L’avocat réunionnais de Mohammad Kamir Osman nous parle de son client, «un peu perdu».

Quand avez-vous vu votre client pour la dernière fois ?
Je l’ai vu devant le juge qui l’a placé en détention provisoire. Il était très fatigué et déboussolé. Il est un peu perdu aujourd’hui. C’est une histoire qui le dépasse totalement. Il me raconte que c’est son premier voyage, qu’il n’avait jamais dû faire ça et qu’aujourd’hui il le regrette.

Savait-il ce qu’il venait faire à La Réunion ?
Oui. Mais il ne savait pas trop ce que c’était. Il pensait que c’était du zamal (NdlR, nom donné à La Réunion au cannabis ou gandia). Quand on lui a proposé le coup, il a longtemps hésité parce qu’il ne voulait pas le faire. Je pense que des gens ont profité de sa détresse financière pour l’inciter à faire ce voyage, puisqu’ils lui ont promis un peu d’argent. Donc, il s’est finalement laissé tenter.

Combien lui a-t-on promis ?
Rs 2 millions à peu près. C’est la tentation qui l’a poussé. On lui a expliqué qu’il pourra améliorer sa condition de vie.

Connaissait-il les autres Mauriciens ?
Mike Brasse, il le connaît depuis un an et demi/deux ans. C’était quelqu’un qu’il ne fréquentait pas forcément beaucoup. L’autre, on le lui a présenté deux jours avant le voyage.

Que risque-t-il comme peine ?
Pour l’instant, les autorités ont retenu un cas de trafic de stupéfiants à l’international, en bande organisée, contre lui. L’affaire est ouverte au criminel. Il risque un maximum de 30 ans de prison. On verra ce que donne l’enquête. Peut-être que cela ira devant le tribunal correctionnel. Et là, il risque dix ans.

Y a-t-il une possibilité que votre client purge sa peine à Maurice ?
Je pense qu’il y a de forte chance qu’il soit jugé ici (NdlR, à La Réunion). L’infraction ayant été commise dans les eaux territoriales françaises, ce serait étonnant qu’il soit extradé. La France va vouloir garder les prévenus pour qu’ils soient jugés ici.

Et la suite ?
Pour l’instant, il est en détention provisoire. Peut-être qu’il va être auditionné à nouveau d’ici trois à quatre mois. Ça va prendre beaucoup de temps. Pour une remise en liberté, il va falloir attendre. De toute façon, la remise en liberté va être compliquée. Car ce n’est que le début de l’enquête. 

Propos recueillis par Ruth RAJAYSUR de La Réunion