il était au courant de pressions derrière cette lettre. Le Premier ministre par intérim a répondu qu’il ne serait pas judicieux de faire des commentaires alors que l’enquête de la Major Crime Investigation Team est en cours. Mais nos recoupements indiquent que des pressions auraient été exercées, en particulier de la force policière, afin de demander des comptes à Anishta Babooram-Seeruttun.

Interrogée sur ces pressions, Marie Louise Lee Yin Lam Hung déclare : «Je ne veux pas me prononcer dessus.» Elle précise toutefois que la mort du détenu concerne la Police Complaints Division. «Nous sommes allés visiter et attendons les dépositions et les analyses toxico-légales», dit-elle. Selon elle, la Police Complaints Division fait actuellement une enquête approfondie. «Le membre concerné n’est jamais allé sur les lieux. On ne peut pas dire qu’il s’agit de rapport, c’est un constat de visu. Sur quelle base peut-elle dire qu’il s’agit de mort suspecte ? Ce n’est que maintenant que nous faisons une enquête approfondie. Nous convoquerons bientôt les gardiens du centre de détention», fait-elle valoir.

L’express a tenté de joindre le commissaire de police Mario Nobin et Anishta Babooram Seeruttun, en vain.

Xavier-Luc Duval : «Le système de surveillance défectueux»

<p>Le député mauve Veda Baloomoody a voulu savoir qui enquête sur la mort d&rsquo;Hurreechurn et si une vidéo de ce qui s&rsquo;est passé dans sa cellule était disponible. Xavier-Luc Duval a répondu que c&rsquo;est le <em>Major Crime Investigation Team</em> et a indiqué que c&rsquo;est tout le système de surveillance au centre de détention de Moka qui est défectueux. Il a ajouté que deux appels d&rsquo;offres ont été lancés depuis 2014 pour le remplacement de ce système mais qu&rsquo;aucun n&rsquo;a été concluant. Un nouvel exercice devrait être lancé bientôt. C&rsquo;est là que Paul Bérenger a cité le rapport de Me Lassemillante, accentuant la partie qui parle des caméras.</p>

Voici le compte-rendu de Me Hervé Lassémillante by L'express Maurice on Scribd