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Faroock cassam, 59 ANS : un marchand, du fatak, des balais
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Faroock cassam, 59 ANS : un marchand, du fatak, des balais
Jeudi matin au marché de Quatre-Bornes. À l’arrière, tout au fond, un Monsieur fort coquet. Ses cheveux à moitié rouges et aux trois quarts gris ou noirs, Faroock les recoiffe à l’aide d’un petit peigne blanc. «Mo alright la ?» Ça y est, on peut parler de ses balyé fatak.
Ils sont disposés, exposés sur un carton, à même le sol, propre comme un vieux sou presque neuf. «Mwa ek mo madam kontan kan tou an ord.» A côté, Shehnaz esquisse un sourire entendu. Cela fait 35 ans qu’ils sont mariés et leur complicité n’a pas pris de coup de bambou. Ils sont inséparables, un peu comme les tiges de leurs balais. «Séki aranzé ek vacoas-la kout Rs 150, séki ek rafia Rs 100.»
C’est dans les années 70 que Faroock, 59 ans, a pris le relais. Le balai, c’est une affaire de famille. Tout comme la culture de fatak. «Mo éna enn plantasion dan Providence.»
Il faut un an pour que la plante arrive à maturité, pour qu’elle fleurisse, précise Faroock, dans sa chemise à rayures et à carreaux et son pantalon en toile, sans pli. La récolte se fait en août et septembre, mais jamais au clair de lune. «Bizin atann maré nwar sinon pollen fané. Lerla-mem gagn enn ta lapousier.»
Démonstration. Secouage frénétique de balai. Quantité de poussière limitée. «Nou pa kontan kouyonn klian nou.» Raison pour laquelle les ventes se portent bien, précise Faroock. Qui écoule entre 50 et 100 balais par mois. Le porte-monnaie est-il aussi fringuant que son propriétaire pendant la période des fêtes ? «Non, pas vraiment. Nous en vendons davantage avant divali.» Alors, pour que le compte en banque ne sombre pas dans la déprime, le quinquagénaire propose également des baskets, des tapis, des «sapo Lucky-Luke» et autres articles.
Après le détour par le Far West, retour à la fabrication des balais car il ne s’agit pas de perdre le Nord. Une fois coupé, le fatak doit sécher pendant deux semaines, voire un mois, tout dépend de l’ensoleillement. «Lerla nou aranz li kokas.Nou met enn sel long baton, pou ki li pa kas-kasé.» Puis, il faut penser à la prochaine récolte. «Koup fatak o ra, met difé, apré met disel. Kouma kann sa.»
Quand il n’est pas en train de travailler ou de balayer, Faroock passe du temps avec sa petite famille. Ses filles de 27 et 29 ans, mais aussi et surtout le petit dernier, âgé de neuf ans. «Enn kado laniverser ki monn gagné sa, pa ti expect.»
Et puis, quand on est marsan bazar, il faut savoir meubler son temps, en attendant le client. Ce que fait Faroock ? Il parle, il parle, il reparle. À d’autres marchands, à Shehnaz, aux gens. «Mo kontan kominiké, importan sa.»
De quoi discute-t-on au marché ? De tout. Des crimes, de l’actualité, de la politique. Ah? Est-ce qu’il y a quelqu’un à qui il voudrait donner un coup de balai ? Pour la réponse, il faudra se contenter d’un sourire en coin. Pour cette fois, on passera le balai.
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