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Imritt Ramtohul: «L’idée d’un nouveau ministre des Finances ne plaît pas aux investisseurs»
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Imritt Ramtohul: «L’idée d’un nouveau ministre des Finances ne plaît pas aux investisseurs»
Imritt Ramtohul, analyste financier, estime que les taux de rendement du SEMDEX et du DEMEX sont meilleurs que ceux du «MSCI Frontier Market Africa Index». Il ajoute que l’Afrique ne doit pas être vue comme un eldorado.
L’année 2016 tire à sa fin. Comment évaluez-vous la performance de la Bourse de Port-Louis ?
La performance de nos principaux indices boursiers a été neutre durant l’année. À titre indicatif, le SEMDEX et le DEMEX ont enregistré un taux de rendement de -0,37 % et de +0,67 % respectivement entre le 1er janvier et le 28 novembre de cette année. Ces retours sur investissement sont nettement meilleurs que ceux du MSCI Frontier Market Africa Index. Celui-ci a dégagé un rendement de presque -10 % en dollars durant la même période.
Une des raisons justifiant la mauvaise performance des actions à la SEM est la vente massive des titres détenus par des étrangers. Ces derniers sont nombreux à détenir des actions dans des sociétés locales hyperliquides. Quand ils les vendent, cette démarche est susceptible d’exercer de fortes pressions sur le cours des actions, influant négativement sur les indices.
Dans la foulée, il faut rappeler que le rendement de dividende à la Bourse se situe à 3,5 %, légèrement au-dessus des taux d’épargne pratiqués par les banques commerciales.
Existe-t-il d’autres facteurs à prende en compte ?
Oui. Je pense notamment à la croissance économique en berne, à l’impact du Brexit, à toute la problématique liée à la bonne gouvernance des entreprises, comme cela a été le cas avec Air Mauritius, ainsi qu’à l’incertitude liée à la politique économique.
Par ailleurs, il se peut que le pays ait un nouveau ministre des Finances, le quatrième de ce gouvernement en deux ans, suivant les changements qui devraient intervenir à la tête du pays prochainement. Une telle situation pourrait ne pas plaire aux investisseurs qui n’aiment pas se retrouver dans l’incertitude, à tel point qu’ils sont contraints d’adopter une attitude de «wait and see».
Êtes-vous surpris de l’impact positif de l’élection de Donald Trump sur les places boursières ?
Disons que l’élection de Trump a été une surprise en elle-même, tout comme le Brexit. Évidemment, beaucoup de personnes s’attendaient à ce que les prix des actions s’écroulent et que le prix de l’or grimpe substantiellement. Mais c’est le contraire qu’on a vu. Pendant le mois de novembre, soit du 8 au 25, nous avons noté que l’indice S&P 500 a atteint son «all time high» avec une progression de 3,4 % ; que le billet vert a gagné 4 % de sa valeur par rapport à l’euro mais qu’en revanche, le cours de l’or a perdu 7,4 % de sa valeur.
Justement, comment explique-t-on la hausse du billet vert et celle des valeurs listées sur les bourses américaines ?
Il y a d’abord le ton du président Trump qui a changé. Il se montre moins sévère que durant la campagne électorale. Il s’est aussi engagé à booster le secteur manufacturier et à baisser les charges fiscales des entreprises.
Quelle est la justification économique de l’acquisition d’une banque au Kenya par SBM Holdings ?
Le ratio d’adéquation de fonds propres de SBM Holdings à la fin de décembre 2015 s’élevait à 28,26 %, contre une moyenne de 20 % pour d’autres banques. Résultat, le groupe s’est retrouvé avec un surplus de liquidités pour investir et assurer son expansion hors de Maurice. Les opportunités de développement étant relativement limitées à Maurice, le groupe bancaire a privilégié l’Afrique dans sa stratégie de diversification, avec l’acquisition de Fidelity Commercial Bank.
Toutefois, si l’on se fie aux articles de presse, cette banque ne détient qu’une faible part de marché au Kenya, soit près de 0,4 %. Théoriquement, il est possible de faire grossir cette part de marché au vu de l’existence d’une forte population au Kenya – près de 45 mil- lions d’habitants, dont 70 % ont moins de 46 ans.
Investir en Afrique comporte-t-il des risques ?
Évidemment. Ce n’est pas un eldorado comme beaucoup de Mauriciens le pensent. Nous nous souvenons tous de cette banque locale qui a subi de grosses pertes après avoir investi au Zimbabwe.
Cela tient au fait que la culture est différente dans certains pays africains. Même si les perspectives de croissance sont attrayantes, les investisseurs font face à des conditions de marché difficiles dans plusieurs pays subsahariens. Avec la chute de prix des produits de base, la croissance économique a plongé pour se retrouver à 3 % en 2016, contre 5 % ou davantage durant les dix dernières années.
Compte tenu de tous ces facteurs, tout nouveau projet en Afrique peut être développé pour générer des retours attrayants sur les moyen et long termes.
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