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Désiré François: «Les concours de Disque de l’Année n’apportent rien aux artistes»

10 décembre 2016, 15:00

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Désiré François: «Les concours de Disque de l’Année n’apportent rien aux artistes»

«Mélina, get deor kouma lapli pe tonbe… » Un an après le succès de «Dipain griye», Désiré François est de retour avec l’album «Pa badine», qui sera disponible lundi. L’auteur compositeur-interprète se confie sur son nouveau projet et son rapprochement avec le public…

Un an après «Dipain griye» et huit mois après votre concert, le tout couronné de succès, comment s’est déroulé la suite pour vous ?

Après le concert d’avril à Maurice, j’ai enchaîné avec des tournées en Australie, en France, à La Réunion et aux Seychelles aussi.

Quel a été l’accueil du public lors de ces différents déplacements ?

La réaction du public m’a beaucoup surpris. Je ne m’attendais pas à autant de soutien. Mais c’est surtout les concerts aux Seychelles qui m’ont marqué. Le public là-bas a été extraordinaire. Avec les chansons comme Diego, Rev Nu Zanset, Peser, Le Morne, l’émotion était palpable. Dipain griye a ajouté un plus dans tout cela.

À quel moment l’idée d’un nouvel album a-t-elle germé ?

Au départ, je me suis dit que je ne ferai pas d’album cette année. D’autant que j’avais pas mal de dates de concerts de prévues. Mais après mon voyage en Australie, vers le mois d’août, mon idée a radicalement changé. C’était plus fort que moi et j’ai décidé de me lancer dans une nouvelle aventure. J’ai pris ma guitare et les mélodies sont venues instinctivement. Cela a pris moins de deux mois pour tout mettre en place. Au départ, je n’avais qu’une seule chanson, le titre Lokater que j’avais écrit il y a quelques temps. La suite a été automatique : la composition des autres titres, l’arrangement musical etc. La chance était avec moi.

Et «Pa badine» est sorti d’où ?

J’avais accompagné mon ami Nitish Joganah à l’une de ses répétitions pour son premier concert samedi (NdlR : hier au Mahatma Gandhi Institute). Il s’est mis à chanter Pa badine et j’ai pris une ravanne pour l’accompagner. Il m’a demandé si j’aimais la chanson et j’ai tout de suite dit ‘OUI’. Il me l’a donnée.

L’album est composé de combien de titres ?

Il comprend huit morceaux. Sept titres et une reprise, le titre Fam que je chante avec AnneSophie Paul, Estelle Virginie et Jeevashi Pareemanen. Nitish Joganah m’a offert Pa badine, Don Panik signe le titre Leve alors que ma femme Evelyne m’a écrit Nou De.

Que retrouvera le public dans ce nouvel opus ?

Les huit titres de l’album parlent de la vie de tous les jours, d’amour et de la société. Certains morceaux mettront aussi de l’ambiance. Je ne change pas de style et le message est le même que le précédent album. Cette année, j’ai apporté un peu de différence sur le titre Pa bril lizié. L’arrangeur musical, Kong, a inclus le tabla et le reena (NdlR : un genre de tabla) alors que la chanteuse Jeevashi Paremanen porte sa voix carnatique sur la chanson.

Depuis «Dipain griye», vous sentez-vous plus proche du public ?

Je dois avouer que oui. J’ai retrouvé un lien que j’ai connu avec le public avec les chansons Séparation, Diégo, Zoizo à l’époque. Le soutien du public est vraiment spécial.

Que regard jetez-vous sur l’évolution de la musique locale ? Peut-on dire que le sega typique se perd ?

Il y a beaucoup de jeunes artistes qui montent et qui permettent l’évolution de la musique mauricienne. C’est vrai que l’on entend plus vraiment le pur sega typique et oui, on peut dire que cela se perd un peu. Mais je suis sûr que cela reviendra bientôt. Je ressens moi aussi l’envie de ce retour aux sources. Les textes aussi ne sont pas comme les chansons d’antan. Le sega, il est là, il faut juste le reprendre.

En 2015, votre chanson a été sacrée Disque de l’Année sur trois radios. Avez-vous écouté les propositions cette année ?

Je n’ai pas vraiment eu l’occasion d’écouter la radio cette année de par mon agenda rempli. Mais je dois faire ressortir que les concours Disque de l’Année permettent surtout au public de gagner des cadeaux. Les artistes ne gagnent rien avec ces concours-là. J’ai été à maintes reprises plébiscité mais je n’ai absolument rien gagné et les autres aussi. Ce n’est pas normal. Les radios prennent nos chansons sans nous consulter. Les opérateurs et les radios appliquent une taxe de Rs 3 par SMS alors que nous, nous n’avons rien en retour. Nous les artistes ne demandons pas à gagner des millions mais un peu de reconnaissance ne ferait pas de mal. Les gens ne réalisent pas tout le travail qu’il y a derrière l’aboutissement d’un album.

Votre concert en avril a été un succès. À quand le prochain rendez-vous avec le public ?

Le projet est là et j’y travaille encore. Sans donner trop de détails, je peux dire que le prochain rendez-vous devrait être pour le mois de février. En 2017, je fêterai aussi mes 25 ans de carrière. Je prépare une grande tournée. Je dois remercier le public d’avoir toujours été présent pour moi. Je remercie aussi mes collaborateurs, les musiciens que sont Rico Clair à la guitare solo, Bruno Fran- çois à la batterie, Alain Lafleur à la guitare basse, Christian Brasse, qui joue du saxophone et de la flûte, Kersley Joli à l’harmonica et à la trompette, Ras Pillay, qui est aux percussions, mon arrangeur musical Kong et les choristes Anne-Sophie Paul et Estelle Virginie.