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La Gaulette: Stephen Auguste, le fringant centenaire

25 novembre 2016, 12:09

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La Gaulette: Stephen Auguste, le fringant centenaire

Il a un esprit vif, est en pleine forme et possède un bon sens de l’humour. Stephen Auguste, un centenaire hors du commun, partage son vécu. Rencontre.

Un centenaire qui ne fait pas son âge. Telle est la première impression que nous avons eue de Stephen Auguste. Car, arrivés sur place, un homme bien calé dans son fauteuil nous demande de prendre place dans le salon. Mais rien ne laisse paraître qu’il est celui que nous sommes venus rencontrer.

Ce n’est que lorsque sa nièce Dominique fait les présentations que nous réalisons que Stephen Auguste, malgré les années passées, ne paraît pas si vieux. Mais chez ce centenaire, pas de fausse modestie : il sait qu’il a l’air plus jeune et ne cache pas que cela lui plaît de voir la surprise des personnes en leur révélant son âge.

«Zot tou dir mwa mo paret pli zenn», précise-t-il. De confier, sourire aux lèvres, que «des fonctionnaires croyaient que c’était une bonne blague et que j’avais triché sur mon âge. Et avant qu’ils n’acceptent mon âge, nous avons dû faire vérifier mes documents au conseil de district»

Ce qui frappe par ailleurs chez Stephen Auguste est sa mémoire d’éléphant. «Je suis né en 1916. J’ai été laboureur avant de devenir pêcheur. Mo papa ti enn gran péser korn. J’ai fait ce métier jusqu’à la mort de mon ami et mon attaque (NdlR : accident vasculaire cérébral)», raconte-til. Il explique avec détails le décès de son ami Raymond Lagesse en 2007, qui l’a complètement bouleversé. «Je n’ai jamais autant pleuré pour personne», dit-il, ressassant ses émotions.

Jours heureux

Revenant sur des jours plus heureux de sa vie, il parle de sa première maison à La Gaulette en 1945, «en bois carré», comme il aime le préciser. «Je vivais à Coteau-Raffin avant de venir ici. À l’époque, il n’y avait que cinq maisons, vous vous en rendez compte ?» lance-t-il.

Stephen Auguste enchaîne ensuite avec des bribes de sa vie. Il fait mention du village de Tamarin – qui n’avait qu’un radier avant que le pont actuel ne soit construit –, de ses parties de pêche hors du lagon et de la vie difficile d’antan.

Bon vivant, Stephen Auguste profite désormais de la vie avec sa nièce et son neveu. Ces derniers sont ceux qui s’occupent du centenaire car s’il a été marié, il n’a jamais eu d’enfant. Ses journées, poursuit Stephen Auguste, sont rythmées par ses repas, ses émissions de radio et ses lectures. Il aime également rester au courant de l’actualité et fait très attention à ce qu’il mange, souligne sa nièce.

«Je ne mange pas de riz. Je ne consomme que des légumes, du poulet et des pâtes quelques fois», ajoute-t-il. Les épices sont également bannies de son régime alimentaire. Seul l’ail, l’oignon et le thym sont permis. Et son péché mignon est le grog qu’il s’offre tous les soirs. «Un peu avant, j’en prenais un au matin, à midi et le soir.

Quand j’étais jeune, j’ai bien bu», avoue-t-il. «Mais je n’ai jamais été de ceux qui fer vilin lor simin. Je ne ressentais pas l’effet de l’alcool, à l’exception d’une transpiration abondante», ajoute-t-il, avec un brin de fierté.

 Ses 100 ans, selon lui, il les doit à ses prières et à sa foi :«Mo légliz avan tou», soutient-il. À la question s’il vivrait encore quelques années de plus, il s’empressera de répondre qu’il ne sait pas. «Mais je ressens un peu plus la fatigue depuis mon anniversaire.»