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Handicapé, sauvagement agressé puis amputé: il n’obtiendra pas justice…

19 novembre 2016, 22:25

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Handicapé, sauvagement agressé puis amputé: il n’obtiendra pas justice…

Il avait été attaché nu à un pylône électrique et battu. On avait  aussi tenté de l'électrocuter. Jaidutt Ramdhony, 53 ans, avait subséquemment  développé une gangrène et son avant-bras gauche avait dû être amputé. Qui a pu l’agresser aussi sauvagement ? La famille avait pointe un doigt accusateur vers des voisins. Et leur réclamait des dommages de Rs 3 millions. Elle attendait un verdict depuis 18 ans. Vendredi 18 novembre, le couperet est tombé : la juge Rita Teelock a rejeté cette demande de réclamation, estimant que mère et fils n’ont pu prouver leurs allégations.

La famille ne compte pas faire appel du jugement. La mère, Kamlawatee Ramdhony, 73 ans, a dépensé plus de Rs 50 000 en frais et n’a pas les moyens de retourner en cour. «Apré, mo lé fini ar sa. Pa kav fatig latet ar sa ankor.» De plus, entre-temps, elle est tombée malade et a perdu l’usage de ses jambes. «Avan, momem mo ti p alé lakour. Mo rapel mo ti al kit dosié kot DPP tou momem akoz ti pé tro tardé», dit-elle.

À Goodlands, au morcellement Ramphul, nous avons rencontré la famille. Celle-ci n’était pas encore au courant de la décision de la cour. Kamlawatee Ramdhony est atterrée. Elle fond en larmes. Et a du mal à accepter cette nouvelle.

Assise dans son fauteuil roulant, elle essuie ses larmes, avec un pan de son kaftan pâli. «Je me souviens toujours du jour où j’ai vu mon fils suspendu à cette colonne. Je ne comprends pas la décision de la cour», confie-t-elle.

Toute cette affaire remonte à octobre 1998. C’était un dimanche. «Ti éna enn madam ek so dé tifi. Mo garson péna tou so lespri. Li ti al koz ek enn bann tifi-la», se souvient la mère. Jaidutt Ramdhony, aîné d’une fratrie de 10 enfants, a alors 35 ans.

La fille, n’ayant pas apprécié ce geste, a raconté l’histoire à sa mère. Et celle-ci aurait menacé Jaidutt Ramdhony la veille de l’agression.

Puis, le dimanche fatidique. Ils auraient appâté Jaidutt Ramdhony dans un champ avec du lait avant de commencer à le torturer. «Zot inn kraz so lame ar ross. Apré inn vid delo boui lor li», soutient Kamlawatee Ramdhony.

Après tous ces sévices, Jaidutt Ramdhony a été frappé à la tête avec un «rondin». Alors qu’il était inconscient, ses bourreaux l’ont suspendu avec un chemisier à un pylône électrique. Ce sont des gens du village de Morcellement Saint-André qui ont découvert le corps mutilé du trentenaire et ont prévenu la famille.

Sa mère frémit encore lorsqu’elle repense au moment où elle est partie chercher son fils. Elle interrompt son récit quelques instants et se recroqueville sur son fauteuil. «Ti éna disan partou lor so lékor. Il gémissait, il pleurait mais n’était pas conscient.» Elle fond en larmes encore une fois...

Avec l’aide des passants, elle a détaché son fils. «J’avais remis à la police le tissu avec lequel ils avaient attaché mon fils. Mais ce tissu a disparu au cours de l’enquête», avance Kamlawatee Ramdhony.

Au final, Jaidutt Ramdhony a dû être amputé de son bras gauche. Mais son calvaire n’allait pas s’arrêter là. Après six mois passés à l’hôpital, il rentre chez lui et est à nouveau agressé. Par les mêmes personnes, selon sa mère. «Vrémem zot ti anvi touy mo zanfan», réitère la mère, la voix toujours tremblante. Cette fois-ci, ce n’était pas loin de leur maison.

Encore un combat

C’est maintenant un autre combat qui commence pour la famille Ramdhony. Depuis que Jaidutt Ramdhony a été amputé, la famille a fait une demande de pension. Il l’a eue pendant six mois mais celle-ci a été supprimée par la suite. Le «board» médical a conclu qu’il pouvait être autonome. «Mais ils ne comprennent pas qu’il n’a pas toute sa tête. Kan démann li si li kav baigner é manzé tousel, li dir oui», dit sa mère.

Pour elle, son fils devrait au moins avoir droit à une allocation pour un garde-malade. La famille ne compte cependant pas baisser les bras. Dès la semaine prochaine, ils se lanceront dans les démarches en ce sens.