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Rochester Falls: confidences d’un «cascadeur»
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Rochester Falls: confidences d’un «cascadeur»
Le cliché : des touristes mitraillant les chutes d’eau à l’aide de leur appareil photo dernier cri. L’eau, elle, est calme. À la voir ainsi, on ne dirait pas qu’elle a ôté la vie à Yolanda Dig Dig, 14 ans, lundi 14 novembre 2016. Les téméraires semblent avoir retenu la leçon. Pour l’instant du moins. Les cascadeurs en herbe, ceux qui sautaient du haut des chutes d’eau pour faire plaisir aux visiteurs et surtout pour se faire quelques roupies, ne sont pas là.
«Inn arété sa. Lapolis fer fer letour aster, dir banla pa ress la», confie Marcel Renel. Il faut dire que l’homme de 53 ans connaît les lieux comme sa poche, voire mieux. Cela fait 10 ans qu’il y «travaille». Il effectuait, lui aussi, le «grand saut».
La nostalgie prend le dessus. Jadis, l’étendue d’eau était bien plus grande. «Délo ti pé al ziska kot sa pié zanblon la», dit-il en indiquant l’emplacement de l’arbre, au loin. Il se souvient de l’époque où celui-ci venait d’être mis en terre. Si l’on en croit ses dires, l’eau s’est retirée sur plus de deux mètres. «Monn trouv li pé sek tigit tigit. Akoz sa bann zafer polision la sa, éna mwin délo.»
Certes, il y a eu des morts à cet endroit. Trois en dix ans, si l’on se fie à sa mémoire. Ce qu’il en dit : «Bizin pa fer impridans.» Mais ce qui le préoccupe surtout, c’est la disparition graduelle de ce lieu unique.
La balade se poursuit en ce vendredi matin. Le pas de Marcel est assuré. La peur du vide, il ne connaît pas. «Il n’a pas plu, les rochers ne sont pas glissants.»
De toute façon, tout est une question de respect. Il ne faut pas défier la nature, il faut connaître ses limites. «Le bassin, au plus profond, fait trois mètres. Il ne faut pas s’y aventurer, surtout lorsqu’il n’a pas eu de pluie car l’eau est boueuse.» Pour «sauter», il faut se placer à un endroit spécifique, pas au milieu de la cascade.
Marcel se souvient de l’époque où ses amis et lui effectuaient le grand plongeon. Ils atterrissaient alors au milieu du bassin, où l’eau faisait deux mètres de profondeur. Puis, au fil des années, avec les cyclones et les crues, une partie de la roche s’est détachée. Ce qui fait que les plongeurs tombent là où l’eau est non seulement profonde mais aussi boueuse. Est-ce dangereux ? Il refuse de se mouiller. «Li pa danzéré si ou konn landrwa-la bien.»
Retour dans le passé. Autrefois, Rochester Falls était un endroit qui grouillait de vie, où les habitants du Sud se rencontraient. Même en jour de semaine. Marcel se souvient, aujourd’hui encore, des pique-niques au bord de la cascade. C’est ainsi qu’il a appris à nager et «fair bann koustik».
Retour brutal au présent. «Bann zenn zordi-la pann aprann, zot nek zété, zot krwar fasil. Bizin koné ki pé fer», affirme le quinquagénaire. Les nageurs aussi doivent savoir où ils mettent les pieds. «Ena plass fonder sanz brit, pass dé enn met à dé met enn sel kout. Lontan, kaskad la oussi ti pli for. Mé li ti pé tom kot delo pas fon.»
Autant de conseils qu’il souhaiterait désormais prodiguer à ceux qui auraient l’idée de défier le torrent. Car cela fait plusieurs années déjà que Marcel ne fait plus le saut de l’ange. Mais pas question d’abandonner son «coin». Où il chasse le tang.
Cependant, il n’y vient plus aussi souvent qu’il le voudrait. Depuis qu’il a déménagé à Riambel. Même le chemin pour arriver jusqu’à la cascade a changé. À la place des champs de pommes de terre, il y avait des forêts à n’en plus finir. «Kapav akoz inn tir pyé oussi ki népli éna délo koumma avan…»
Nand acquiesce. Cela fait plus de 20 ans qu’il vient vendre ses ananas et ses noix de coco à ceux qui visitent cet endroit, qu’il décrit comme son «déziem lakaz». Et pour lui, la cascade n’est pas dangereuse. Il suffit juste de ne pas «al kot delo-la nwar». Et de conclure : «À chaque fois qu’il y a un drame, les gens hésitent à venir. Mais après, ils reviennent toujours…»
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