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Conditions de détention: les plaintes des prisonniers en hausse

19 novembre 2016, 20:48

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Conditions de détention: les plaintes des prisonniers en hausse

Me Hervé Lassemillante a qualifié la mort du constable Arvind Hureechurn au centre de détention de Moka de «suspecte». La conclusion du Deputy Chairperson de la National Preventive Mechanism Division, une des composantes de la Commission des droits de l’homme (HRC), remet en cause les conditions de détention des personnes en cellule policière ou en prison. Dans les milieux proches de la HRC, l’on affirme que les plaintes liées aux conditions de détention des prisonniers sont en hausse. Ce que nous confirme Me Hervé Lassemillante, contacté à ce propos.

L’on avance que les plaintes des prisonniers seraient surtout liées à la violence physique et morale. Dans quelques cas, des gardiens profiteraient des caméras défectueuses pour brutaliser des détenus, en les tabassant ou les injuriant. Par ailleurs, au centre de détention de Moka, tout le système de surveillance est en panne, a affirmé le Premier ministre par intérim, Xavier-Luc Duval au Parlement mardi.

Justement, la brutalité est-elle un moyen privilégié par les gardiens de prison ? Selon l’un d’eux, qui travaille à la prison de Melrose, ce n’est pas de la brutalité mais plutôt l’usage de force qui serait nécessaire. «Quelquefois, il nous faut maîtriser des prisonniers récalcitrants. On est bien obligé. Ce n’est pas la même chose qu’être violent», se défend-il.

Il fait ressortir qu’il existe des cellules «punitives» dans les prisons. Il s’agit de pièces où les détenus sont gardés en isolement après avoir été trouvés coupables de mauvais comportements. Ils ne voient la lumière du jour que pendant une heure. Ils sont également victimes d’insultes et d’autres types de harcèlement moral.

Cependant, d’autres gardiens interrogés avancent que même faire usage de force n’est pas possible à présent. «Avec la HRC qui veille au grain, nos moindres gestes sont mal interprétés. Il devient alors difficile de faire régner la discipline», souligne-t-il.

«Brebis galeuses»

Interrogé, le président de la Prison Officers Association, Michel Buckland déclare être au courant de certaines «brebis galeuses» au sein de la profession. «Des collègues ont eu des démêlés avec la justice mais la majorité des gardiens de prison font leur travail correctement», soutient-il.

Qu’en est-il de l’utilisation de la force ? Michel Buckland reconnaît que c’est souvent un besoin. «Si dans un dortoir il y a une bagarre entre détenus, nous sommes bien obligés d’intervenir. Nou expoz nou lavi», dit-il. S’agissant de cette «poignée de gardiens de prison» qui utiliseraient des méthodes inappropriées, il rappelle que la profession est régie par un code d’éthique.

Parallèlement, Me Hervé Lassemillante fait savoir que son équipe visite les prisons sur une base bihebdomadaire. «Notre présence est nécessaire car les droits de l’homme ont une place primordiale dans les conditions de détention», signale-t-il. Même s’il dit que depuis sa création, la National Preventive Mechanism Division n’a jamais subi de pressions de la part des gouvernements successifs, il met en garde tous ceux qui pensent se mettre en travers de son chemin. «Il y en a qui pensent que notre présence est superflue, mais personne n’aura le loisir de se mettre sur notre chemin», insiste le responsable.

Enquête sur une bagarre entre gardiens

<p>Lundi, la situation a failli dégénérer entre des gardiens de prison. Cela s&rsquo;est passé sur le terrain de football de la prison de Beau-Bassin. Selon nos informations, deux équipes composées de gardiens de prison s&rsquo;affrontaient en demi-finale. Cependant, un membre aurait fait une mauvaise manœuvre et aurait blessé un collègue de l&rsquo;équipe adverse. Les esprits se seraient échauffés, devant une assistance de 100 personnes. Les gardiens en seraient presque venus aux mains. Le blessé est, lui, allé au poste de police de Barkly. Interrogé, Vinod Appadoo estime que l&rsquo;affaire a pris des proportions démesurées et qu&rsquo;il n&rsquo;y a pas eu de blessé. Il indique quand même qu&rsquo;une enquête a été initiée. Michel Buckland n&rsquo;a, lui, pas voulu faire de commentaire vu qu&rsquo;une enquête policière est en cours.</p>

Vinod appadoo: «Je ne tolérerai aucun cas de brutalité»

<p>À <em>&laquo;l&rsquo;express&raquo;</em>, le commissaire des prisons Vinod Appadoo soutient que les cas de brutalité en prison ne sont pas tolérés. <em>&laquo;Je m&rsquo;engage à ouvrir une enquête pour tous les cas de brutalité. Seki bizin payé pou payé !&raquo;</em> indique-t-il. Le manque de caméras de surveillance n&rsquo;inciterait-il pas certains gardiens à abuser de leur pouvoir ? <em>&laquo;Non. C&rsquo;est complètement faux. Il y a, en effet, des caméras défectueuses et nous y remédions, mais dire que les gardiens en profitent pour brutaliser les détenus ce ne sont que des allégations&raquo;</em>, lance-t-il.</p>

<p>Vinod Appadoo explique par la même occasion que toutes les dispositions sont prises dans les prisons pour éviter que les prisonniers ne se fassent du mal. Et pourquoi les services de prison sont-ils en train d&rsquo;enlever les <em>&laquo;polycarbonate sheets&raquo;, </em>ces feuilles de papier placées sur les fenêtres pour empêcher que les détenus ne se pendent aux barreaux ? <em>&laquo;C&rsquo;est la Commission des droits de l&rsquo;homme elle-même qui a fait remarquer que ces &lsquo;sheets&rsquo; empêchaient l&rsquo;air d&rsquo;entrer et de sortir.&raquo;</em></p>