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Coupures d’eau: tsunami de critiques
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Coupures d’eau: tsunami de critiques
Ils ont les yeux injectés de sang. Ils s’arrachent les cheveux, ceux des voisins. Ils en bavent. Ils s’aspergent de parfum faute de pouvoir prendre une douche froide. Des abonnés de la Central Water Authority (CWA) ont du mal à noyer leur colère depuis quelques jours. Depuis le retour du régime drastique des coupures d’eau. Les critiques pleuvent aux quatre coins du pays.
À Rose-Hill, notamment. «Cela fait deux jours que je n’arrive plus à tirer la chasse d’eau», lâche Anisha, une habitante de Plaisance. Ses toilettes sont hantées par les mauvaises odeurs. Le canard des WC n’a pas supporté, il a rendu l’âme. Une nouvelle race de bestioles pousse dans son évier. Dans son bloc d’appartements, les voisins ont commencé à se battre, l’atmosphère est glaciale. «Quand ceux qui travaillent rentrent chez eux le soir, ils n’ont plus d’eau. Les autres ont vidé le réservoir. Et à cause des coupures, il ne se remplit plus comme il se doit.»
À Beau-Bassin, Axel, lui, se retrouve tous les jours dans de beaux draps. «L’eau coule entre 5 heures et 7 h 30 du matin.» Juste le temps de faire sa toilette, de mettre la bouilloire en marche et d’aller faire un tour vite fait au petit coin. Puis, de se cramer la peau du dos. «Il n’y a pas assez de pression, le réservoir ne se remplit pas.» Le voilà obligé d’enclencher la pompe à eau pour utiliser la douche à gaz. Il lui est arrivé plusieurs fois de rester dans le bac avec du savon dans les yeux ou ailleurs. «J’utilise l’eau que j’ai stockée dans des fûts pour me rincer…»
Nathalie fait également partie de ceux qui bouillent de rage. «Je loue une maison à Albion, il n’y a pas de réservoir et c’est la galère.» Chez elle, le robinet est à sec dès 9 h 30. Et quand ce n’est pas le cas, «la pression varie entre zéro et zéro», ironise la jeune femme. Alors, pour les tâches ménagères, surtout le week-end, c’est la course contre la montre. «Pa mem kapav lav linz. Mo gagn laraz», martèle-t-elle. Il n’y a pas que sa santé mentale qui est touchée, il y a l’hygiène corporelle aussi. «Pa mem kapav fer kouma sat ek bagn ar lalang. Lalang sek.»
Stéphanie, elle, a trouvé une autre astuce. «Mo al met trampé dan lamer !» ricane cette habitante de Pereybère. «La semaine dernière, nous avons passé deux jours sans eau. Nous avons dû en acheter au supermarché, ce qui coûte cher !»
Agnès, de Floréal, tient aussi à pousser un coup de gueule : «Ena enn santé ki dir dilo arété 9 er. Isi, arété bien avan. Nou dans sega.» Shalini, de Montagne-Blanche, se demande, elle, si elle ne doit pas aller trouver une source dans la montagne pour s’approvisionner en eau… À Eau-Coulée, aussi, l’eau ne coule pas. «Ni à 6 heures du matin ni à 7 heures du soir», déplore Shivanee. «Je ne comprends pas cette logique, comment voulezvous que les gens qui travaillent s’en sortent ?»
Une question que se pose également Asvin B., de Bel-Air-Rivière-Sèche, région qui devrait être rebaptisée en Bel-Air-Robinet-Sec… «L’eau coule entre 5 heures et 8 heures du mat’
puis entre 3 heures et 8 heures du soir. C’est-à-dire quand je suis au bureau.» Pour lui, l’idéal aurait été de fournir l’eau à intervalles de deux heures, histoire que tout le monde puisse y trouver son compte. Ce qu’il pense des mesures envisagées par les autorités pour remédier à la situation ? La privatisation de la CWA ? Une note plus salée ? Des tuyaux neufs ? «Balivernes. Toulétan mem santé.»
Du côté de la CWA, Mantasha Ghurhoo, directrice de communication, souligne que ces coupures sont nécessaires au vu de la situation, et pour éviter la pénurie. «Des projets à court terme sont également en chantier pour soulager la population.» Lesquels ? «On en dira plus en temps et lieu.»
D’ici là, pour se calmer les nerfs, il faudra se rabattre sur l’eau-de-vie, conseille Anisha (NdlR, l’abus d’alcool est dangereux pour la santé).
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